De 25% à 17% du CAC40

Les valeurs du luxe tentent de relever la tête à Paris cette semaine, après un été meurtrier. Leur influence sur le CAC40 s'est considérablement réduite en 2024, même si elles restent l'une des principales forces sectorielles de l'indice.

LVMH (9,09%), L'Oréal (5,46%), Hermès (3,58%) et Kering (1,04%) représentent ensemble 16,7% du poids du CAC40, en prenant en considération la capitalisation flottante en séance du 9 septembre 2024 (et les datas Euronext). Mais au temps de sa splendeur en 2023, le secteur a pesé jusqu'à 25% de l'indice.  

Au-delà de cette constatation, il est intéressant de noter que l'expression "au temps de sa splendeur", en plus d'être délicieusement surannée, couvre une réalité un peu complexe, car les plus hauts des entreprises sont décalés :

  • Kering affiche un record à 798 EUR le 13 août 2021. Le groupe est passé en trois ans du statut de LVMH en puissance à celui de Burberry en devenir, ce qui n'est pas vraiment la panacée pour l'actionnaire.
  • LVMH a connu un plus haut le 24 avril 2023 à 904,60 EUR. Le record commence un peu à dater : le marché avait assez bien perçu les soucis que représentaient l'absence de reprise en Chine pour le groupe.
  • Hermès a touché un record plus récemment, à 2436 EUR le 21 mars 2024. Le sellier a continué à afficher des performances époustouflantes alors que ses rivaux commençaient à souffrir. Il a donc pu conserver sa prime plus longtemps que les autres, même si les investisseurs pensent qu'une passe plus compliquée se profile désormais.
  • L'Oréal affiche le record le plus récent : 461,85 EUR le 6 juin 2024. Paradoxalement, la société est la moins luxueuse des quatre entreprises, car elle réalise une partie de son chiffre d'affaires dans des produits moins haut de gamme. Pour autant, elle a mieux tenu le choc : essentiellement parce qu'elle n'avait pas connu un parcours aussi impressionnant en bourse auparavant.

Voilà la représentation graphique des sommets de chaque titre :

Rouge
Ces élégants points rouges marquent la date des records de chaque action

Lux-ottica

Il faut peut-être aussi ajouter à ce quatuor un cinquième dossier : EssilorLuxottica. Le groupe franco-italien a largement adopté les standards du luxe dans sa stratégie. Et si ses marges sont loin de celles de LVMH et Hermès, elles font jeu égal avec Kering et se rapprochent de celles de L'Oréal. EssilorLuxottica a le vent en poupe, avec un titre qui a signé un record à 219 EUR il y a une semaine. C'est désormais le 13e dossier le plus influent du CAC40.

Graph

Sur les deux dernières années, le titre affiche une solide performance

Luxe ter

Au sein de l'indice Stoxx Europe 600, trois des six plus mauvaises performances de l'année sont des valeurs apparentées au luxe. On retrouve Burberry, bon dernier, avec -60% au compteur. Les investisseurs ont arrêté de croire que le Britannique allait devenir le meilleur cheval de remontada du marché, après que le management eut acté l'échec de sa dernière stratégie. Hugo Boss, qui oscille entre le luxe et la grande consommation haut de gamme, affiche pour sa part -50% depuis le 1er janvier. Le groupe allemand avait déjoué les pronostics jusqu'à la fin 2023, en améliorant ses performances contre toute attente. Mais il a beaucoup déçu depuis, détruisant une partie du capital-confiance qu'il avait mis du temps à reconstituer. Enfin Kering, avec -43%, est dans une situation à la Burberry : les frémissements de redressement se sont toujours traduits jusqu'ici par des déceptions. L'arrivée Sabato de Sarno aux commandes de la création de Gucci il y a quelques mois n'a pas encore pu porter ses fruits, mais les analystes commencent à douter qu'une inflexion est possible.