Evacuons pour commencer la décision de la BCE. La totalité des économistes interrogés par les agences financières, apparemment 85 chez Reuters et 59 chez Bloomberg, s'accorde pour un statu quo. En d'autres termes, les trois taux directeurs de la banque resteront inchangés, notamment le taux de refi à 4,5%. Pas vraiment de suspense donc : les enquêtes sur le moral des directeurs d'achat sont si faibles qu'il serait suicidaire de donner un nouveau tour de vis, surtout si l'inflation continue à baisser plus vite que les spécialistes ne le prévoyaient. Les statistiques américaines, pour leur part, vont revêtir leur importance habituelle du moment : si elles sont trop solides, les rendements obligataires vont poursuivre leur ascension parce que les financiers vont continuer à craindre que la Fed ne maintienne des taux élevés pour une longue durée, voire qu'elle les relève encore.

Passons maintenant aux marchés actions, qui font vivre de sacrées émotions aux investisseurs avec le retour de la volatilité. Je vais me concentrer sur le marché français pour illustrer quelques grandes tendances du moment. Le CAC40 a bouclé en hausse de 0,3% hier, ce qui n’est pas rien dans la mesure où l’un de ses composants a sombré de 59%. Worldline était déjà le petit poucet de l’indice et cette chute vertigineuse ne va pas arranger ses affaires. L’ancienne filiale d’Atos vient de reculer au 71e rang parisien sur la base de la combinaison de sa capitalisation flottante et de ses volumes d’échanges. Sa place dans le CAC40 est sérieusement menacée, à un mois et demi de la prochaine mise à jour de l’indice. En finance, il y a souvent des explications mathématiques aux fluctuations des actions. Mais pas sur des -59%, sauf à imaginer que la société dont l’action dévisse est en train de couler, ce qui n'est a priori pas le cas.

En l’occurrence, et comme j’aime à l’aborder régulièrement dans cette chronique, ce ne sont pas les maths mais la psychologie qui justifient l’explosion du titre en vol. L’histoire de Worldline est cassée. En tout cas l’image que le marché se faisait de l’histoire de Worldline (et d’Adyen, et de Nexi). Méfiez-vous parce que d’autres histoires sont cassées actuellement. Celle des actions invincibles qui montent en ligne droite est cassée (Teleperformance, LVMH), celle du raz-de-marée environnemental est cassée, aussi bien dans la production d’énergie (Orsted, Neoen) que dans la mobilité (Fastned, Alfen) ou l’hydrogène (Nel, McPhy). Celle des medtechs/CDMO est cassée (Carl Zeiss, Sartorius Stedim Biotech, Lonza). La situation n'est pas définitive, heureusement, en tout cas pour tous les dossiers concernés. Mais la phase initiale de découplage entre la légende et la réalité est souvent douloureuse.

Qu’est-ce qui a fonctionné en Europe ces trois derniers mois ? Le pétrole : Shell, TotalEnergies, BP Plc, Equinor. Autre chose ? La défense (BAE Systems, Thales…). Et l’assurance. La vengeance de l’ancien monde en quelque sorte. Heureusement que les vendeurs de tabac n’ont pas trop montré leurs muscles, sans quoi on aurait presque été en plein syndrome sin stocks.

Cette séance de jeudi sera marquée par une nouvelle déferlante de résultats trimestriels d'entreprises. Les chiffres soufflent toujours le chaud et le froid. Hier soir après la clôture de Wall Street, Meta Platforms a baissé de plus de 3% et IBM a légèrement progressé à l'annonce de leurs performances respectives. Plus tôt aux Etats-Unis, le Nasdaq 100 avait coulé à pic de -2,5%, emporté par le plongeon de 9,5% d'Alphabet, que n'a pu contrecarrer la hausse de 3% de Microsoft. Le marché se demande si le premier cité n'est pas en train de perdre la bataille de l'IA face au second. Il est bien sûr trop tôt pour tirer des conclusions, mais le gouffre de 12,5% qui s'est ouvert entre les deux titres hier en dit long sur les craintes des investisseurs. Le Dow Jones n'a perdu dans le même temps que 0,3%, protégé par l'absence de poche technologique surdimensionnée en son sein. Hier, Meta a produit des commentaires assez prudents sur la fin d'année et 2024 en matière de croissance, ce qui explique le reflux du titre post-clôture. La liste d'une partie des publications du jour est égrenée plus bas.

