Les indices actions sont partis dans tous les sens hier, après le weekend de Pâques. Et si la reprise était teintée de rouge pour les places boursières européennes, Wall Street a fortement rebondi pour terminer au plus du jour, grâce aux valeurs cycliques et aux valeurs technologiques. Par opposition, l'énergie, le pari le plus consensuel de l'année 2022, a reculé. Ce regain d'appétit pour le risque a été alimenté par les résultats d'entreprises, notamment ceux de Johnson & Johnson. Les premières publications de sociétés aux Etats-Unis sont globalement plus robustes que prévu, ce qui crée un sentiment positif d'autant plus exacerbé que les remous actuels faisaient craindre des déceptions.

Je rappelle ici que les résultats des sociétés américaines sont TOUJOURS meilleurs que prévu, notamment parce que les analystes sont prudents dans leurs anticipations et que les sociétés les guident habilement pour être en mesure de surprendre positivement. C'est une sorte d'art qui est pour l'instant mieux maîtrisé de l'autre côté de l'Atlantique que du nôtre, même si de plus en plus d'entreprises européennes s'y convertissent. Sur les 50 sociétés du S&P 500 qui ont déjà publié, soit 10% de l'indice comme n'auront pas manqué de le noter les lecteurs rompus aux mathématiques complexes, 80% ont dépassé les attentes, selon les données compilées par Refinitiv. Ce chiffre est en moyenne de 66% sur une saison de publication des résultats "normale", c’est-à-dire quand les estimations sont fausses comme elles devraient l'être. D'où un sentiment plutôt positif, d'autant que les prévisions ne sont pas révisées en baisse à ce stade, ou alors à la marge et avec des excuses que le marché trouve valables.

Il y a quand même une exception qui confirme la règle aux Etats-Unis, c'est Netflix. Le service de vidéo à la demande a publié ses résultats trimestriels après la clôture de Wall Street hier soir. L'avantage avec les marchés qui proposent des cotations hors-séance avec de gros niveaux de liquidités, c'est qu'on connaît très vite la teneur d'un communiqué de résultats. Et quand une action fait -26%, c'est qu'il y a un souci. Netflix a perdu pour la première fois des abonnés au 1er trimestre. Pour faire dans la métaphore franchouillarde, on pourrait parler de "syndrome TF1" : quand on est seul au monde et qu'on part d'une position de numéro un, on ne peut que reculer quand de puissants concurrents émergent. C'est un peu ce qui arrive à Netflix, avec le développement de Disney+ et d'Amazon Prime Video, qui font un peu plus peur qu'Antenne 2, FR3, Canal+, TV6 et La Cinq à l'époque (ça ne nous rajeunit pas tout ça, hein ?). La société américaine n'a pas été aidée non plus par la perte de 700 000 clients russes avec l'arrêt de ses services dans le pays après l'invasion de l'Ukraine, ni par la pratique largement répandue du partage de mots de passe. Netflix reste numéro un avec 221,6 millions d'abonnés dans le monde, mais ses rivaux sont sur une dynamique forte, en particulier Disney +, qui a atteint le cap des 130 millions d'abonnés début 2022. Amazon avance de son côté que 200 millions de personnes ont visionné du contenu sur Prime Video, mais sa base se confond avec celle du service Amazon Prime de son site marchand, ce qui rend la comparaison un peu moins pertinente.

En l'absence d'indicateurs macroéconomiques majeurs aujourd'hui, les investisseurs se focaliseront sur la suite des publications de résultats d'entreprises, notamment L'Oréal, ASML, Crédit Suisse ou Heineken en Europe ce matin, puis Tesla ou Procter & Gamble plus tard aux Etats-Unis. Ils garderont aussi un œil sur la situation en Ukraine, où l'armée russe resserre son étau sur Marioupol, et sur le débat de l'entre-deux tours en France ce soir, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Hier soir, en bon stratège, Jean-Luc Mélenchon a appelé les Français à lui faire gagner le 3e tour, les élections législatives, pour le faire désigner premier ministre dans un remake des plus grandes heures de la cohabitation sous la 5e République. L'évolution politique hexagonale est scrutée de près par nos voisins et par les Etats-Unis.

