Il y a quelques mois, l'expression "KHOL" avait fait son apparition sous la plume d'AlphaValue, qui avait déterminé que LVMH, L'Oréal, Kering et Hermès représentaient à elles seules, sur les premiers mois de 2018, plus de la moitié de la hausse du CAC40 par rapport à la moyenne de l'année précédente. Vous noterez qu'à l'époque, le bureau d'études raisonnait sur la base d'un "CAC41", car Hermès ne faisait pas partie de l'indice phare de la place. Désormais, plus besoin d'utiliser cet artifice car le sellier a intégré le CAC40 (aux dépens de LafargeHolcim).
 
Depuis le 1er janvier 2019, les KHOL, qui pèsent environ 440 milliards d'euros, ont progressé de 28% (vs. 17% au Stoxx600 et 18,4% au CAC40). "C'est suffisant pour déterminer que la performance du CAC40 aurait été inférieure d'environ 200 points de base sans ces actions", note AlphaValue. La performance relative peut paraître moins importante qu'elle ne l'était un an avant, concède le bureau d'études. Mais sur 12 mois les KHOL ont surperformé le marché de 35%. Les quatre titres pèsent actuellement 26% de l'indice parisien. Sur un an, leur capitalisation a enflé de 91 milliards d'euros, sur les 142 milliards engrangés par le CAC40 entier (i.e. 61%, mieux que les GAFA qui n'émargent qu'à 48% sur cette période par rapport à leur propre indice de référence).
 
 
Sur six mois, les 4 KHOL devancent les 4 GAFA (Cliquer pour agrandir)
 
Le souci, c'est que d'inévitables distorsions apparaissent. Au premier rang desquelles une surperformance de L'Oréal et LVMH que les gérants traditionnels ne peuvent répliquer, sauf s'ils s'assoient sur le respect des ratios de risque. Mais la gestion passive, donc les ETF, si. "Dans un marché haussier, cette configuration technique revient à alimenter l'auto-lévitation avec du carburant à fusée", commente AlphaValue. Le fait de peser plus du quart de l'indice parisien constitue en soi un problème. Mais ce qui chiffonne le plus le bureau d'études et qui n'a pas beaucoup changé depuis l'année dernière, c'est la valorisation.
 
Les KHOL se paient en moyenne 25,4 fois les résultats attendus en 2019, contre 17 à 23 fois pour Apple, Facebook et Google. Amazon.com est à 45 fois, mais ce ratio recule rapidement au fur et à mesure de la normalisation des activités de la société. "L'appétit pour le luxe pourrait durer. Mais le potentiel d'accident s'est accru", selon AlphaValue, qui cite parmi les risques la sino-dépendance (37% des revenus combinés des entreprises concernées), les valorisations élevées, les achats moutonniers des ETF et la distorsion de l'indice. Le bureau d'études est transparent : il reconnaît qu'il a tenu le même discours un an plus tôt et qu'il s'est trompé. Mais les ingrédients, eux, sont toujours là.
 

Capitalisations au 24 avril : il reste de la marge entre les KHOL et les GAFA !