La baisse l'a emporté un peu partout sur les places boursières hier, même en Europe où les indices avaient l'air inébranlablement haussiers ces derniers jours. Aux Etats-Unis, les trois indices ont presque méthodiquement cherché à faire disparaître leurs gains de la veille. Le S&P500 a reculé de 0,83% après avoir gagné 0,87% un jour plus tôt. Le Dow Jones a fait -0,12% après +0,17% et le Nasdaq a fait encore mieux à la virgule près : -1,45% après +1,45% la veille. Alors cela n'empêche pas les performances sur un mois de rester solides : +5,75% pour le Nasdaq 100, +9,9% pour le STOXX Europe 600 et même +10,5% pour le S&P500… Mais il y avait comme un truc qui ne tournait pas rond à Wall Street hier, comme si le tout nouveau courant de pensée dominant sur le retour de la Fed à une politique plus accommodante était déjà un peu fissuré.

Et apparemment, c'est la patronne de la Fed de San Francisco, Mary Daly, qui tenait le marteau et le burin hier. Elle a en effet expliqué que la banque centrale n'est pas encore en mesure d'envisager une pause dans le cycle de hausse des taux et qu'elle n'en discute d'ailleurs même pas. Bon OK, dit ainsi, ça n'a pas l'air bien impressionnant. Jacques Chirac l'aurait même sûrement exprimé de manière plus triviale, en utilisant son célèbre "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre". Mais bon, Daly passe pour être dans le camp des accommodants, donc ça produit son petit effet, d'autant qu'elle avait déclaré fin octobre que la Fed allait finir par modérer ses hausses de taux pour éviter de commettre une bourde. Quelques heures plus tôt, son homologue de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic, avait lui aussi tenu un discours de fermeté vis-à-vis de la politique monétaire. Pour couronner le tout, la publication hier après-midi de ventes de détail américaines en vive hausse en octobre a ajouté à la confusion. La Fed appuie à fond sur la pédale de frein mais l'économie ne donne que peu de signaux de faiblesse. Je ne veux pas aller trop vite en besogne non plus en surinterprétant le moindre indicateur court-termiste, donc ne tirez pas de conclusions trop hâtives non plus. D'ailleurs le marché obligataire reste plutôt stoïque en maintenant les rendements plus bas qu'ils ne l'étaient ces derniers jours : c'est un signe qu'il y a encore pas mal d'hésitations sur les mécaniques à l'œuvre actuellement dans l'économie américaine.

Reste que l'autre pilier du regain de confiance des investisseurs a aussi été un peu entamé ces dernières heures. Les nouvelles en provenance de Chine, qui étaient plutôt porteuses jusqu’au weekend dernier, deviennent un poil moins favorables. Les cas de contamination au coronavirus remontent et les autorités monétaires ont envoyé quelques signaux de nervosité. La banque centrale chinoise a par exemple publié un bulletin trimestriel qui, au milieu de sa platitude légendaire, semble écarter toute mesure de soutien à une économie en perte de vitesse, dans lequel il est même fait état de craintes inflationnistes. En parallèle, l'organe de régulation a demandé aux banques chinoises de communiquer sur leurs liquidités de court terme après la chute brutale des obligations, selon les informations obtenues par Bloomberg. Tout ça a un peu crispé les marchés hier.

Que retenir d'autre ? Que les distributeurs américains continuent à raconter des histoires différentes. Target, avec un positionnement plutôt haut de gamme, a sombré hier après des résultats décevants, pendant que Walmart fait le dos rond et que les enseignes à bas prix ont l'air de mieux s'en sortir. Que les répercussions de la débâcle FTX dans l'industrie des cryptomonnaies continuent à se propager. Que des rumeurs circulent sur un débat au sein de la BCE sur l'opportunité de limiter le prochain relèvement de taux à 50 points de base au lieu de 75. Que les républicains ont remporté, sans surprise, les sièges requis pour disposer d'une courte majorité à la chambre des représentants aux Etats-Unis. Notez bien que les marchés considèrent que l'élection est une sorte de jeu à somme nulle, car le partage du congrès entre les deux camps réduit les risques de politiques plus engagées. Wall Street n'aime rien plus que le statu quo à Washington. Côté entreprises, Nvidia et Cisco ont publié hier soir des résultats bien accueillis par le marché. Ce matin en Europe, place à de grands anciens : Bouygues et Siemens.

En Asie Pacifique, la frénésie acheteuse qui s'était emparée des valeurs chinoises à Hong Kong est donc en train de s'évaporer. Le Hang Seng repique du nez, pénalisé il est vrai par les plongeons de Netease (qui perdra la licence Blizzard en janvier) et Meituan (après l'annonce d'une cession d'actions par Tencent). On est à -2% pour l'indice hongkongais aux trois-quarts de la séance (pour mémoire, je finis de rédiger autour de 7h30 et Hong Kong ferme à 10h00) et à -1% pour Shanghai au même moment (Shanghai ferme à 9h00, au moment où les marchés européens ouvrent). La baisse l'emporte aussi en Corée du Sud et en Inde, mais pas à Sydney, où l'ASX a terminé en hausse de 0,19% (la clôture a lieu à 6h00 heure de Paris). Les indicateurs avancés occidentaux étaient assez attentistes à potron-minet, mais l'hypothèse d'une hausse à l'ouverture est en train de prendre du poids. Le CAC40 gagne 0,3% à 6632 points.

