Les indices américains ont plié hier soir en fin de parcours, le temps d'intégrer le contenu du compte-rendu de la dernière réunion de la Fed. Le Dow Jones, le S&P500 et le Nasdaq ont perdu environ 1% à la cloche en comprenant que la banque centrale allait réduire ses rachats d'actifs probablement dès cette année.

Pour bien comprendre la situation, retenez qu'il y a trois scénarios majeurs qui trottent dans la tête des investisseurs, même s'ils savent au fond que l'un d'eux relève du fantasme. Première hypothèse, que nous appellerons "un jour sans fin" : l'économie va bien mais pas trop, le marché du travail va bien mais pas trop et le virus circule encore mais pas trop. Dans ce scénario, la Fed décale le démontage de son barnum à liquidités et les marchés continuent à vivre sur leurs acquis en spéculant sur la date à laquelle le dispositif sera réduit. Seconde hypothèse, baptisons-la "scénario central", les indicateurs macroéconomiques des prochaines semaines tiennent bon et la situation sanitaire reste contrôlable. La Fed annonce en septembre la réduction du programme de soutien à partir de la fin de l'année, en prenant les pincettes habituelles. Les marchés accusent le coup mais savaient bien que cela se terminerait ainsi. Enfin troisième hypothèse, la "chimère", qui consiste à se persuader que la banque centrale reconduira sine die son aide pour continuer à irriguer les marchés de liquidités. Actuellement, beaucoup d'investisseurs rêvent de chimère sans ignorer que le scénario central a de bonnes chances de se mettre en place. Je schématise à l'extrême, rien n'est jamais sûr en économie, mais les grandes orientations ressemblent à peu près à çà.

Au sein de la Fed, et c'est l'enseignement des minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire publiées hier soir, les avis sont encore partagés mais le camp des faucons, qui prône un retour à une politique monétaire plus orthodoxe, a marqué des points. Il est d'ailleurs écrit dans le document que la plupart des participants estiment qu'il paraît opportun de commencer à réduire le rythme des achats d'actifs cette année, si toutefois les conditions économiques évoluent comme ils l'ont prévu. Les investisseurs sont évidemment contrariés quand les robinets à liquidités, très favorables aux marchés actions, se referment progressivement, surtout aux Etats-Unis. C'est la raison pour laquelle les faits et gestes de la Fed sont le principal déterminant actuel des tendances boursières… et la raison de son omniprésence dans les commentaires du moment.

Changeons totalement de sujet en évoquant le différentiel de performances entre places boursières hier en Europe. En trustant les quatre premières places du palmarès des baisses du CAC40, le Luxe a mis l'indice français sens dessus dessous, et par ricochet l'Euro STOXX 50. Les indices moins lestés en sacs Vuitton, pochettes Gucci, carrés Hermès et crèmes Lancôme ont eu droit à leur rebond, comme le DAX allemand (+0,2%) ou le SMI suisse (+0,5%). Mais L'Oréal a perdu 1,7%, Kering 3,5%, Hermès 3,8% et LVMH 5,2%. Sur la base des cours actuel, les quatre actions pèsent ensemble 24% de l'indice parisien. Pas étonnant qu'il ait perdu 0,7% hier, après avoir déjà sousperformé ses voisins lundi et mardi. La raison de ce plongeon est simple et n'a pas grand-chose à voir avec la Fed cette fois. C'est la Chine qui préoccupe les investisseurs, avec sa croissance et ses ventes de détail un peu moins dynamiques que prévu, les sautes d'humeur répressives de son pouvoir central et la persistance des risques – donc des restrictions – sanitaires. Or la Chine est devenue le moteur de toute la croissance mondiale des marques de luxe, et leur plus gros marché. Les consommateurs chinois génèrent un peu plus de 30% des revenus annuels du secteur, une part qui pourrait atteindre un niveau incroyable de 45% dès le milieu de la décennie. Les trajectoires de résultats des acteurs du secteur sont évidemment bâties sur l'hypothèse que le pays de cocagne chinois le restera. Par conséquent, tout ce qui se produit d'inquiétant en Chine est inquiétant pour l'industrie du Luxe, une dimension à ne pas négliger quand on investit sur les champions français.

Vous constaterez qu'il y a depuis hier soir une nouvelle concentration de publications de résultats d'entreprises, notamment aux Etats-Unis avec Nvidia, Robinhood ou Cisco, ainsi qu'en Europe avec Adyen ou Geberit.

Le CAC40 perd 1,5% à 6665 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Trois statistiques américaines aujourd'hui, les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'indice Philly à 14h30, puis l'indice des indicateurs avancés à 16h00.

