Le CAC40 est en territoire positif au terme des cinq premiers mois de l'année 2017, ce qui situe l'indice parisien dans le haut du panier des grands marchés mondiaux. Il a progressé de 1,62%, en dépit d'un mois de mai assez négatif (-2,21%), qui vient de se terminer sur sept baisses de rang. En comparaison, l'EURO Stoxx 50 a accusé une baisse de -2,78%, le SMI Suisse a perdu -9,86% et l'IBEX espagnol -5,76%. Le CAC40 superforme même son grand rival allemand, puisque le DAX baisse de -2,42% sur les cinq premiers mois de l'année. L'écart réel est même encore plus grand. L'indice de la Bourse de Francfort étant dividende réinvestis, il convient d'utiliser le CAC dividendes réinvestis, qui affiche un gain de 3,96% depuis le début de l'année, soit une solide surperformance de 6,38% sur le DAX.
 

Le CAC (noir) surperforme largement les autres indices européens en 2018

Un CAC40 haut de gamme

Dans le détail, le palmarès parisien fait encore la part belle au luxe, avec des gains de 34% pour Kering et de 21% pour LVMH. Un analyste soulignait récemment que le luxe est à la France ce que les GAFA sont à la Californie. SI l'on ajoute que L'Oréal a pris 11% sur la période, force est de constater que le compartiment vit très bien, même durant les périodes de remous et même après des hausses déjà copieuses depuis quelques années.

Les industrielles Safran, Peugeot et Airbus n'ont pas démérité, loin de là, en gagnant plus de 15% en cinq mois. La croissance pérenne de l'industrie aéronautique, dont les carnets de commandes sont garnis pour de nombreuses années, les rend assez imperméables aux problèmes conjoncturels comme les soucis de montée en cadence sur les réacteurs ou les marchés plus difficiles des gros porteurs. Dans l'automobile, PSA a surpris avec des résultats plus élevés que prévu et profite d'une configuration de rebond après le trou d'air de l'automne, consécutif aux interrogations sur l'intégration d'Opel.

Les autres belles hausses de 2018 sont à chercher du côté de Capgemini (+14%) dont la transformation commence à porter ses fruits et qui profite d'un engouement renouvelé des investisseurs qui le préfèrent désormais au prolifique dossier Atos. Total (+13%) profite de la hausse des cours pétroliers tandis que STMicroelectronics (+12%) a solidement traversé la mini-tempête printanière qui a affecté les semiconducteurs, sur fond de craintes sur les ventes d'Apple. Le nouveau statut de premier de la classe que le franco-italien étrenne sans doute avec joie le change de la place de cancre de l'industrie qu'il a occupée pendant des années.
 

A gauche, le CAC40, à droite le CAC40 dividendes réinvestis (source Bloomberg)

Les bancaires dans le dur avec l'Italie

A la baisse, le syndrome de la croissance molle semble durable chez Sodexo, qui a beaucoup averti ces derniers trimestres. Le marché n'a plus confiance, ce qui vaut au titre un cinglant -25% de janvier à mai. Les financières font un tir presque groupé à cause de la crise en Italie. Crédit Agricole (-15%) et BNP Paribas (-15%) sont plus exposées au marché transalpin que Société Générale (-14,4%), tandis qu'AXA peine aussi (-14%). Carrefour (-14,5%) s'intercale, car le distributeur est confronté à un cocktail particulièrement adverse qui n'a pas échappé aux investisseurs : tensions en Amérique Latine, tensions en Europe du Sud et restructuration profonde en France. Valeo (-13%) a déçu sur ses objectifs, dans un contexte automobile compliqué dernièrement par l'annonce d'une enquête sur les importations automobiles par la Maison Blanche.

Un SBF 120 un peu plus prolifique que le CAC

La performance janvier-mai du SBF120 est un peu plus élevée que celle du CAC40 (+1,80% / +4% dividendes réinvestis). On compte six valeurs dont les performances dépassent celles du champion de l'indice phare, Kering et ses +34%. Le groupe minier Eramet (+51,6%) a profité de la croissance mondiale, de l'évolution des cours des métaux, des progrès accomplis dans la modernisation de l'outil industriel et du retour du dividende, qui renforce la confiance. L'exercice 2017 s'est même soldé par un bénéfice, une première depuis 2012.

Ubisoft a encore repris plus de 44%. Beaucoup pronostiquaient un effondrement de la prime spéculative avec la sortie de Vivendi du capital. Mais la société est parvenue à publier des résultats et des perspectives convaincants. Belle revanche pour Sartorius Stedim Biotech (+41%), après les grosses prises de bénéfices de l'automne dernier. Le mouvement haussier qui s'est réenclenché puisque l'action a repris sa marche en avant en enchaînant les records. Hermès, qui n'a pas accès au CAC40 malgré sa capitalisation élevée à cause d'un flottant trop restreint, accompagne néanmoins les valeurs du luxe avec 36% de gains sur 5 mois. Beaux comportements aussi d'Ipsen, Dassault Systèmes et Soitec, qui ont pris plus de 30%.

Turbulences pour Air France KLM

A la baisse, Air France KLM a perdu près de la moitié de sa valeur en 2018. L'année a commencé par des prises de bénéfices, consécutives à une performance boursière majuscule en 2017. Elle a vite tourné au vinaigre avec la multiplication des mouvements sociaux, qui ont atteint leur apogée lorsque le PDG Jean-Marc Janaillac a cru bon de mettre son poste dans la balance lors d'une consultation censée lui fournir le soutien d'une majorité de salariés pour faire plier les pilotes. Mauvais calcul. Patatras, toute la stratégie s'est effondrée et le patron a dû démissionner. Technicolor fait à peine mieux (-48,5%). Après la lourde recapitalisation de l'entreprise il y a quelques années, qui faisait suite à quelques exercices de disette, le management semblait avoir fait le plus dur en recentrant l'activité et en réduisant les coûts. Mais la montée en puissance des nouveaux marchés est plus longue que prévu et Technicolor a pris la mauvaise habitude de revoir en baisse ses ambitions à chaque publication. Pour ne rien arranger, les investisseurs attendaient plus de la monétisation des droits intellectuels et industriels de l'entreprise.

Tarkett (-32%) n'a pas été épargné par les secousses, à cause de performances trimestrielles très décevantes. Le groupe peine à convaincre la communauté financière. Iliad (-27%) est peu habitué aux mauvaises places dans les palmarès. C'est pourtant ce qui lui arrive depuis le début de l'année. Après des années relativement tranquilles, passées à tailler des croupières à ses concurrents, Free arrive sur un plateau et peine à redynamiser ses abonnements. Une situation qui s'explique aussi par l'agressivité de ses rivaux dans leurs offres fixes et mobiles et sans doute aussi par leurs investissements.

La grande braderie de printemps des penny stocks

En élargissant à l'indice CAC All-Tradable (322 sociétés les plus liquides de la cote parisienne), plusieurs noms se détachent à la hausse. Les cours d'EuropaCorp (+135%) et de Geci International (+114%) ont plus que doublé. Ceux de Claranova, Atari, Avenir Telecom et Lumibird ont pris entre 60 et 90%. Côté baisses, c'est Amoeba (-65%) qui ferme la marche, au coude-à-coude avec Genomic Vision (-63%). Marie Brizard, Parrot, Gensight, AB Science, Derichebourg et Orchestra ont cédé plus de 40%.