Un cardinal italien, reconnu coupable de détournement de fonds et de fraude, a annoncé mardi qu'il ne participera pas au conclave secret destiné à élire le nouveau pape, qui se tiendra la semaine prochaine dans la chapelle Sixtine suite au décès du pape François.
Le cardinal Angelo Becciu, le plus haut responsable de l'Eglise catholique jamais jugé devant un tribunal pénal du Vatican, a été condamné en décembre 2023 à cinq ans et demi de prison. Il nie toute malversation et reste en liberté en attendant l'issue de son appel.
François, décédé le 21 avril à l'âge de 88 ans, avait limogé Becciu d'un poste important au Vatican en 2020, l'accusant de détournement de fonds.
Le pape avait permis à Becciu de conserver son titre ecclésiastique ainsi que son appartement au Vatican, mais l'avait privé de ce que le Saint-Siège avait alors défini comme « les droits associés au cardinalat », laissant planer un doute sur sa participation possible au conclave.
« Ayant à cœur le bien de l'Eglise... j'ai décidé d'obéir, comme je l'ai toujours fait, à la volonté du pape François et de ne pas entrer au conclave, tout en restant convaincu de mon innocence », a déclaré le cardinal.
Le retour sur le devant de la scène de l'affaire Becciu pourrait porter préjudice au cardinal italien Pietro Parolin, haut responsable du Vatican considéré comme l'un des favoris pour succéder à François.
L'affaire Becciu portait sur l'achat controversé pour 200 millions de dollars d'un immeuble à Londres par la Secrétairie d'Etat, principal organe administratif et diplomatique du Vatican, dirigé par Parolin, qui n'a pas été mis en cause.
PRÉPARATIFS DU CONCLAVE
Environ 135 cardinaux de moins de 80 ans, venus du monde entier, sont habilités à participer au vote pour le prochain chef de l'Eglise, forte de 1,4 milliard de fidèles, en proie à des interrogations sur ses finances et des divisions doctrinales.
Les deux précédents conclaves, en 2005 et 2013, n'avaient duré que deux jours, mais certains estiment que la procédure pourrait cette fois s'éterniser.
Plusieurs cardinaux nommés par François, issus de pays jusque-là jamais représentés, ne s'étaient encore jamais rencontrés.
Cependant, le cardinal Gregorio Rosa Chavez, du Salvador, a estimé mardi que ce conclave pourrait se conclure rapidement.
« J'ai l'impression que le conclave sera court, deux ou trois jours, c'est le sentiment que nous avons dans la salle », a-t-il confié à la presse. Agé de 82 ans, Chavez ne pourra toutefois pas voter.
Le cardinal Louis Raphaël Sako, chef de l'Eglise catholique chaldéenne de Bagdad, a lui aussi prédit un processus aussi rapide pour l'élection du successeur de François, premier pape originaire d'Amérique latine.
« Il règne une atmosphère fraternelle et sincère, c'est donc dans un esprit de responsabilité que nous choisirons quelqu'un qui poursuivra l'œuvre du pape François », a-t-il affirmé.