Dans le reste de l'actualité, la chambre des représentants américaine a enfin un nouveau speaker, en la personne de Mike Johnson, un élu républicain conservateur de 51 ans proche de Donald Trump. L'homme est peu connu, au point que plusieurs journaux américains ont ironisé sur le fait que nombreux sont ceux qui ont dû passer par des moteurs de recherche web pour découvrir le personnage. Au Proche-Orient, Israël "prépare une invasion terrestre" de Gaza, selon Benjamin Netanyahu, qui doit composer avec des compatriotes assoiffés de vengeance, une communauté internationale qui s'émeut de la situation sanitaire dans l'enclave et des Occidentaux qui cherchent à éviter un dérapage régional.

Le spleen s'est emparé des indices d'Asie et du Pacifique. Le Nikkei 225 chute de 2% à Tokyo, pendant que Séoul déprime avec un KOSPI à -2,6%. Les espoirs suscités hier par les mesures de relance en Chine ne suffisent pas à remettre les indices locaux dans le sens de la marche. Le Hang Seng perd 0,6% à Hong Kong et l'indice continental CSI300 recule de 0,4%. A Bombay, le SENSEX abandonne environ 1% alors qu'à Sydney, l'ASX200 cède 0,6%. Les indicateurs avancés occidentaux sont baissiers. Le CAC40 perdait 1,07% à 6847 points à l'ouverture. Le SMI lâchait 0,7% à 10 333 points.

