Block 1 : Les actualités essentielles
Coinbase veut lancer des actions tokenisées et presse la SEC
La plateforme crypto américaine prépare un nouveau virage : proposer du trading d’actions tokenisées accessibles 24/7. Pour cela, Coinbase a sollicité la SEC afin d’obtenir une lettre de non-action, condition indispensable pour lancer ces produits sans crainte de sanctions réglementaires. Objectif : rendre les titres financiers (actions, dettes, fonds) nativement numériques, avec moins de frais et plus de flexibilité pour les investisseurs. Déjà titulaire d’une licence via le rachat d’un courtier en 2018, Coinbase espère désormais faire évoluer la régulation. Cette ambition s’inscrit dans une tendance plus large : Kraken a récemment dévoilé xStocks sur Solana, et le Nasdaq vise une ouverture 24/24 de ses marchés d’ici 2026. Si la SEC donne son feu vert, une révolution des marchés financiers pourrait bien s’amorcer.
Donald Trump vise un ETF Bitcoin + Ether via Truth Social
Nouvelle offensive crypto pour Donald Trump : Truth Social, l’entreprise du président américain, vient de déposer un formulaire S-1 auprès de la SEC pour lancer un ETF combiné bitcoin (BTC) et ether (ETH). Les actifs seraient conservés chez Crypto.com via Foris Dax Trust Company, mais aucun ticker officiel n’a encore été annoncé. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie crypto bien huilée du clan Trump : stablecoin, memecoins, sociétés financières Web3, réserve nationale de BTC… et maintenant ETF. Cette montée en puissance pose question : Trump a déjà gagné 57 M$ via ses projets crypto, tout en plaçant un pro-crypto à la tête de la SEC. Accusations de conflits d’intérêts et critiques politiques se multiplient, mais le président avance — et fédère toujours plus l’électorat Web3.
Gemini et Coinbase prêts à opérer dans toute l’Europe grâce à MiCA
Les géants Coinbase et Gemini s’apprêtent à obtenir leur licence MiCA, sésame qui leur ouvrira les portes des 27 pays de l’Union européenne. Coinbase finalise ses démarches avec le Luxembourg, tandis que Gemini est en passe d’être agréé à Malte. Grâce au règlement MiCA, entré en vigueur en 2024, une licence nationale suffit désormais pour opérer à l’échelle européenne. Ces autorisations permettraient aux plateformes de proposer achat, vente, garde et transferts de cryptos comme le BTC, l’ETH ou l’USDT dans toute l’UE. Mais ces avancées ravivent les tensions entre régulateurs. L’AMF et l’ESMA redoutent une « course à la baisse », accusant certains pays comme Malte d’accorder des licences trop vite, avec peu de moyens de supervision. L’ESMA planche déjà sur un audit du processus maltais. Enjeux : attirer les géants de la crypto sans sacrifier la protection des investisseurs. Un équilibre délicat dans un marché global estimé à 3 300 milliards de dollars.
Shopify & Stripe ouvrent les paiements en USDC dans 34 pays
Shopify intègre les paiements en stablecoin grâce à Stripe. Le géant de l’e-commerce permettra bientôt aux marchands de 34 pays d’accepter l’USDC, le stablecoin de Circle, directement depuis Shopify Payments et Shop Pay, sans plug-in supplémentaire. Ces paiements passeront par Base, le layer 2 de Coinbase, avec des frais quasi nuls et des transactions instantanées. Par défaut, les commerçants recevront leur règlement dans leur devise locale, mais pourront choisir une réception directe en USDC sur portefeuille externe. « Stripe gère les paiements pour que nos marchands n’aient pas à le faire. Ils font désormais de même avec les stablecoins », explique Kaz Nejatian, COO de Shopify. Stripe confirme vouloir offrir un accès simple aux stablecoins pour des millions d’entreprises. Avec une capitalisation de 228 milliards de dollars, dont 61 milliards pour l’USDC, les stablecoins séduisent de plus en plus le commerce en ligne, alors que les projets de lois STABLE et GENIUS clarifient leur statut aux États-Unis.
Block 2 : L’Analyse Cryptique de la semaine
Dans la crypto, tout le monde parle de “faire ses propres recherches”. Mais très peu de gens le font vraiment.
Le mantra “DYOR” — Do Your Own Research — est devenu un slogan vide de sens, plus proche d’un mème que d’une méthode. Utilisé comme une clause de non-responsabilité, il sert souvent à se couvrir plutôt qu’à apprendre. Dans la réalité, une majorité de crypto-investisseurs se contente de suivre des influenceurs, de surfer sur les tendances et d’injecter de l’argent dans des projets qu’ils ne comprennent qu’à moitié. Jusqu’à ce que les signaux d’alerte deviennent trop voyants pour être ignorés… et qu’il soit déjà trop tard. Faire ses propres recherches, ce n’est pas juste cliquer sur trois threads X et regarder une vidéo TikTok d’un mec qui hurle “To the moon”. C’est se salir les mains. Lire entre les lignes. Évaluer froidement ce que 95 % du marché préfère ignorer.
Alors, si la cause est simplement la paresse intellectuelle, il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire. Mais si c’est le manque de méthode qui bloque, là, on peut intervenir. Car faire ses recherches, ce n’est pas si complexe — encore faut-il savoir par où commencer.
Première étape ? Toujours regarder la capitalisation.
Avant même de s’intéresser à l’équipe, à la hype ou au cas d’usage d’un jeton, on regarde combien il vaut déjà sur le marché. C’est une info de base, mais elle peut en dire très long. C’est comme acheter une entreprise : avant de juger son potentiel, il faut savoir combien elle vaut aujourd’hui. Et en crypto, cette métrique est souvent négligée.
Classer mentalement les projets selon leur rang de capitalisation :

