(Répétition sans changement d'une dépêche transmise dans la nuit de dimanche à lundi)

par Daniel Flynn et David Lawder

BUENOS AIRES, 23 juillet (Reuters) - Les ministres des Finances et les banquiers centraux des grandes puissances économiques, réunis à Buenos Aires (Argentine), estiment que l'aggravation des tensions géopolitiques et commerciales représente un risque qui gagne en ampleur pour la croissance mondiale et ils en appellent à plus de dialogue, selon le communiqué du Groupe des Vingt (G20).

Dans ce document, le G20 observe que les économies émergentes sont mieux préparées à d'éventuels chocs externes mais aussi qu'elles restent confrontées à des difficultés tenant à des éléments tels que la volatilité de marché ou encore le risque de retournement des flux de capitaux.

"La croissance économique mondiale est toujours là et le chômage est au plus bas depuis une dizaine d'années; toutefois la croissance est moins synchronisée ces derniers temps et les risques baissiers à court et moyen termes se sont développés", lit-on dans le communiqué.

"Citons des faiblesses financières accrues, des tensions géopolitiques et commerciales plus vives, des déséquilibres mondiaux, des inégalités et une croissance structurellement faible, surtout dans certaines économies avancées".

Les grands argentiers du G20 soulignent que des réformes de fond s'imposent pour développer le potentiel de croissance économique et confirment l'engagement de la précédente réunion, en mars, de s'abstenir de toute dévaluation compétitive susceptible d'avoir des effets préjudiciables sur la stabilité financière mondiale.

Les ministres confirment aussi les conclusions des chefs d'Etat et de gouvernement du G20, établies lors de leur sommet Hambourg en juillet 2017, et en particulier celles voulant que le commerce soit un moteur de la croissance mondiale et mettant l'accent sur l'importance des accords commerciaux multilatéraux.

"Nous (...) prenons acte de la nécessité de mettre en avant le dialogue et les initiatives destinées à atténuer les risques et à rehausser la confiance", est-il écrit dans le document. "Nous nous employons à développer la contribution du commerce à nos économies".

Le communiqué de la réunion ministérielle de mars se bornait à constater qu'il fallait "poursuivre le dialogue".

La réunion de Buenos Aires est intervenue dans un contexte commercial tendu entre les Etats-Unis, la Chine et d'autres grandes puissances commerciales.

"ÉCOUTE MUTUELLE"

Washington avait fait savoir en mars que des droits de douane de 10% seraient imposés sur l'acier et l'aluminium importés, provoquant une riposte de l'Union européenne (UE).

Le 1er juillet, les Etats-Unis et la Chine se sont mutuellement infligés des droits de douane sur 34 milliards de dollars d'importations respectives.

Donald Trump menace à présent d'appliquer de nouveaux droits, peut-être sur plus de 500 milliards de dollars d'importations de Chine, soit la totalité des importations chinoises des Etats-Unis en 2017.

Le président américain étudie aussi la possibilité de prélever 25% de droits de douane sur les importations d'automobiles, ce qui serait un choc à la fois pour l'Europe et le Japon.

Le secrétaire au Trésor américain a déclaré dimanche qu'il n'avait pas eu de discussions de fond sur le commerce avec le ministre chinois des Finances, Liu Kun, mais qu'il avait simplement "bavardé" avec ce dernier.

"S'ils veulent s'asseoir à la table des négociations pour des changements significatifs, mon équipe et moi-même sommes disponibles", a dit Steve Mnuchin en conférence de presse.

Mnuchin, qui a déclaré ne pas s'être senti isolé lors de la réunion de Buenos Aires, a privilégié les discussions avec l'Europe et le Japon, alors que Washington tente de rallier ses alliés à sa cause dans son bras de fer contre la Chine.

Les alliés des Etats-Unis prennent au sérieux la demande de Washington de supprimer les barrières douanières, a ajouté Mnuchin, précisant que de nouvelles discussions auraient lieu la semaine prochaine à Washington avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

L'Union européenne ne peut envisager de négocier un accord de libre-échange avec les Etats-Unis s'ils ne renoncent pas aux droits de douane sur l'acier et l'aluminium, a dit samedi le ministre français des Finances Bruno Le Maire.

Hubert Fuchs, qui représente le Conseil européen au G20, a au contraire jugé dimanche que l'abrogation des droits de douane par les Etats-Unis n'était pas forcément une condition préalable à l'ouverture de discussions commerciales.

"Le ministre du Trésor des Etats-Unis lui-même a dit qu'il était en faveur d'un commerce libre et équitable; le problème est que les Etats-Unis comprennent libre et équitable différemment", a-t-il déclaré.

Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, a observé dimanche que les divergences d'opinion sur les tensions commerciales demeuraient au sein du G20, sans pour autant que la réunion ait été tendue.

Les tensions commerciales internationales sont fortes et risquent encore de s'aggraver, imposant au système multilatéraliste de nouvelles pressions, mais leur impact économique est pour l'instant limité, a-t-il poursuivi.

"La réunion n'a pas été tendue et nous étions en mode d'écoute mutuelle et j'espère que c'est l'amorce de quelque chose", a dit Moscovici. "Mais pour autant, les positions ne sont pas identiques". (avec Luc Cohen, Eliana Raszewski et Scott Squires, Wilfrid Exbrayat et Jean Terzian pour le service français)