Son indice du climat des affaires a reculé à 74,3 après 85,9 en mars, accusant ainsi sa plus forte baisse d'un mois sur l'autre depuis la création de l'enquête. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 80,0.

"Le moral des entreprises allemandes est catastrophique", a déclaré le président de l'Ifo, Clemens Fuest, cité dans un communiqué. "La crise du coronavirus frappe l'économie allemande de toutes ses forces."

Le sous-indice mesurant le jugement des entreprises sur la situation actuelle a baissé à 79,5 après 92,9 en mars, celui des anticipations à 69,4 contre 79,5.

Les entreprises allemandes n'avaient jamais été aussi pessimistes, souligne l'Ifo, ajoutant que l'Allemagne traverse sa période la plus difficile depuis la réunification en 1990.

L'institut attend de premiers signes de reprise à partir de la fin du premier semestre au plus tôt mais exclut l'hypothèse d'une reprise en V, soit un rebond aussi rapide et marqué que la chute de l'activité.

La Bundesbank, la banque centrale allemande, a estimé lundi que l'économie allemande traversait une période de "grave récession" et le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une chute de 7,5% du produit intérieur brut (PIB) sur l'ensemble de cette année. Mais la contraction pourrait être encore plus marquée si la prolongation de l'épidémie de COVID-19 freinait le redémarrage de l'activité.

"Aussi terribles que soient les chiffres de l'Ifo d'aujourd'hui, il serait plus inquiétant pour les chiffres de la croissance que l'assouplissement des mesures de confinement prenne plus de temps et soit plus graduel que prévu initialement", explique Carsten Brzeski, économiste d'ING.

Plusieurs constructeurs automobiles ont relancé cette semaine l'activité de certaines de leurs usines et une partie des magasins ont été autorisés à rouvrir mais des règles strictes de distanciation sociale restent en vigueur.

Selon l'IAB, un institut spécialisé dans les études sur le marché du travail, le nombre de chômeurs en Allemagne pourrait augmenter d'environ 520.000 cette année pour dépasser trois millions, des estimations fondées sur l'hypothèse d'une chute de 8,4% du PIB.

Selon l'IAB, la baisse du PIB devrait atteindre 14,6% au deuxième trimestre.

(Klaus Lauer et Paul Carrel, version française Marc Angrand)