Vue depuis les marchés financiers, la pandémie de Covid-19 a l'air d'être de l'histoire ancienne. Hier soir, le vénérable Dow Jones a franchi le cap symbolique des 30 000 points pour la première fois de sa longue existence (136 ans). C'est la ruée sur les valeurs cycliques et/ou décotées, en particulier sur les banques et l'énergie, qui prennent leur revanche après un premier semestre apocalyptique. Dans une telle configuration, les investisseurs, les petits comme les gros, se retrouvent toujours face au même dilemme, ou plutôt aux mêmes dilemmes. Je mets de côté l'investisseur agile et réactif capable de tirer parti du très court terme : à moins d'être un incroyable guignard ou complètement nul, il est très facile de profiter de ce mois de novembre en bourse tant les dossiers sont fléchés pour le trading .

Si vous êtes investis pour le long terme, l'exercice est bien plus périlleux parce qu'il oblige à prendre du recul et, surtout, à regarder passer les +10, +30 ou +50% sur une quantité inédite de titres en quelques séances. C’est-à-dire ce que rapportent vos positions mûrement réfléchies en quelques mois ou quelques années. En gestion de portefeuille, il faut toujours garder à l'esprit ses objectifs finaux et éviter les erreurs classiques, notamment les suréactions qui cassent les équilibres. C'est sur le long terme que les performances se jugent. Un belle entreprise avec des perspectives fondamentales solides et une trajectoire de croissance robuste reste un actif de qualité même s'il brille moins dans la configuration actuelle.  

Ceci dit, il est compliqué de rester à l'écart de tels mouvement, surtout s'il s'avère que c'est le "big one", celui que pronostiquent depuis des années le dernier carré des fanatiques de la value. Vous pouvez donc y dédier une poche de votre investissement. Il faut juste que vous jaugiez votre tolérance au risque. Pourquoi pas avec le Bêta ? Ce coefficient classique mesure la volatilité d'un actif par rapport à la moyenne. J'ai sous les yeux un tableau de First Trust qui montre les bêtas actualisés des onze grands secteurs du S&P500. En partant du principe que l'indice est à 1, les secteurs avec le bêta le plus élevés sont l'énergie (1,32 de bêta), les financières (1,21), les industrielles (1,20) et l'immobilier coté (1,14). A l'autre extrémité, on retrouve la consommation de base (0,7), les télécoms (0,85) et la santé (0,86). Du très classique finalement, mais il est bon de le rappeler, parfois. First Trust note que les technologiques sont à 1,01, c’est-à-dire qu'elles sont très proches de la performance globale du marché, ce qui n'étonnera personne vu que ce sont justement celles qui ont fait le marché ces dernières années. En 2000 au moment de l'explosion de la bulle internet, le bêta des valeurs technologiques était de 1,28. Depuis, elles sont devenues beaucoup plus consensuelles. Tout ça pour dire que pour pimenter un portefeuille actuellement, les banques, l'énergie et les industrielles sont les meilleurs chevaux. A condition d'accepter le niveau de risque qui va avec bien sûr.

On le lit partout, le cocktail haussier de novembre se compose de l'actualité vaccinale, de l'élection de Joe Biden désormais quasi-certaine et de ce que les investisseurs perçoivent comme des soldes sur un grand nombre de valeurs cycliques ou décotées, en tout cas présumées l'être. Mais n'oublions pas que tout cela est rendu possible par l'extraordinaire engagement des banques centrales d'inonder les marchés de liquidités et à assumer "quoi qu'il en coûte" les plans de relance (les coquins diraient les déficits budgétaires) des Etats. Surtout, les financiers ne voient absolument pas la Fed ou la BCE fermer le robinet dans les trimestres à venir, ce qui les conforte dans l'idée que le cycle économique, qui avait déjà résisté à la dégradation des relations sino-américaines, pourrait bien survivre à la pandémie, abstraction faite évidemment des extrêmes inédits subis en 2020.

Le CAC40 gagne 0,35% à 5575 points.

Les temps forts économiques du jour

Programme 100% américain avec les inscriptions hebdomadaires au chômage, une nouvelle lecture du PIB du T3, les revenus et dépenses des ménages, les stocks des grossistes et les commandes de biens durables, le tout à 14h30. A 16h00, place aux chiffres de l'immobilier neuf et à l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan. A 16h30, suivront les stocks pétroliers puis à 20h00 le compte rendu de la dernière réunion de la Fed.

L'euro est remonté à 1,1907 USD, pendant que l'once d'or poursuit sa décrue à 1800 USD. En parallèle, le baril continue son ascension, avec un WTI à 45,41 USD et un Brent à 48,46 USD. Le taux du 10 ans américain progresse à 0,89%. Le Bitcoin subit quelques dégagements mais flirte toujours avec les 19 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AB Volvo : HSBC passe de conserver à acheter en visant 235 SEK.
  • Air liquide : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 143 EUR.
  • Aperam : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver.
  • Bankia : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1,51 EUR.
  • Beazley : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 470 à 430 GBp.
  • CaixaBank : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 2,20 EUR.
  • Codemasters : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 485 GBp.
  • Compass : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 1488 à 1503 GBp.
  • CRH : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 38,20 à 38,70 EUR.
  • Datagroup : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 57 EUR.
  • Deutsche Wohnen : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 37,20 EUR.
  • Deutz : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 6,30 à 6 EUR.
  • Enel : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 9,05 à 9,47 EUR.
  • Groupe ADP : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 110 EUR.
  • Quadient : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours de 19 à 19,40 EUR.
  • Gecina : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 119,10 à 121 EUR.
  • Morphosys : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 105 EUR.
  • Novartis : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 98 à 99 CHF.
  • Noxxon : Aurgalys reprend le suivi à l'achat fort en visant 1,05 EUR.
  • Pernod Ricard : Credit Suisse passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours de 172 EUR.
  • Sandvik : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 190 SEK.
  • ThyssenKrupp: Deutsche Bank passe de conserver à acheter. Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7,50 à 7,25 EUR.
  • Unibail-Rodamco-Westfield : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 61 EUR.
  • Voestalpine : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des sociétés