Pendant ce temps, le rendement des bons du trésor américain poursuit son ascension dans une relative indifférence, peut-être un signe que les financiers intègrent de mieux en mieux le nouvel environnement et les hausses de taux qui vont suivre. La dette sur 10 ans voit sa rémunération se rapprocher de 3%, ce qui permet au passage aux taux réels de revenir dans le vert.

Les indicateurs avancés pointent vers un rebond en Europe ce matin, mais on a l'air loin de l'enthousiasme qui s'est emparé de la cote américaine hier. En Asie Pacifique, le Japon poursuit son rebond aidé par un yen toujours faiblard, tandis que Hong Kong gomme une petite partie de ses pertes de la veille. A Sydney, l'ASX pointe en hausse minimaliste. Le CAC40 gagne 0,3% à 6555 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres de l’immobilier ancien (16h00) et les stocks de pétrole (16h30) sont attendus aujourd’hui aux Etats-Unis. Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte légèrement à 1,0817 USD. L'once d'or recule à 1944 USD. Le pétrole consolide ses gains récents avec un Brent de Mer du Nord à 107,74 USD le baril et un brut léger américain WTI à 103,7 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans poursuit son ascension à 2,94%. Le bitcoin reprend du poil de la bête à 41 400 USD pièce.

Les principaux changements de recommandations

  • BB Biotech : Julius Bär passe d'acheter à conserver en visant 71 CHF.
  • Bike24 : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 25 à 15,10 EUR.
  • Dassault Aviation : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 151 EUR.
  • DNB : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 225 NOK.
  • Ericsson : DZ Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 73 à 84 SEK.
  • Fashionette : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 46 à 23,20 EUR.
  • Geberit : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 549 à 473 CHF.
  • Givaudan : Julius Bär passe d'acheter à conserver en visant 4000 CHF.
  • Home24 : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 15,90 à 9,20 EUR.
  • Intercos : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 16 EUR.
  • Leifheit : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 26,20 EUR.
  • Leonardo : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 11,80 EUR.
  • Randstad : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 55 EUR.
  • Rheinmetall : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 211 EUR.
  • Telefonica : New Street Research passe d'achat à neutre en visant 5 EUR.
  • Thales : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 110 EUR.
  • Virbac : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 480 à 450 EUR.
  • Vitesco : Oddo BHF démarre le suivi à neutre en visant 40 EUR.
  • Westwing : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 45 à 20,90 EUR.
  • Wizz Air : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 4400 à 3500 GBp.
  • Xilam : Oddo BHF démarre le suivi à surperformance en visant 53 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Aramis: le chiffre d’affaires du 1er semestre fiscal est en vive croissance de 47% et l’objectif annuel est relevé à 1,7 Md€, mais l’Ebitda sera "sensiblement inférieur" à l'objectif de marge initial de 1,5% mais sera positif.
  • Danone : les objectifs sont confirmés après les chiffres du T1, qui montrent une croissance organique de 7,1%, un peu plus robuste que prévu.
  • L'Oréal: la croissance organique du T1 est supérieure aux attentes.
  • Teleperformance : la croissance organique du T1 atteint 11,1%. Les objectifs 2022 sont confirmés.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • ASML : les revenus du T2 seront situés entre 5,1 et 5,3 Mds€, en-deçà des attentes à cause des contraintes de production. Le T1 a dépassé les attentes et le carnet de commandes est bien garni.
  • Crédit Suisse : la banque prévoit une perte au T1, après 700 MCHF de provisions prises sur les litiges en cours.
  • Heineken : les volumes écoulés au T1 sont supérieurs aux attentes.
  • International Business Machines: les trimestriels sont un peu plus solides que prévu, le titre gagne 1,4% post-séance.
  • Just Eat Takeaway : les commandes du T1 sont inférieures aux attentes et les prévisions annuelles sont abaissées. Le groupe étudie l'avenir de GrubHub.
  • Netflix: mauvais accueil pour les résultats, si bien que l’action plonge de 26% hors séance.
  • Vale : la production de minerai de fer du groupe brésilien est inférieure aux attentes au T1.

Annonces importantes (et autres)

Lectures