(Actualisé avec séparation)

par Steve Gorman

25 décembre (Reuters) - Le télescope spatial James Webb de la Nasa, un instrument révolutionnaire de 9 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros), a décollé samedi à 12h20 GMT (13h30 heure de Paris) du centre spatial de Kourou, en Guyane française, à bord de la fusée européenne Ariane 5 pour rejoindre l'espace et tenter d'observer les premiers signaux lumineux de l'Univers.

Comme prévu, l'instrument de plus de 6 tonnes s'est séparé de la fusée après un voyage de 27 minutes dans l'espace.

Le télescope Webb mettra ensuite 29 jours pour atteindre sa destination finale en orbite solaire (point "Lagrange 2"), à environ 1,5 million de kilomètres de la Terre, soit environ quatre fois la distance de notre planète avec la Lune.

Contrairement à son prédécesseur - le télescope spatial Hubble, âgé de 30 ans - qui tourne autour de la Terre, Web sera placé sur le même orbite que la terre autour du soleil.

Ce télescope, qui porte le nom d'un ancien administrateur de la Nasa, est 100 fois plus puissant qu'Hubble. Il devrait révolutionner la compréhension qu'ont les astronomes de l'univers en observant des parties du cosmos remontant à un million d'années après le "Big Bang".

Webb observera principalement le cosmos dans le spectre infrarouge, ce qui lui permettra de scruter les nuages de gaz et de poussière où naissent les étoiles, alors que Hubble fonctionnait principalement dans les longueurs d'onde optiques et ultraviolettes.

Le miroir principal du nouveau télescope est composé de 18 segments hexagonaux en métal de béryllium recouvert d'or, ce qui lui procure une vaste surface lui permettant de collecter plus de lumière et d'observer des objets plus éloignés, donc plus anciens qu'Hubble ou tout autre télescope.

LEÇON D'HISTOIRE COSMOLOGIQUE

Selon les astronomes, il permettra d'accéder à des informations sur le cosmos jusqu'à présent impossibles à obtenir, datant d'à peine 100 millions d'années après le Big Bang, l'explosion théorique qui a déclenché l'expansion de l'univers observable il y a environ 13,8 milliards d'années.

Les observations de Hubble remontaient à environ 400 millions d'années après le Big Bang, révélant des objets que Webb sera en mesure de scruter avec une plus grande précision.

En dehors de la formation des premières étoiles de l'univers, il permettra également d'étudier les trous noirs super-massifs qui occuperaient le centre de galaxies lointaines.

Les instruments de Webb permettent également de rechercher des preuves d'atmosphères potentiellement propices à la vie autour de dizaines d'exoplanètes récemment documentées - des corps célestes en orbite autour d'étoiles lointaines - et d'observer des mondes beaucoup plus proches de nous, comme Mars et Titan, la lune glacée de Saturne.

Ce télescope est le fruit d'une collaboration internationale dirigée par la Nasa en partenariat avec les agences spatiales européenne et canadienne. Northrop Grumman Corp en est le principal maître d'oeuvre. Le lancement du télescope par Arianespace entre dans le cadre de la contribution européenne.

L'exploitation astronomique du télescope, qui sera gérée depuis le Space Telescope Science Institute de Baltimore, devrait commencer à l'été 2022, après environ six mois d'alignement et d'étalonnage des miroirs et des instruments du Webb.

C'est à ce moment-là que la Nasa prévoit de diffuser le premier lot d'images capturées par Webb, conçu pour durer jusqu'à 10 ans. (Reportage Steve Gorman à Los Angeles; version française Jean-Michel Bélot)