Après avoir atteint un point bas historique début 2016, le Rouble russe progresse de 50% en 13 mois, porté par la foultitude de facteurs qui soutient sa vigueur.

La politique monétaire menée par la banque centrale russe contribue tout d’abord à pénaliser les timides tentatives de repli. Soucieuse des risques inflationnistes provoqués par les manœuvres du gouvernement pour faire pression sur le Rouble, l’institution moscovite a en effet maintenu ses taux à 10% au début du mois de février malgré des intentions exprimées en faveur d’un assouplissement des conditions de crédit en fin d’année dernière. Bien que l’inflation se rapproche de sa cible de 4%, ralentissant à 5.1% sur un an, une faiblesse rarement observée depuis la chute de l’URSS, les argentiers russes estiment que la situation pourrait être temporaire et que la stabilité des prix reste menacée.

Sur le front de la croissance, la Russie devrait mettre un terme en 2017 à deux années de récession, lesquelles pourraient s’avérer moins négatives que prévu grâce à la dépréciation du Rouble entre fin 2014 et janvier 2016. D’après les chiffres de l’agence des statistiques Rosstat, le PIB se serait contracté de seulement 0.2% l’année passée et de 2.8% en 2015, contre 3.7% lors de la précédente estimation.

A l’international, l’élection de Donald Trump et la présumée étroitesse, même fragile, des liens entre le milliardaire américain et le Kremlin, entretiennent l’espoir d’une amélioration des relations diplomatiques entre Moscou et Washington.

Sur le marché du pétrole, la marche en avant quasi-continue des cours depuis un an a aspiré le Rouble dans son sillage, la Russie étant le troisième pays producteur.

Enfin, tandis qu’une vague de privatisations attirent des capitaux étrangers, la période de l’année favorise de façon générale la progression de la devise russe. Le calendrier fiscal impose en effet aux exportateurs de rapatrier des fonds pour s’affranchir de différentes taxes et les importations se tarissent traditionnellement au premier trimestre.

Bien que plusieurs de ces éléments suscitent un effet temporaire, le gouvernement russe, conscient de l’enjeu immédiat en matière de compétitivité, redouble d’efforts pour inverser la tendance. Moscou a ainsi déjà annoncé réinvestir en devises étrangères l’excédent constitué grâce à la flambée de l’or noir, officiellement pour favoriser la stabilité économique en neutralisant les effets du cours du baril sur le Rouble. Maxime Orechkine, ministre de l’Economie, vient par ailleurs d’évoquer une décorrélation entre le niveau élevé de la devise russe et les fondamentaux, martelant que le gouvernement, dont on sait que le manque de fermeté n’est pas la principale caractéristique, suivait « attentivement » la situation et « réagira » si nécessaire.

Graphiquement, la force actuelle du billet vert n’a pas pesé lourd face à la récente poussée du Rouble, lequel semble avoir désormais trouvé une résistance au contact de 57.05 RUB pour 1 Dollar. Les velléités manifestes du Kremlin pourraient alors permettre à la devise américaine de rebondir au-delà de 58.30 en clôture quotidienne, ce qui ouvrirait la voie d’un retracement plus large en direction de 60.20 RUB.