Les temps forts économiques du jour

La BCE occupe l’espace médiatique à partir de 14h15 pour une décision de politique monétaire. Les Etats-Unis prennent le relais avec les inscriptions hebdomadaires au chômage, les stocks des grossistes, les commandes de biens durables et le PIB du T3 dans sa première estimation à 14h30, puis les chiffres de l’immobilier ancien à 16h00. Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0546 USD. L'once d'or remonte à 1987 USD. Le pétrole est stable, avec un Brent de Mer du Nord à 88,79 USD le baril et un brut léger américain WTI à 85,20 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 4,96%. Le bitcoin évolue à 34 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aéroports de Paris : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération égale avec un objectif de cours réduit de 125 EUR à 124 EUR.
  • Akzo Nobel : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 90 EUR à 85 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer et réduit l'objectif de cours de 68,50 EUR à 60 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 86 EUR à 80 EUR.
  • Amplifon : Citi maintient sa recommandation neutre et réduit l'objectif de cours de 31,50 EUR à 30,50 EUR.
  • ASM International : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 475 EUR à 460 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération égale avec un objectif de cours réduit de 430 EUR à 400 EUR.
  • Assa Abloy : Citi maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 230 SEK à 225 SEK.
  • Banco Santander : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 4,75 EUR à 4,90 EUR.
  • Bavarian Nordic : Citi maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 407 DKK à 320 DKK.
  • Bayer : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération égale avec un objectif de cours réduit de 55 EUR à 53 EUR.
  • Beiersdorf : Jefferies maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 152 EUR à 150 EUR.
  • CTS Eventim : Redburn Atlantic maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 75 EUR à 79 EUR.
  • Dassault Systèmes : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 54 EUR à 57 EUR.
  • Delivery Hero : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 54,60 EUR à 53,90 EUR.
  • Deutsche Bank : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération égale avec un objectif de cours relevé de 13 EUR à 14 EUR.
  • Deutsche Börse : Morningstar passe de conserver à acheter avec un objectif de cours de 180 EUR.
  • Forbo : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 1335 CHF à 1025 CHF.
  • Gaztransport & Technigaz : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 160 EUR à 157 EUR.
  • Heineken : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 107 EUR à 104 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération égale avec un objectif de cours réduit de 91 EUR à 89 EUR.
  • Infotel : Gilbert Dupont passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 65,70 EUR à 48,70 EUR.
  • Kering : CICC maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 550 EUR à 480 EUR. Citi maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 617 EUR à 559 EUR.
  • Kesla : Inderes passe d'accumuler à alléger avec un objectif de cours réduit de 5,20 EUR à 4 EUR.
  • Kuehne Und Nagel : Morgan Stanley maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours augmenté de 272 CHF à 276 CHF.
  • La Française des Jeux : Citi maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 31 EUR à 27,80 EUR.
  • Nel : DNB Markets maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 6 NOK à 4,56 NOK. Sparebank 1 Markets maintient sa recommandation de vente et réduit l'objectif de cours de 5,50 NOK à 5 NOK.
  • Nexity : Société Générale maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 23,70 EUR à 18 EUR.
  • OVH : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 9 EUR à 7,10 EUR. Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 10,50 EUR à 8 EUR.
  • Puma : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours relevé de 60 EUR à 62 EUR.
  • Purmo : Inderes passe d'accumuler à acheter avec un objectif de cours réduit de 8,50 EUR à 8 EUR.
  • SIG Group : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 28 CHF à 27 CHF.
  • SSAB : Deutsche Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 78 SEK à 86 SEK.
  • Straumann : Citi maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 105 CHF à 100 CHF.
  • Traton : SEB Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours de 255 SEK.
  • UCB : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 100 EUR à 79 EUR.
  • Unicredit : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 31,40 EUR à 34 EUR.
  • Valmet : Inderes passe d'accumuler à acheter avec un objectif de cours réduit de 29 EUR à 27 EUR.
  • Vestas : ABG Sundal Collier maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 180 DKK à 150 DKK.
  • Viscofan : Berenberg passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 72 EUR à 56,60 EUR.
  • Wizz Air : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 3900 GBX à 3400 GBX.
  • Worldline : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 42 EUR à 11 EUR. HSBC maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 55 EUR à 25 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 55 EUR à 23,90 EUR. Morgan Stanley passe de surpondérer à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 51 EUR à 8,90 EUR. Berenberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 70 EUR à 15 EUR. Jefferies maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 30,20 EUR à 10,50 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Atos confirme ses objectifs pour 2023 malgré un repli de son chiffre d'affaires au T3.
  • BioMérieux confirme ses objectifs annuels après une croissance organique de 7,1% au T3.
  • BNP Paribas annonce un bénéfice net en légère baisse sur un an au troisième trimestre.
  • Carrefour publie un chiffre d'affaires supérieur aux attentes au 3e trimestre.
  • Danone relève son objectif de chiffre d'affaires après la publication d'un chiffre d'affaires supérieur aux attentes au troisième trimestre.
  • Eramet avertit sur ses résultats.
  • Ipsen réitère ses objectifs pour 2023 après un 3e trimestre en ligne avec ses ambitions.
  • Lectra abaisse ses prévisions pour 2023 après un recul de l'activité au 3e trimestre.
  • Schneider confirme ses objectifs pour 2023 après un T3 lesté par les changes.
  • Sodexo publie des résultats annuels supérieurs à ses objectifs et confirme viser une entrée en bourse de sa division titres restaurants et chèques cadeaux en 2024.
  • STMicroelectronics a fait état d'un chiffre d'affaires meilleur qu'attendu au troisième trimestre, aidé par le secteur automobile, mais guide sur des revenus prudents au T4.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Iberdrola relève ses perspectives après une hausse de 17% de son bénéfice net.
  • IBM gagne 1,4% post-séance après ses trimestriels.
  • Mercedes se montre un peu plus prudent dans sa division automobile en raison d'une vive concurrence.
  • Meta perd 3,5% post-séance après ses trimestriels.
  • Rheinmetall dépasse les attentes grâce à ses activités dans les armes et les munitions.
  • Saab augmente son bénéfice au troisième trimestre et revoit à la hausse ses perspectives de ventes.
  • Standard Chartered chute en Asie après de mauvais chiffres.
  • Unilever publie des revenus trimestriels assez proches des attentes.
  • Volkswagen n'atteint pas ses objectifs de rentabilité au troisième trimestre.
  • Wacker Chemie réduit ses prévisions de bénéfices pour 2023 après l'effondrement des bénéfices trimestriels.
  • WPP réduit ses ambitions annuelles.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures