L'écart se creuse

Visualisation éloquente et simplissime de l'écart qui se creuse depuis quelques jours sur les actions. L'Europe souffre d'une sousperformance d'un peu moins de 4% par rapport au S&P500 et d'un peu plus de 6% par rapport au Nasdaq 100 depuis le 26 octobre.

Sousperf

Les miscellanées de Bank of America

Bank of America publie périodiquement une grosse compilation de 140 pages qui cherche à prendre de la hauteur en donnant une image de moyen à (très) long terme des tendances d'investissement. Presque toutes les pages sont intéressantes, mais voilà un florilège de quelques données intéressantes, par le petit bout de la lorgnette vu la somme de connaissances disponibles.

Première donnée, la valorisation des banques US n'a jamais été aussi basse

Bank

Les banques US n'ont jamais été aussi bon marché

 

Quelques chiffres glanés dans une longue liste :

  • Démographie : La population chinoise va baisser de 800 millions de personnes d'ici 2100 par rapport aux 1 400 millions d'habitants actuels.
  • Taux directeurs : 520 hausses de taux de banques centrales au cours des 24 derniers mois.
  • Obligations : les bons du trésor US vont (probablement) enchaîner une 3e année consécutive de baisse, une première en 246 ans d'existence des Etats-Unis.

Humilité

Un graphique que j'aime beaucoup et qui rend humble. L'évolution des puissances mondiales, sur la base de leur poids économique. On peut par exemple constater que la puissance de la Chine et de l'Inde, qui va en s'accroissant, a des airs de déjà-vu (même si la partie démographie de la rubrique précédente incite à la prudence sur la Chine). L'effondrement soviétique post-seconde guerre mondiale est aussi visible, comme la réduction de l'influence européenne.

Humilité

La dette française en hausse, mais sous la moyenne

Coût de la dette française : un plus haut de 12 ans, à 3,56%, mais en deçà de la moyenne long terme de 5,6%. BofA précise que "les données n'étaient pas disponibles entre juillet 1793 et décembre 1796".  

Dette

Le feu au lac ?

Depuis quelques jours, fleurissent des articles sur les mésaventures des actions suisses, qui ne sont plus le havre de paix qu'elles étaient. Je ne sais pas si un article originel a fait tache d'huile ou si plusieurs observateurs ont constaté en même temps le phénomène, mais je vais à mon tour apporter ma pierre à l'édifice en relayant l'affaire. Bloomberg a par exemple écrit ce matin "le Swiss Market Index se dirige vers sa pire performance annuelle par rapport à ses pairs de la zone euro depuis 1999, après que ses plus grandes entreprises ont déçu les investisseurs lors de la saison des bénéfices".

De fait, le marché suisse fait grise mine par rapport à la moyenne européenne (en rose).

Suisse

"En plus des bénéfices décevants, les prévisions de bénéfices des membres du SMI sont nettement inférieures à celles de leurs concurrents de la zone euro. Les bénéfices prévisionnels par action des entreprises de l'Euro Stoxx 50 ont augmenté de près de 30 % depuis le début de l'année 2021, alors que le SMI n'a pratiquement pas progressé", note par ailleurs Bloomberg.

Même constat chez mes camarades d'AlphaValue, qui trouvent que la "Schweizer Qualität", c'est plus ce que c'était. Le modèle d'affaires supérieur des sociétés suisses a du mal à s'imposer cette année. L'univers de 80 valeurs helvétiques suivies par AlphaValue affichait des prévisions de bénéfices cumulés proche de 99 Mds€ pour 2023 il y a un an. Total réduit à 93 Mds€ actuellement.

Wegovy vs. Switzerland

Le bureau d'études avance plusieurs pistes intéressantes. Les classiques, qui tiennent à la répartition sectorielle plutôt conservatrice et à l'absence de certains métiers prisés des investisseurs dernièrement. Les résultats donc aussi. Et des justifications plus originales. Par exemple, peut-être que les dinosaures Nestlé, Roche et Novartis ont pâti de l'effet Novo Nordisk en même temps (concurrence pharma, sucreries sur le déclin avec les traitements anti-obésité ?). Ou peut-être que les multinationales suisses ont poussé leur avantage prix un peu loin ? En tout cas, c'est une mauvaise passe pour les actions du pays. AlphaValue termine quand même en rappelant que, comme toutes les mauvaises passes, celle-ci fait apparaître des opportunités avec l'évaporation totale de la prime price to book du contingent suisse par rapport à la moyenne de l'univers AlphaValue, une première depuis 2016.