- Top 10 : Bitcoin, Ethereum, Solana, etc. Ce sont les valeurs dites “sûres” (aussi sûres que possible en crypto). Forte adoption, liquidité élevée, intérêt institutionnel… mais attention : rien n’est intouchable (Terra était aussi dans le top 10 avant de s’effondrer).
- Rangs 11–25 : des projets solides avec produits réels, communauté active, track-record de plusieurs années. Moins robustes que le top 10, mais parfois plus de potentiel de croissance. Le revers : plus sensibles aux régulations et aux narratifs changeants.
- Rangs 26–50 : là, on entre dans le territoire des “mid-caps”. Mélange de protocoles prometteurs et de projets poussés par la hype. Moins liquides, plus volatils. Il y a du potentiel, mais aussi beaucoup de bruit et de risques.
- Rangs 51–100+ : des projets spéculatifs avec un début de traction : une communauté, un partenariat, une histoire bien racontée. Mais leur survie au prochain cycle est tout sauf garantie. Ils existent, ils brillent parfois… puis beaucoup disparaissent.
Deuxième étape : les tokenomics.
Un aspect crucial, souvent sous-estimé. Comprendre comment un token (ou "jeton" en français) fonctionne économiquement, c’est comprendre sa viabilité. Prenons un exemple simple : Solana. En fouillant sur Zonebourse, CoinMarketCap ou CoinGecko, on découvre que l’offre de SOL n’est pas fixe. Il y a de l’inflation — utilisée pour rémunérer les validateurs. L’inflation annuelle était de 8 %, elle diminue de 15 % chaque année, jusqu’à atteindre une cible de long terme de 1,5 %. Ce détail seul en dit long sur la politique monétaire du protocole.


CoinMarketCap
La majorité des tokens sont déjà en circulation, le cœur de la supply appartient à la communauté, et l’équipe fondatrice n’a pas la mainmise sur la totalité du gâteau.
À l’inverse, regardons ICP (Internet Computer) — pris au hasard. Peu importe si on y croit : objectivement, le jeton pose question. Trop de parts allouées au pré-sale, à la fondation, et moins de 50 % des tokens réellement en circulation. C’est un signal d’alerte.


CoinMarketCap
Ensuite, passer au crible l’équipe et la roadmap. Ont-ils un historique douteux ? Ont-ils déjà lâché des projets en plein bear market ? Fuir. Leur roadmap est floue, remplie de buzzwords, sans livrables concrets ? Même chose. Remonter leurs anciens posts, interviews, profils LinkedIn. On veut savoir s’ils ont survécu à un bear market, s’ils ont su livrer, et comment ils interagissent avec la communauté. Ce n’est pas de la parano, c’est de l’analyse.
Une fois ce tri fait, on s’attaque à l’exercice le plus complexe : positionner le projet dans l’écosystème global. Quelle est sa place ? Quelle concurrence ? A-t-il une réelle utilité ? Peut-il survivre au prochain cycle ? Et pas juste “tenir bon” : résister à un crack, une vague réglementaire, ou à une contagion sectorielle. Parce que même un projet solide peut couler si tout l’écosystème tangue.
Dans un marché baissier, tout s'effondre ensemble. C’est là que qu’on réalise si les altcoins sont une fusée ou un mirage. Et la vérité, c’est que peu de projets passent l’épreuve du temps. Pour survivre, il faut plus que de la passion : il faut une utilité réelle, une exécution chirurgicale, et une communauté obsédée. Le X factor, celui qui sépare les survivants des sacrifiés.
Le plus ironique dans tout ça ? Quand on fait vraiment ses propres recherches, les projets les plus solides deviennent souvent… les plus évidents. On revient à bitcoin. À ether. À ces actifs qui ont fait leurs preuves, année après année — pas juste des promesses joliment emballées. À l’inverse, mal faire ses devoirs, c’est risquer de se convaincre qu’un shitcoin est “le futur” simplement parce qu’un influenceur l’a bien vendu. À titre d'exemple, l'image ci-dessous compare le classement des cryptomonnaies par capitalisation au 1er janvier 2020 (tableau de gauche) à celui de 2025 (tableau de droite). Seules 6 cryptomonnaies (hors stablecoins) sont restées dans le top 20. Le constat est encore plus frappant si l’on élargit l’analyse au top 50.

Alors la prochaine fois qu’on nous dit “DYOR”, il faut se demander : s’agit-il d’un vrai conseil, ou juste d’un disclaimer pour éviter d’assumer une recommandation douteuse ? Dans un marché saturé de bruit, l’avantage est ailleurs : on ferme les onglets, on coupe le bruit, on lit les docs, on analyse les chiffres — et surtout, on comprend vraiment ce qu’on possède.
Palmarès des cryptomonnaies
(Cliquez pour agrandir)

Block 3 : Lectures de la semaine
Le plan de trump en matière de cryptomonnaies est désormais clair (The Atlantic, en anglais)
Au Bitcoin 2025, les puristes de la crypto et les fidèles de MAGA s’affrontent (Wired, en anglais)
Le bûcher des régulateurs bancaires (Project Syndicate, en anglais)