  • Elior : les résultats annuels, dont la teneur avait déjà été révélée le 6 novembre dernier, sont évidemment dégradés. L'entreprise s'attend sur le nouvel exercice démarré en octobre à une reprise progressive et irrégulière. Le management a obtenu la prolongation du moratoire sur le covenant bancaire.
  • Plastic Omnium : l'équipementier automobile a relevé ses prévisions 2020, grâce à un marché mieux orienté et de bonnes mesures de réduction des coûts. Au second semestre, la marge opérationnelle devrait dépasser 5 % (contre 4 % envisagés jusque-là) et le free cash-flow dépassera 400 M€, alors que le management visait au moins 250 M€ précédemment. L'entreprise estime qu'elle est en capacité de renouer avec ses niveaux de rentabilité et de cash-flow libre de 2019 dès l'année prochaine.

Annonces importantes

  • Les banques pourraient encore être entourées aujourd'hui, alors qu'il se murmure que la Banque centrale européenne pourrait lever son interdiction de verser des coupons.
  • Dassault Systèmes acquiert NuoDB, un petit spécialiste des bases de données SQL distribuées accessibles en mode natif sur le cloud.
  • Accor négocie un rapprochement avec Ennismore pour se renforcer dans l'hôtellerie "lifestyle", avec une division qui sera forte de 12 marques et 73 hôtels. Le groupe structure son pôle en rachetant en parallèle les parts minoritaires de ses partenaires, dont sbe.
  • La cyberattaques subie par Sopra lui coûtera entre 40 et 50 M€ de marge opérationnelle cette année, la société disposant d'une assurance allant jusqu'à 30 M€. Les objectifs 2020 ajustés font état d'un chiffre d'affaires en recul organique de 4,5 à 5 %, c'est-à-dire plus dégradé que ce qui était prévu, avec un taux de marge opérationnelle d'activité de l'ordre de 6,5 %, et un flux de trésorerie disponible de 50 à 100 M€, contre 80 à 120 M€ précédemment envisagé.
  • Eurazeo boucle pour 383 M€ la cession de sa participation dans Iberchem à Croda.
  • CGG sort de son plan de sauvegarde par anticipation.
  • Altice Europe a annoncé que l'offre publique d'achat en vue de son retrait de la cote se déroulerait du 25 novembre au 21 janvier prochain, à 4,11 EUR l'action.
  • Navya signe une ligne de financement en fonds propre dilutive avec Kepler Cheuvreux, portant sur 5,8 millions d'actions.
  • Global Bioenergies enregistre son premier ingrédient cosmétique dans le système réglementaire européen REACh.
  • Foncière Paris Nord, délestée de son principal actif et de son endettement, entend reprendre son développement dans l'immobilier. Les détails ici.
  • Median Technologies annonce des "résultats prometteurs" pour une étude préliminaire sur l'identification de la sévérité de la maladie chez des patients atteints de NASH.
  • go2cloud choisit 2CRSi comme partenaire privilégié pour fournir des serveurs de haute performance.

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • Gap Inc : l'action s'effondre de 11 % après la clôture après des résultats trimestriels supérieurs aux attentes, et des perspectives qui restent incertaines, tandis que le management n'a pas souhaité faire de prévisions pour le T4.
  • HP Inc : le titre est en vive hausse après la séance à Wall Street, après la publication de trimestriels bien accueillis.

Annonces importantes

  • Le secteur aérien va perdre 157 Mds$ en 2020 / 2021, selon l'IATA, dont 118,5 Mds$ cette année.
  • Goldman Sachs va lancer une plateforme de courtage d'actions à Paris, en complément de SIGMA X MTF, installée à Londres.
  • United Parcel Service accélère la production de glace sèche pour la distribution des vaccins aux Etats-Unis.
  • Tesla franchit le cap des 500 Mds$ de capitalisation en bourse. Le groupe a annoncé que son usine berlinoise comprendrait aussi la plus grosse unité de production de batteries du monde.
  • Sinopharm a déposé une demande d'autorisation pour son vaccin Covid-19 en Chine.
  • Clariant va supprimer un millier de postes additionnels. 
  • Nestlé vend des actifs de Yinlu à Food Wise.
  • Selon Reuters, Citic Capital veut retirer Asiainfo Technologies de la cote.

Ça publie aujourd'hui. Deere, Melrose Industries, CD Projekt, Rockwool, United Utilities, Aroundtown, Babcock, Elior

Lectures