L'euro est sous pression à 1,1675 USD. L'once d'or varie peu à 1880 USD. Le pétrole recule encore, à 67,46 USD le baril de Brent de mer du Nord et à 64,50 USD le baril de brut léger américain WTI. Sur le marché obligataire, le taux du 10 ans américain a peu varié, à 1,26%, tandis que le Bund reste fermement ancré en territoire négatif à -0,48%. Le Bitcoin perd de l'altitude à 44 140 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Admiral : HSBC passe de conserver à alléger en visant 3050 GBp.
  • Avon Protection : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 4180 à 3255 GBp.
  • Bodycote : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 915 à 1030 GBp.
  • Carlsberg : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1075 à 1100 DKK. Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1237 à 1295 DKK.
  • Compagnie Financière Richemont : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 137 à 157 CHF.
  • CTS Eventim : SRH AlsterResearch démarre le suivi à conserver en visant 55 EUR.
  • Emmi : Credit Suisse relève son objectif de cours de 935 à 1081 CHF.
  • EssilorLuxottica : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 165 à 188 EUR.
  • Galapagos : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 50 EUR.
  • GFT Technologies : Kepler Cheuvreux reste acheteur avec un objectif relevé de 27 à 31 EUR.
  • Grieg Seafood : Arctic Securities passe d'acheter à conserver en visant 90 NOK.
  • Hermès : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif relevé de 1010 à 1363 CHF.
  • Kering : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 779 à 881 EUR.
  • Lanxess : Goldman Sachs passe de vendre achats en visant 72 EUR.
  • Leonardo : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 11,10 à 9,76 EUR.
  • LVMH : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 703 à 843 EUR.
  • Moncler : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 67 à 69 EUR.
  • Teleperformance : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 425 EUR.
  • The Swatch Group : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 353 à 370 CHF.
  • The Weir : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 1970 GBp.
  • Vitec : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 1810 GBp.

En France

Annonces importantes

  • Rubis évoque un impact limité sur ses activités à Haïti après les catastrophes qui ont frappé le pays.
  • La centrale biomasse de Voltalia en Guyane certifiée PEFC.
  • GTT et CCS Shanghai Rules & Research Institute signent un accord de coopération technique.
  • Néovacs tire une dernière tranche de 2 M€ sur son programme OCEANE-BSA conclu avec EHGOS, qui prend fin.
  • CBo Territoria a publié ses comptes.

Dans le monde

Principales annonces de résultats

  • Nvidia gagne 2% hors séance après la publication de ses résultats trimestriels.
  • Victoria's Secret perd 8% hors séance après ses trimestriels.
  • Cisco perd 2% hors séance après ses comptes trimestriels.
  • Adyen publie au-dessus des attentes et confirme ses objectifs.
  • Geberit dépasse les attentes au S1.
  • Robinhood chute de 9% hors séance après la publication de pertes au T2.

Annonces importantes

  • CME Group dément les rumeurs du Financial Times selon lesquelles elle aurait proposer de racheter CBOE pour 16 Mds$ en actions.
  • Toyota décroche en fin de parcours après une information de Nikkei évoquant une forte réduction de la production en septembre.
  • Comcast et ViacomCBS vont lancer un service de streaming dans plus de 20 pays européens.
  • T-Mobile US confirme sur une faille de cybersécurité ayant un impact sur plus de 40 millions de clients.
  • Wells Fargo renonce à se séparer de sa division crédit personnel.
  • NN Group vend NN IP à Goldman Sachs pour 1,7 Md$.
  • Nordic Capital et Insight pourraient racheter l'américain Inovalon, selon Bloomberg.
  • La sortie de la cote de BHP au Royaume-Uni pourrait avoir d'importantes conséquences sur la gestion passive, selon les traders.
  • La SEC sanctionne trois anciens ingénieurs de Netflix pour des délits d'initiés.
  • ABB obtient une commande de 110 MCHF en Australie.
  • Greensill se place sous la protection de la loi sur les faillites aux Etats-Unis.
  • Roche a reçu le feu vert de l'agence américaine des médicaments pour le Ventana MMR RxDx, un test pour identifier les tumeurs solides susceptibles de devenir cancéreuses.
  • La purge se poursuit pour les technologiques chinoises, en particulier Alibaba.
  • Londres va enquêter sur les implications du rachat d'Ultra Electronics par Cobham en matière de sécurité nationale.
  • Principales publications de résultats. Applied Materials, Estée Lauder, Adyen, Ross Stores, NIBE Industrier, Geberit, Antofagasta, Farfetch, Tapestry, Banque Cantonale Vaudoise, Montea

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