BANGALORE/FRANCFORT/PARIS (Reuters) - AstraZeneca a publié jeudi de nouvelles données encourageantes sur l'efficacité de son cocktail d'anticorps monoclonaux dans la prévention du COVID-19, le suivi à six mois mettant en évidence une réduction de 83% du risque de survenue d'un COVID-19 symptomatique par rapport au placebo.

Baptisé Evusheld (ou AZD7442), ce produit combine des copies, obtenues par génie génétique, de deux anticorps issus du plasma de patients convalescents ayant guéri d'une infection par le coronavirus SARS-CoV-2.

Cette bithérapie d'anticorps monoclonaux à action prolongée nécessite une seule dose, est administrée par voie intramusculaire et son profil de sécurité apparaît comparable à celui du placebo.

"Ce qui est important, c'est que cette protection à six mois s'est maintenue chez les participants à haut risque et/ou immunodéprimés (soit la plupart des patients recrutés pour cette étude-NDLR) en dépit de la flambée du variant Delta", souligne son auteur principal, Hugh Montgomery, professeur de médecine des soins intensifs au University College de Londres, cité dans le communiqué.

Initialement découverte par le centre médical de l'université Vanderbilt de Nashville (Tennessee), elle avait affiché une efficacité de 77% à trois mois selon des données publiée l'été dernier.

Ce traitement permet d'élargir l'arsenal préventif, notamment pour les patients immunodéprimés dont le système immunitaire est trop altéré pour que la vaccination leur permette de développer une protection suffisante, alors même qu'ils sont particulièrement susceptibles de développer une forme grave de COVID-19.

Il est également efficace en "prophylaxie post-exposition", c'est-à-dire pour éviter qu'une personne récemment contaminée par le virus SARS-CoV-2 ne développe une forme grave de COVID-19.

Selon un autre essai clinique portant sur cette indication, l'administration de ce traitement AZD7442 jusqu'à trois jours après la survenue de symptômes légers à modérés de COVID-19 réduit de 88% le risque de COVID-19 sévère ou de décès par rapport au placebo.

AstraZeneca a soumis une demande d'autorisation d'urgence auprès de la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité sanitaire américaine et l'Agence européenne des médicaments (EMA) a quant à elle entamé mi-octobre une procédure d'évaluation en continu des données concernant l'Evusheld.

L'EMA a annoncé la semaine dernière l'autorisation de mise sur le marché (AMM) dans la prise en charge du COVID-19 de deux produits d'anticorps monoclonaux, la bithérapie Ronapreve (casirivimab/imdevimab) développée par la biotech américaine Regeneron et le laboratoire suisse Roche, et la monothérapie Regkirona (regdanvimab) du laboratoire Celltrion.

Elle avait déjà approuvé le remdesivir de Gilead à l'été 2020.

En France, la HAS a donné son feu vert à l'utilisation en accès précoce pré-AMM du Ronapreve en prévention chez les patients immunodéprimés à très haut risque de forme sévère de COVID-19 dès cet été.

(Reportage Pushkala Aripaka à Bengalore et Ludwig Burger à Francfort, avec la contribution de Myriam Rivet à Paris pour la version française, édité par Sophie Louet)