La Grande-Bretagne s'apprête à publier la semaine prochaine une stratégie industrielle sur dix ans, dotée de plusieurs milliards de livres, visant à soutenir les secteurs prioritaires, créer des emplois et favoriser la croissance économique à long terme.

Le gouvernement du Premier ministre Keir Starmer travaille sur une feuille de route pour la prochaine décennie, dans le cadre de son vaste "Plan pour le changement", qui prévoit de réformer le système de compétences du pays, de soutenir l'innovation et d'orienter de nouveaux investissements vers les secteurs à forte croissance.

Jusqu'à présent, le Royaume-Uni s'est engagé à débloquer plus de 1,5 milliard de livres sterling (€2 milliards) via une série de fonds gouvernementaux ciblés pour soutenir le développement des compétences, les industries créatives et le sport.

En annonçant dimanche une enveloppe de 275 millions de livres pour former des milliers de personnes à des métiers tels que l'ingénierie et la défense, le ministre des Entreprises Jonathan Reynolds a déclaré que la stratégie serait "portée par l'investissement dans le peuple britannique".

"Elle contribuera à transformer notre système de compétences afin de mettre fin à la dépendance excessive à la main-d'oeuvre étrangère et de garantir que les travailleurs britanniques puissent accéder à des emplois de qualité et bien rémunérés dans les industries de demain."

Alex Veitch, directeur de la politique au sein de la British Chambers of Commerce, a salué l'engagement de Reynolds.

"L'investissement supplémentaire pour la formation dans des secteurs clés, tels que la défense et l'ingénierie, pourrait constituer un véritable tremplin pour la croissance", a estimé Veitch.

Le gouvernement a déjà indiqué qu'il entendait changer radicalement son approche en matière de défense afin de répondre aux menaces provenant de la Russie, aux risques nucléaires et aux cyberattaques.

En février, Keir Starmer a promis la plus forte augmentation durable des dépenses de défense britannique depuis la fin de la guerre froide, en réaction à l'insistance du président américain Joe Biden pour que l'Europe assume davantage la responsabilité de sa propre sécurité.

Autres engagements

Le gouvernement a également annoncé un soutien de 380 millions de livres aux industries créatives, du cinéma aux jeux vidéo, ainsi que plus de 900 millions de livres pour organiser de grands événements sportifs et moderniser les infrastructures locales.

Cependant, les organisations patronales estiment que le coût élevé de l'énergie demeure une menace majeure pour l'industrie britannique et appellent le gouvernement à agir.

Un rapport publié en juin par l'association industrielle Make UK a averti que, sans intervention de l'État, les secteurs à forte intensité énergétique du pays pourraient connaître un déclin durable. L'organisation recommande notamment une réforme des coûts de réseau, des dispositifs d'aide ciblés et une tarification de l'énergie plus prévisible.

La ministre des Finances, Rachel Reeves, a reconnu ces pressions lors de sa revue budgétaire du 12 juin, qui a défini les budgets ministériels et présenté plus de 10 milliards de livres d'investissements dans les infrastructures vertes et la décarbonation industrielle.

Elle a indiqué que le gouvernement soutiendrait les améliorations d'efficacité énergétique et encouragerait le développement de technologies bas carbone, tout en confirmant la création d'un Conseil britannique de la stratégie industrielle chargé de superviser la mise en oeuvre du plan de croissance gouvernemental.

(€1 = 0,7435 livre sterling)