par Rachel Armstrong et Tomasz Janowski

Barack Obama s'est voulu optimiste en disant avoir bon espoir que ce sommet débouche sur des mesures permettant une croissance mondiale plus équilibrée et durable, sur la base de l'accord conclu lors du sommet du G20 de Pittsburgh, aux Etats-Unis, en 2009.

"Je ne pense pas que ceci soit une proposition controversée", a déclaré le président des Etats-Unis.

Le Premier ministre canadien a aussi insisté sur ce volet des discussions, tout en faisant preuve de prudence.

"La persistance de ces déséquilibres est un problème dans le long terme et il faut traiter ces questions", a dit Stephen Harper.

"Seront-elles traitées lors de cette conférence ? Je n'en suis pas si sûr, mais je pense que nous avons une discussion plus franche sur ces questions, qu'elles doivent être résolues."

Les délégués présents à Séoul anticipent déjà un communiqué final a minima fondé sur "le plus petit dénominateur commun" en matière de coopération économique internationale.

"Les discussions sont encore extrêmement passionnées, cela veut dire qu'elles sont très ouvertes", a dit l'un des "sherpas". Les conseillers des chefs d'Etat et de gouvernement, qui se retrouvaient après le dîner officiel, n'excluaient pas une nouvelle réunion vendredi matin pour essayer de débloquer les choses, a-t-il ajouté.

"SOUS-ÉVALUATION COMPÉTITIVE"

Un projet de communiqué final obtenu par Reuters montre que les leaders du G20 approuveront le principe de "directives indicatives" en vue de réduire les déséquilibres des comptes courants. Mais ils ne savent pas si elles seront fondées sur des indicateurs "mesurables" ou si elles seront plus vaguement "quantitatives et qualitatives".

"La grande question, c'est comment coordonner nos politiques ? Je ne pense pas qu'il faut trop en demander (...) car une telle coordination n'a jamais été tentée auparavant", a dit à Reuters le négociateur indien, Montek Singh Ahluwalia.

Dans tous les cas, l'idée avancée par le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner d'un plafonnement des excédents ou déficits courants à 4% du PIB a été remisée.

Quant aux changes, la grosse pierre d'achoppement du sommet, le projet de communiqué recommande d'éviter toute "dévaluation compétitive". Mais il reste à savoir si sera employée la formule "sous-évaluation compétitive" qui ferait référence à la manière dont Washington juge la politique chinoise de changes.

Yu Jianhua, haut responsable au ministère chinois du Commerce, a assuré que Pékin n'avait pas l'intention de croiser le fer avec Washington sur les changes ou le commerce.

Mais, a-t-il ajouté, Washington "ne devrait pas politiser la question du yuan, ne devrait pas blâmer les autres pour ses problèmes intérieurs et ne devrait pas forcer les autres à prendre des médicaments pour soigner sa propre maladie."

Tim Geithner a jugé que Pékin ne pourrait éternellement résister à la pression haussière exercée sur le yuan par les marchés.

LA FED ENCORE CRITIQUÉE

Les Etats-Unis, qui exercent eux-mêmes des pressions sur la Chine pour qu'elle laisse le yuan s'apprécier librement, ont toutefois bien du mal à donner l'exemple après le vif débat provoqué par le nouveau programme d'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale.

D'autant que l'ex-président de la Fed Alan Greenspan a lui-même déclaré que la banque centrale poursuivait une politique d'affaiblissement du dollar.

"Jamais les USA ne feront cela", répliquait quelques heures plus tard Tim Geithner sur CNBC. "Jamais nous ne chercherons à affaiblir notre monnaie dans le but de gagner un avantage de compétitivité ou de faire croître notre économie."

Moscou "pense que de telles décisions rendent les intervenants des marchés nerveux et les grandes devises instables, faisant craindre une guerre des monnaies", a-t-on déclaré de source proche de la délégation russe à Séoul en critiquant les "décisions unilatérales".

La chancelière allemande Angela Merkel a d'ailleurs exprimé à Barack Obama ses préoccupations concernant des initiatives de la Fed, a-t-on dit de source proche de la délégation allemande.

Mais c'est la Chine qui reste l'une des plus critiques. Les mesures non conventionnelles de la Fed suscitent "de grandes préoccupations" dans bien des pays, a dit un haut fonctionnaire de la Banque populaire de Chine. Les pays qui ont une monnaie de réserve internationale devraient mesurer l'impact que peut avoir leur politique au niveau mondial, a estimé Zhang Tao.

Les flux de capitaux désordonnés résultant des décisions de la Fed risquent de porter préjudice, en particulier à des pays émergents, dont il n'est pas réaliste d'attendre qu'à eux-seuls ils stimulent la demande et l'économie mondiales, et plus globalement la reprise économique mondiale, a-t-il ajouté.

Avec David Ljunggren et Zhou Xin, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez