Londres (awp/afp) - Le cours du bitcoin baissait lundi à son plus bas depuis début août, dans un marché s'éloignant des actifs à risque en raison d'une possible faillite du chinois Evergrande, tandis que les régulateurs s'intéressent de plus en plus aux cryptomonnaies.

Le bitcoin a reculé jusqu'à 42.523 dollars, un plus bas depuis un mois et demi. Vers 14H00 GMT (15H00 à Paris), il perdait 7,5% à 44.009 dollars.

Les cryptomonnaies reculaient dans le sillage d'autres actifs, des actions aux matières premières, au moment où le géant chinois de l'immobilier Evergrande pourrait faire défaut sur une partie de sa dette géante de 260 milliards d'euros.

"Qui aurait cru que le marché des cryptomonnaies était si connecté au marché immobilier chinois...", ironise Neil Wilson, analyste chez Markets.com, selon qui la chute du jour prouve bien que le bitcoin "n'est pas un actif décorrélé" du reste des marchés.

C'est en effet le pari de certains adeptes du bitcoin, créé en 2008 dans le sillage de la crise financière : puisqu'elle n'est pas émise par une banque centrale mais par un réseau décentralisé et automatisé, elle pourrait protéger ses utilisateurs des fluctuations du marché.

Les analystes de JPMorgan ont même estimé que pour les plus jeunes investisseurs, le bitcoin pourrait remplir le rôle de l'or, une valeur refuge anti-inflation. Mais selon Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, ce sont justement les inquiétudes sur la hausse des prix qui pèsent sur le bitcoin.

"Il y a de plus en plus de spéculations sur une action des banques centrales pour contrer l'inflation" en durcissant leurs politiques monétaires, explique-t-elle à l'AFP.

Or, ce sont justement ces "programmes massifs d'achats obligataires qui ont inondé les marchés de liquidité en faveur des actifs les plus risqués, comme les cryptomonnaies", complète-t-elle.

Par ailleurs, les régulateurs, notamment aux États-Unis, pourraient sévir contre ce secteur décentralisé, préviennent les analystes de UBS dans une note.

"Les autorités portent plus d'attention aux cryptomonnaies avec l'intérêt accru des grandes banques et institutions financières", elles-mêmes alléchées par la hausse de 300% des cours sur l'année, notent-ils.

Ils estiment que le bitcoin pourrait "être victime de son propre succès, un risque qui ne pèse pas sur l'or".

Le New York Times a dédié dimanche un long papier à "l'inquiétude de Washington" envers le secteur des paiements par cryptomonnaie.

Le site spécialisé Coindesk y voit un signal clair: "si le journal américain de référence, très connecté dans la capitale, juge utile d'écrire un tel dossier sur la question, c'est que la régulation arrive", écrit un de ses éditeurs.

afp/rp