La mise en concurrence de l'exploitation des installations hydroélectriques françaises a donné lieu à d'intenses débats depuis que la Commission européenne a sommé la France de mettre fin au régime privilégié dont bénéficie Electricité de France. L'opérateur public gère plus de 80% des concessions existantes, le solde étant aux mains d'Engie en direct via la SHEM ou à travers la CNR (détenue à 49,97% aux côtés des pouvoirs publics, majoritaires). Il existe aussi en France de nombreuses microcentrales de moins de 4,5 MW, aux statuts divers. Les centrales dépassant 4,5 MW sont concédées par l'Etat, qui en reste le propriétaire.
 

Source : Panorama de l'Electricité Renouvelable RTE 31 mars 2018 - Cliquer pour agrandir

L'hydraulique est la seconde source de production d'énergie en France, derrière le nucléaire. Sa capacité installée représente 25,5 GW, un niveau qui varie peu compte tenu d'un taux d'équipement élevé. C'est un peu plus de la moitié du parc d'énergies renouvelables total de la France au 31 mars dernier (49,1 GW), mais cette proportion décroît régulièrement au fur et à mesure du développement des autres sources, essentiellement l'éolien. Auvergne-Rhône-Alpes (45,5% de la capacité de production française) et l'Occitanie (21,1%) sont les deux régions les plus équipées.
 

Source : Panorama de l'Electricité Renouvelable RTE 31 mars 2018 - Cliquer pour agrandir
 

L'hydroélectricité représentait sur les années récentes, selon les conditions météorologiques, entre 10 et 14% de la production française. Elle est constituée non seulement des impressionnantes centrales de lac (barrages avec retenue d'eau, centrales connectées), les plus marquantes dans l'esprit populaire, mais aussi des centrales au fil de l'eau, dont la production est continue. A cela s'ajoutent les installations de pompage turbinage.

L'énergie hydroélectrique est particulièrement stratégique tant que les ingénieurs n'auront pas trouvé le moyen de stocker efficacement l'énergie. Elle présente des avantages importants pour le réseau :
- Une capacité de mobilisation extrêmement rapide (indispensable pour les périodes de pointe), notamment dans le cadre des obligations de stabilité du réseau européen (réserves primaires et secondaires).
- Un coût inférieur aux autres énergies. A l'échelle d'un groupe comme EDF, la division hydraulique englobe 433 centrales et 622 barrages.
- Une architecture souple dont la gestion coordonnée, quoique complexe, est source d'efficacité (l'inefficience entraînée par la multiplication des concessionnaires est d'ailleurs l'un des arguments des détracteurs de l'ouverture à la concurrence).

Total ne sera pas le seul candidat. Ces dernières années, d'autres groupes européens ont manifesté leur intérêt pour les concessions hydrauliques françaises. Enel, Iberdrola, Vattenfall, Verbund ou Alpiq notamment. L'arrivée du géant du pétrole au bal des prétendants pourrait rendre plus ardue encore la conservation des concessions pour EDF et Engie... si toutefois les autorités françaises décident d'aller au bout du processus.