* Les sept sites normands placés sous haute sécurité

* Trump présent sur fond de désaccords transatlantiques

* Dernière cérémonie internationale pour May avant sa démission

PARIS, 4 juin (Reuters) - Soixante-quinze ans après le débarquement des Alliés en France, une dizaine de chefs d'Etat, de gouvernement et de têtes couronnées se retrouvent jeudi sur les plages normandes dans un contexte de désaccords transatlantiques accrus depuis l'arrivée au pouvoir du président américain.

Au total, plus de 30.000 personnes, dont quelque 500 vétérans, sont attendues sur sept sites français de Normandie pour cette séquence diplomatico-mémorielle, qui s'ouvrira dès mercredi par une cérémonie à Portsmouth, en Angleterre, en présence notamment de la reine Elizabeth et du prince Charles.

Parmi les points forts de la journée de commémoration du "D-Day" en France, la pose de la première pierre d’un mémorial britannique à Ver-sur-mer (Calvados) en présence de la Première ministre britannique Theresa May - dont ce sera l’une des dernières apparitions publiques et officielles avant sa démission du 10 Downing Street vendredi - et d'Emmanuel Macron.

Le chef de l’Etat français sera également présent à la cérémonie franco-américaine vers 11h avec Donald Trump au cimetière américain de Colleville-sur-mer, prévue pour durer 75 minutes avec un défilé aérien à la clef.

Les deux dirigeants déjeuneront ensuite à la préfecture de Caen où les questions de sécurité, de lutte contre la menace terroriste, de crises au Moyen-Orient, de politique commerciale et la préparation du sommet du G7 d'août à Biarritz seront notamment abordés, selon l'Elysée.

Emmanuel Macron, qui sera remplacé par son Premier ministre Edouard Philippe à la cérémonie de Courseulles-sur-mer en fin de journée - une absence dénoncée par certains élus - présidera en revanche la cérémonie en l'honneur des 177 Français du célèbre commando Kieffer ayant débarqué le 6 juin 1944.

Il s'agira au cours de cette journée de "rappeler ce que fut le sacrifice de tous ces combattants venus libérer la France et l'Europe au nom d'un même idéal", souligne-t-on à l'Elysée. Ce sera également l'occasion de "rappeler que l'Amérique est notre amie, une amie indéfectible, qu'elle nous a aidé à demeurer une France indépendante, comme nous l'avions aidée un siècle et demi plus tôt à conquérir son indépendance".

"CONFIANCE AU PLUS HAUT NIVEAU"

Cinq ans après la dernière commémoration du "D-Day" et la venue de Barack Obama en Normandie, les relations entre Washington et ses alliés européens sont régulièrement éprouvées par des décisions unilatérales de Donald Trump, que ce soit sur l'Iran, le climat ou encore le commerce international.

"Il y a des intérêts qui ne sont pas tout à fait les mêmes, que ce soit sur le plan commercial, par rapport aux grandes crises, à l'ensemble des sujets culturels, économiques", souligne-t-on à Paris, où l'on espère pouvoir "rapprocher positions ou de construire des initiatives ensemble".

Au niveau de la coopération militaire, les relations sont "excellentes" fait valoir un responsable à l'Elysée, qui évoque une "confiance au plus haut niveau depuis de nombreuses années" et un dispositif de sécurité pour la journée de commémoration "coordonné" avec les services américains.

Mais la volte-face du président américain lors du dernier G7 au Canada ou encore les railleries sur la "très faible cote de popularité" d'Emmanuel Macron en novembre dernier, sont encore dans toutes les têtes.

Outre Donald Trump, Theresa May, Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le chef du gouvernement belge Charles Michel, le roi Harald V et la Première ministre Erna Solberg de Norvège, le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas seront également présents.

Le débarquement de quelque 150.000 soldats alliés - Américains, Canadiens, Français, Britanniques notamment - le 6 juin 1944 sur les plages normandes a marqué le début de la bataille de Normandie qui a fait quelque 110.000 morts, dont plus de 20.000 civils.

Cette bataille est considérée comme une étape décisive face aux Allemands dans la Seconde guerre mondiale avant la libération de Paris le 25 août 1944, qui a mis fin à quatre années d'occupation de la capitale française. (Marine Pennetier, avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)