par Sujata Rao et Simon Jessop

LONDRES, 8 novembre (Reuters) - De grandes entreprises grecques pourraient profiter de leur prochaine entrée dans le principal indice MSCI des marchés émergents en attirant des milliards d'euros de capitaux susceptibles de doper leur cours de Bourse.

Dix entreprises grecques intégreront le 27 novembre l'indice "Emerging Markets" (EM), a annoncé jeudi MSCI, société privée dont les indices servent de référence pour quelque 7.000 milliards de dollars (5.200 milliards d'euros) d'actifs financiers dans le monde.

Parmi les valeurs grecques concernées figurent National Bank of Greece, Piraeus Bank et Alpha Bank .

La sortie annoncée de la Grèce de l'indice des principaux marchés "développés pourrait de prime abord être interprétée comme un revers pour le marché athénien. Mais de nombreux analystes estiment au contraire qu'il profitera de cette décision, qui intervient après les mesures similaires prises par d'autres fournisseurs d'indices, Russell Indexes et Standard & Poor's. FTSE pourrait leur emboîter le pas.

"Sur le long terme, le résultat sera bien plus positif pour la Grèce", estime Ludovic Moreau, responsable des stratégies de trading de Citi.

Il estime que les fonds "passifs", qui cherchent à répliquer strictement les performances de l'indice, injecteront quelque 500 millions de dollars dans les valeurs grecques concernées et que 350 millions supplémentaires pourraient provenir des fonds "semi-passifs" qui suivent l'indice avec des marges d'évolution.

La Grèce ne pesait que 0,02% de l'indice MSCI "développé", ce qui la défavorisait car la faiblesse de cette pondération permettait aux fonds passifs de négliger les valeurs grecques dans leurs portefeuilles.

Au contraire, Athènes représentera 0,4% de l'indice émergent global et même 4% de l'indice MSCI "Emerging Europe" .

LES FONDS "ACTIFS" À L'AFFÛT

Autre atout potentiel pour la Bourse grecque: les capitaux des fonds "actifs", qui sélectionnent les valeurs dans lesquelles ils investissent en fonction de leurs caractéristiques propres et non de leur présence dans tel ou tel indice. Nombre d'entre eux, qui privilégient les marchés émergents, ne pouvaient jusqu'à présent pas cibler les valeurs grecques.

Les flux de capitaux issus de ces fonds pourraient représenter trois à quatre fois ceux des fonds passifs, estime Ludovic Moreau, ajoutant: "Nous estimons qu'environ deux à trois milliards de dollars d'exposition pourraient provenir de gérants de fonds actifs."

Une autre banque, Renaissance Capital, dit prévoir 520 millions de dollars de flux de capitaux vers les actions grecques en provenance des fonds indiciels (ETF, exchange-traded funds). Elle précise que l'impact devrait être neutre pour les grosses valeurs mais plus positif pour les petites, qui ne sont pour l'instant pas incluses dans l'indice MSCI "Developed Greece".

Les autres valeurs grecques concernées sont le groupe d'accessoires de mode Folli Follie, la compagnie pétrolière Hellenic Petroleum, le distributeur Jumbo , le groupe de jeux de hasard OPAP, l'opérateur de télécoms OTE, la compagnie d'électricité Public Power et le cimentier Titan Cement.

Si les capitaux attendus arrivent bel et bien, l'impact potentiel pourrait être énorme: Citi estime que les flux des fonds passifs et semi-passifs pourraient représenter entre 10 et 30 fois les volumes de transactions quotidiens moyens sur certaines valeurs.

Une partie de ces anticipations sont toutefois déjà intégrées dans les cours: l'indice phare de la Bourse d'Athènes a gagné 30% depuis le début de l'année et les volumes d'échanges y ont atteint en octobre leur plus haut niveau depuis juin 2012.

Pour les 11 valeurs qui étaient jugées susceptibles d'intégrer l'indice des marchés émergents, la hausse dépasse 50% en dollars par rapport au 11 juin 2013, date de la première annonce du changement de catégorie du marché boursier local. (avec Sudip Kar-Gupta et Carolyn Cohn à Londres, Angeliki Koutantou et Lefteris Papadimas à Athènes; Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)