Les temps forts économiques du jour

La lecture définitive de l'inflation européenne d'octobre (11h00) précédera les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires, l'indice Philly Fed et les derniers chiffres des permis de construire aux États-Unis à 14h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro campe sur ses positions face au dollar, à 1,0378 USD. L'once d'or recule à 1762 USD. Le pétrole se contracte, avec un Brent de Mer du Nord à 91,75 USD le baril et un brut léger américain WTI à 84,38 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans décroît à 3,72% ce matin. Le bitcoin est revenu autour de 16 500 USD, en baisse.

En France

Résultats d'entreprises

  • Bouygues : confirme ses prévisions 2022 après les résultats du T3.
  • La Française des Jeux : les objectifs 2022 et de moyen terme sont confirmés en marge de la journée investisseurs tenue ce jour. Le groupe annonce en parallèle le rachat de ZEturf.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Renault pourrait réduire sa participation dans le japonais Nissan de 43 à 15% pour équilibrer l'alliance, selon Nikkei.
  • Stellantis rachète la start-up hongroise aiMotive, spécialisée dans l'intelligence artificielle et la conduite autonome.
  • Trafic en hausse de 58% en octobre 2022 sur un an pour la division aéroports de Vinci.
  • Alstom signe un contrat de 312 M€ pour des rames de métro en Inde.
  • Le fonds de pension canadien CPPIB a renforcé sa position dans Aéroports de Paris de 1,59% pour atteindre 5,64%.
  • Air France-KLM a émis 305,3 M€ de convertibles.
  • Technip Energies va travailler avec Baker Hughes sur une solution modulaire de GNL.
  • Atos négocie la cession de ses activités en Italie à la société italienne Lutech.
  • Argan réceptionne une nouvelle plateforme de messagerie.
  • Olympique Lyonnais fait suspendre sa cotation en attendant une communication sur l'opération Eagle Football.
  • Enogia signe un partenariat avec Parlym.
  • Global Bioenergies livre un lot de carburant d'aviation durable pour des tests commandés par le Ministère des Armées.
  • Implanet signe une accord de distribution en Chine avec Sanyou Medical.
  • Cabasse Group lance l'introduction en bourse sur le marché Euronext Growth de sa filiale Cabasse.
  • Autres publications : Bastide, Esso, Jacques Bogart, Parrot, Colas

Dans le monde

Résultats d'entreprises

  • Burberry : la croissance organique atteint 5% au S1, un peu plus que prévu.
  • Cisco : l'action gagne 4% après la séance grâce à la publication de résultats trimestriels supérieurs aux attentes.
  • Nvidia : le titre gagne 2,2% hors séance après la publication des résultats trimestriels.
  • Siemens : le bénéfice annuel est en berne à cause d'une dépréciation de 2,7 Mds€ sur Siemens Energy. Les prévisions pour le nouvelle exercice ont l'air plus solides que prévu.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de véhicules neufs progressent de 14% en octobre, après les points bas d'octobre 2021.
  • Enel prépare un paquet de soutien de 5 Mds€ pour sa filiale Endesa.
  • Sika a réduit la liste des candidats pour ses actifs d'adjuvants, qui seront cédés dans le cadre du rachat de son rival allemand MBCC Group.
  • Midea va racheter le solde des actions Kuka à 80,77 EUR l'unité.
  • Tencent va distribuer en dividende à ses actionnaires sa participation de 20,3 milliards de dollars dans Meituan.
  • Activision Blizzard va suspendre la plupart des services de jeux Blizzard en Chine continentale lorsque ses accords de licence actuels avec Netease prendront fin en janvier. Netease chute de 14% en séance.
  • Elon Musk défend son énorme rémunération chez Tesla.
  • Tata Motors annonce que le PDG de sa filiale Jaguar Land Rover, Thierry Bolloré, va démissionner.
  • Blackstone va prendre une participation majoritaire dans l'entreprise indienne R Systems.
  • Muddy Waters s'attaque à DLocal, en jugeant qu'il il y quelque chose de louche derrière le dossier, qui perd 50% dans la foulée.
  • Sulzer fournira une technologie sous licence pour un projet d'usine de carburant renouvelable en Malaisie.
  • Pfizer et BioNTech débutent l'étude de phase 1 d'une nouvelle injection de COVID-19 offrant une protection plus longue.
  • Airbnb se recentre après avoir "créé trop de choses en même temps".
  • First Solar choisit l'Alabama pour sa nouvelle usine solaire.
  • BAE Systems remporte une commande de 90 M$ pour livrer de nouvelles variantes de véhicules de combat à l'armée suédoise.
  • Principales publications du jour : Alibaba, Siemens, Applied Materials, Netease, Bouygues, Halma, Burberry, Embracer... Tout l'agenda ici.

Lectures