ADDIS-ABEBA/NAIROBI, 28 novembre (Reuters) - Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé samedi en soirée que les opérations militaires dans la région dissidente du nord du Pays, le Tigré, étaient terminées et que les forces armées contrôlaient maintenant la région, un développement majeur dans cette guerre de trois semaines qui a bouleversé la Corne de l'Afrique.

"Je suis heureux d'annoncer que nous avons terminé et cessé les opérations militaires dans la région du Tigré", a-t-il écrit dans un Tweet. Moins d'une heure avant, il avait déclaré dans un communiqué que le "gouvernement (contrôlait) maintenant totalement la ville de Mekele", la capitale de la région.

Le leader des forces rebelles, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui combattait les forces armées depuis le 4 novembre, a assuré que cette guerre n'était pas terminée.

"La brutalité de ces envahisseurs ne peut que renforcer notre résolution de les combattre jusqu'à la fin", a dit Debretsion Gebremichael dans un message à Reuters.

A la question de savoir si cela signifiait que ses troupes poursuivraient les combats, il a répondu : "Certainement. Il s'agit de défendre notre droit à disposer de nous-mêmes".

Le gouvernement n'a pas répondu dans l'immédiat.

Dans un communiqué, le Premier ministre a dit que la police était encore à la recherche des leaders du TPLF. "Les forces de police maintiendront leurs efforts pour appréhender les criminels du TPLF et les amener devant la justice", a-t-il dit.

Il n'était pas possible de savoir si certains leaders du TPLF s'étaient rendus. Debretsion Gebremichael a indiqué par message texte à Reuters que ses forces se retiraient des abords de Mekele.

Il est toujours difficile de vérifier les assertions d'un camp ou de l'autre étant donné que tous les accès téléphoniques et internet à la région sont coupés, et que les accès font l'objet d'un contrôle étroit depuis le début des combats entre les forces gouvernementales et le TPLF.

DES "BOMBARDEMENTS NOURRIS"

On estime que des milliers de personnes sont mortes pendant les combats et que près de 44.000 réfugiés ont fui vers le Soudan. La région du Tigré partage une frontière avec l'Erythrée. Le conflit a réveillé des craintes quant à une possible montée des violences avec ce pays, ennemi juré du TPLF.

Le Premier ministre avait indiqué jeudi que l'armée allait lancer la "phase finale" de son offensive quelques heures après l'expiration de son ultimatum. Il avait sommé le TPLF de déposer les armes, faute de quoi l'armée donnerait l'assaut à Mekele, son chef-lieu, où vivent 500.000 habitants.

La télévision publique a annoncé la prise de la ville à 19H00.

Abiy Ahmed a dit que l'armée avait pu assurer la libération des milliers de soldats retenus en otage par les forces rebelles dans une base militaire du Tigré.

Plus tôt dans la journée de samedi, un diplomate interrogé par Reuters en contact direct avec les habitants de la ville avait confirmé le début de l'offensive. Il a précisé qu'il lui a été fait état d'explosions dans le nord, dans le quartier de Hamidai. Un autre diplomate avait également indiqué que l'assaut était donné.

Debretsion Gebremichael avait dit à Reuters que Mekele était la cible de "bombardements nourris."

Billene Seyoum, la porte-parole du bureau du Premier ministre, avait indiqué pour sa part que les forces éthiopiennes ne bombarderaient pas les zones civiles et que la sécurité des Ethiopiens à Mekele et dans le Tigré resteraient la priorité du gouvernement fédéral.

Debretsion Gebremichael a également accusé l'armée du pays voisin l'Erythrée d'avoir pris d'assaut des camps de réfugiés dans le Tigré pour capturer des réfugiés érythréens qui ont fui le pays. (Rédactions d'Addis-Abeba et de Nairobi, reportage additionnel de Baz Ratner et de Seham Eloraby in al-Qadarif au Sudan, Gilles Guillaume et Caroline Pailliez pour la version française)