Dis-moi qui tu es, je te dirai pourquoi tu montes

Quand un événement crée un engouement haussier spéculatif, comme par exemple la baisse de 50 points des taux d'intérêts américains décidée par la Fed hier soir, les investisseurs ont tendance à se ruer sur plusieurs typologies d'actions dont ils savent qu'elles vont bien réagir à court terme.

Il est en effet généralement possible de faire des coups sur :

  • Les valeurs populaires-pourries. Le raisonnement est presque trivial : si la situation (économique, boursière, temporaire…) s'améliore, les entreprises qui traînent dans les bas-fonds pourraient sortir du trou. Archétype : Atos.
  • Les valeurs récemment délaissées mais qu'on aime toujours. Là encore, on navigue au milieu des esprits animaux : ce qui était au sommet devrait y revenir. Archétype : Sartorius Stedim Biotech.
  • Les secteurs qui ont été sabrés récemment mais qui ont encore des arguments. Archétype : le luxe, avec ce jour par exemple LVMH. Sur fond de promesse de reprises des ventes aux Etats-Unis, à défaut de reprise de la consommation en Chine.
  • Les secteurs qui ont été sabrés récemment et qui sont profondément value. Archétype : l'automobile, avec notamment Stellantis ou BMW. Malgré une actualité dégueulasse morne.

On évite en revanche les télécoms (Orange, Eutelsat) et les utilités (Engie, EON) quand on veut faire de la spéculation haussière !

Le luxe est marqué d'un Z, qui veut dire Zara

Pour en revenir au secteur du luxe et à LVMH en particulier, AlphaValue a mis en avant hier soir un constat implacable : la mode de base est mieux valorisée que la mode haut de gamme. La preuve ? Inditex se paie 28 fois les résultats de l'année, contre 19 fois à LVMH. Ce décalage est visible à l'échelle sectorielle : 23 fois pour le Luxe (LVMH, Hermès, Kering, Compagnie Financière Richemont, Prada, Moncler, Swatch, Burberry) contre 26 fois pour la mode ordinaire (Inditex, Hennes & Mauritz, Next, Allegro, Marks & Spencer, Asos, About You, Global Fashion Group dans l'univers AlphaValue).

"Inditex fascine AlphaValue depuis… 17 ans. Même le changement de génération au sein de la direction en Galice s'est remarquablement déroulé. La valorisation élevée d'Inditex n'est plus une surprise. Ce qui est surprenant, c'est que des groupes de mode moins connus comme Next ou M&S se sont très bien comportés depuis le début de l'année. Le seul retardataire du secteur est finalement H&M, même après un gain de 9% au cours de la semaine dernière", souligne le bureau d'études, qui poursuit, coquin "il se pourrait bien qu'une partie de l'argent qui poursuivait le rêve d'une croissance du luxe chinois soit finalement revenu à des ambitions européennes moins nobles".

Cette situation se produit alors que le secteur est quand même concurrencé par des entreprises dont personne ne comprend le modèle économique, comme Temu et Shein. Ce qui n'a pas empêché le secteur de "réussir à monter en gamme, tout en conservant des prix acceptables". Si Inditex semble avoir épuisé son potentiel de hausse, il faut peut-être regarder du côté de de H&M, Allegro et Zalando, estime AlphaValue. Après tout, la baisse des taux va dégager un peu de budget pour renouveler la garde-robe.