À Paris, le CAC 40 a fini la journée sur un repli de 1,11% (65,43 points) à 5.806,34 points, sa plus mauvaise clôture depuis le 5 décembre, après un bref passage sous les 5.800 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 1,39% et à Francfort, le Dax a reculé de 1,33%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,35%, le FTSEurofirst 300 1,01% et le Stoxx 600 1,07%.

En hausse à l'ouverture, les actions européennes sont passées dans le rouge en milieu de matinée après l'annonce de deux premiers cas d'infection au coronavirus au Royaume-Uni et les derniers chiffres rendus publics par Pékin sur la propagation de l'épidémie, qui dépassent désormais ceux de l'épidémie du Sras en 2002-2003.

La croissance de l'économie chinoise pourrait tomber à 5,6% cette année, estime le cabinet Oxford Economics, qui tablait auparavant sur 6%.

"Avec les répercussions dans le reste du monde, cela pourrait réduire la croissance mondiale 2020 de 0,2 point à 2,3%, ce qui serait le chiffre annuel le plus faible depuis la crise financière mondiale", ajoute-t-il.

Dans ce contexte, l'événement très symbolique que constitue la sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union européenne est pratiquement ignoré par les marchés.

Sur l'ensemble de la semaine, le Stoxx 600 a perdu 3,05% et le CAC 40 3,62%.

VALEURS

Tous les grands secteurs de la cote européenne ont cédé du terrain. Les replis les plus marqués ont touché deux des plus exposés aux retombées de l'épidémie: celui du pétrole et du gaz a perdu (-1,59%) et celui des matières premières 1,64%.

Le compartiment des banques (-1,49%) a souffert à la fois de la baisse des rendements obligataires et de la chute de 13,3% de l'espagnole Banco Sabadell après une perte inattendue due à de nouvelles provisions.

Dans l'industrie, Electrolux a cédé 2,31% après avoir averti que l'épidémie aurait un impact sur ses activités en perturbant ses approvisionnements depuis la Chine.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones cédait 1,51%, le Standard & Poor's 500 1,38% et le Nasdaq Composite 1,27%.

Ce dernier limite ses pertes entre autres grâce au bond de 9,11% d'Amazon au lendemain de résultats supérieurs aux attentes qui permettent au géant du commerce en ligne de repasser la barre symbolique des 1.000 milliards de dollars de capitalisation.

LES INDICATEURS DU JOUR

En Europe, la croissance du PIB de la zone euro au quatrième trimestre ressort inférieure aux attentes en première estimation à 0,1%, en raison notamment d'une contraction en France (-0,1%) et en Italie (-0,3%).

L'inflation des 19 a quant à elle légèrement augmenté à 1,4% sur un an en janvier selon l'estimation "flash" d'Eurostat.

Aux Etats-Unis, les dépenses de consommation ont augmenté de 0,3% en décembre, les résultats définitifs de l'enquête de l'université du Michigan montrent une amélioration du moral des ménages mais l'indice PMI de la région de Chicago est tombé à 42,9, un chiffre nettement inférieur aux attentes puisque le consensus le donnait quasi stable à 48,8.

CHANGES

Comme depuis le début de l'épidémie, les poussées d'aversion au risque favorisent les devises jugées les plus sûres comme le yen, qui s'apprécie de 0,5% face au dollar, et le franc suisse, qui prend près de 0,6%.

L'indice dollar, qui permet de suivre les fluctuations du billet vert face à un panier de six devises de référence, recule de 0,43%. L'euro remonte ainsi à 1,1080 dollar, au plus haut depuis huit jours.

La livre sterling, elle, continue de monter à quelques heures de la sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union européenne et au lendemain des commentaires jugés rassurants de la Banque d'Angleterre sur les perspectives de croissance et d'inflation.

TAUX

La baisse des rendements obligataires de référence s'est amplifiée au fil des heures avec celle des actions: en fin de séance en Europe, celui du Bund allemand à dix ans perdait plus de trois points de base à -0,441%, au plus bas depuis trois mois et demi.

Sur le marché américain, le rendement à deux ans, l'un des plus sensibles aux anticipations de croissance, est revenu à son plus bas niveau depuis septembre 2017 à 1,353% et le dix ans a touché son plus bas niveau depuis le 8 octobre à 1,522%.

PÉTROLE

Jusqu'alors en net repli en raison des craintes d'un coup de frein à la demande mondiale avec le ralentissement économique et la réduction du trafic aérien, le marché pétrolier est brièvement repassé en territoire positif après les déclarations du ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, sur une possible réunion des pays de l'"Opep+" dès février afin d'adapter la politique de production.

Le Brent est remonté à 58,18 dollars le baril après un plus bas à 57,94 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) à 51,85 dollars après être revenu à 51,23, un plus bas de près de quatre mois.

(Marc Angrand, avec Sruthi Shankar à Bangalore)