Pour François Lavier, analyste-gestionnaire, spécialiste des dettes financières chez Lazard Frères Gestion, la dette subordonnée financière demeure une alternative dans un contexte de taux bas car crise du Covid-19 n’a pas remis en cause son attractivité. Il rappelle que cet actif constitue depuis plusieurs années en Europe une petite oasis de rendements dans le désert des taux bas, en contrepartie d’une volatilité un peu plus forte.

L'analyste-gestionnaire explique que le secteur bancaire a traversé cette période avec succès et dispose de perspectives au beau fixe.

Premier constat de François Lavier: malgré la crise, les banques européennes sont parvenues à renforcer leur excédent en capital dur, autrement dit leurs fonds propres. Contre toute attente, les établissements sont donc mieux capitalisés qu'avant-crise. De même, les banques sont entrées depuis ce début d'année 2021 dans un cycle de reprises sur provisions grâce à une dégradation plus faible qu'attendue de la qualité de crédit des clients, ce qui soutient désormais leurs résultats trimestriels et rassure sur la qualité de leurs actifs.

En conséquence, affirme-t-il, les dettes du secteur bancaire continuent de trouver grâce aux yeux des investisseurs.

Sur les dettes financières " Senior ", les primes de risque sont d'ores et déjà revenues à leurs niveaux d'avant-crise. Pour les dettes subordonnées et hybrides (Tier 2 et AT1), qui sont plus volatiles, le retour à la situation d'avant-crise n'a pas encore été atteint au 31 mai 2021. Une marge de compression des spreads existe donc toujours, notamment sur le segment les titres AT1. Cette compression des spreads dans la structure de capital devrait se poursuivre au cours du deuxième semestre 2021, notamment du fait d'un déséquilibre très favorable entre offre et demande.

D'une part, les nouvelles émissions de titres Tier 2 et AT1 devraient se réduire au cours des prochains mois après un début d'année très actif sur le marché primaire. D'autre part, la demande devrait rester soutenue pour ces titres du fait de leur rendement qui les rend attractifs en période de taux bas et d'amélioration de la conjoncture.

" Les AT1 / Cocos restent toutefois des produits complexes qu'il convient de réserver à des investisseurs avertis, la gestion pouvant être confiée à des tiers disposant d'une expertise sur ce segment " prévient Lazard Frères Gestion.

Les dettes financières sont par ailleurs soutenues par le mouvement de consolidation que traverse actuellement le secteur bancaire. Les établissements les plus solides rachètent des entités moins bien notées et ces dernières profitent ainsi d'une amélioration de la notation de leurs titres.

Les banques italiennes et espagnoles sont particulièrement concernées par le sujet. Depuis début 2021, l'Irlande suit la même voie avec les projets d'acquisition de KBC Bank Ireland par Bank of Ireland, mais aussi d'Ulster Bank par Permanent TSB. Si ces opérations se confirment, seuls trois acteurs bancaires resteront présents sur le marché irlandais.