KABOUL, 14 août (Reuters) - Le gouvernement afghan a commencé à libérer un groupe de 400 prisonniers taliban, parmi lesquels des auteurs d'attentats meurtriers, condition posée par les insurgés islamistes à l'ouverture de pourparlers de paix.

Le président Ashraf Ghani a signé lundi un décret autorisant cette mesure arrêtée la veille lors d'une session de la Loya Jirga, la grande assemblée consultative afghane.

"Le gouvernement a (...) relâché hier (jeudi) 80 détenus taliban sur les 400 que la Loya Jirga a identifiés pour cette libération afin d'accélérer les efforts en vue de pourparlers directs et d'un cessez-le-feu national durable", a déclaré Javid Faisal, porte-parole du conseil de sécurité nationale.

Il n'a pas précisé quand seraient libérés les 320 autres détenus.

Les taliban n'ont pas réagi dans l'immédiat.

Les discussions de paix entre les représentants du gouvernement et des insurgés devraient débuter cette semaine à Doha, au Qatar, selon des diplomates occidentaux.

Le président Ghani espère que les taliban s'engageront d'ici là à un cessez-le-feu complet, ce qu'ils n'ont pas fait explicitement.

Plusieurs militants impliqués dans des attentats ayant ensanglanté l'Afghanistan sont au nombre des prisonniers appelés à être libérés, notamment les auteurs de l'attentat au camion piégé commis en 2017 près de l'ambassade d'Allemagne. L'attaque, qui a fait plus de 150 morts, est la plus meurtrière depuis le renversement du régime taliban en novembre 2001.

Les débats autour de la libération de ces militants radicaux ont rouvert les blessures de familles endeuillées par les violences en Afghanistan.

Au cours de la décennie écoulée, on estime que plus de 100.000 civils ont perdu la vie ou ont été blessés dans des attaques.

L'administration de Donald Trump a conclu un accord avec les taliban en février dernier sur le retrait progressif du contingent américain, qui compte actuellement quelque 8.600 soldats, et pousse à l'ouverture de négociations de paix entre Kaboul et les insurgés.

A moins de trois mois de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, Donald Trump veut pouvoir matérialiser sa promesse d'en finir avec une guerre déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001. (Abdul Qadir Sediqi, version française Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse)