Après le gros rebond de début de semaine, les marchés actions ont tiré le frein à main mercredi. Les optimistes diront que c'est parce qu'il ont besoin de souffler, les pessimistes qu'il n'y a guère de matière pour alimenter la hausse. L'Europe a reculé d'environ 1%, que ce soit à Paris, à Zurich, à Bruxelles ou à Francfort. Le FTSE 100 britannique a limité son repli à 0,5%. Aux Etats-Unis, il s'en est fallu d'un cheveu pour que la séance clôture dans le vert. Le S&P500 a cédé 0,2% et le Nasdaq 100 moins de 0,1%. Wall Street aurait probablement terminé en hausse si Tesla n'avait pas perdu 3,5%. Mais pour cela, il aurait fallu qu'Elon Musk arrête de faire le guignol avec Twitter. Les revirements du dirigeant sur ce dossier lassent jusqu'aux investisseurs de son navire-amiral, Tesla. Les valeurs pétrolières sont les seules à avoir uniformément soutenu la hausse hier. Il faut dire que l'Opep+ a décidé de réduire sa production de façon plus marquée que prévu pour s'adapter à une demande mondiale qui ralentit. C'est bien sûr une façon pour le cartel de maintenir son emprise sur le cours du baril et de s'assurer qu'il restera haut perché.

Comme je le disais en préambule, tous les regards vont se tourner vers le marché de l'emploi pour la fin de semaine, parce que ce sera un important vecteur confirmatoire ou infirmatoire pour le léger retour de libido entrevu chez les investisseurs. Cette question de l'emploi me fait penser à une anecdote qui devrait aboutir un peu plus loin à ce que je taille des croupières aux régulateurs de tout poil pour avoir laisser filer les choses. Mais n'anticipons pas trop et laissez-moi dérouler mon histoire, bande de malpolis (je vous préviens, je sais à peu près où je veux aller mais le GPS est HS).

Donc cet été, j'eus l'occasion de véhiculer l'un de nos stagiaires vers l'apéritif organisé par mon principal séide sur la jolie terrasse qu'il possède face à la Tournette (l'équivalent annécien du Pão de Açúcar de Rio, en moins exotique). Lors du transport, j'entrepris notre jeune collègue sur mon ras-le-bol de recevoir uniquement des candidatures de post-ados boutonneux passionnés de cryptos autoproclamés spécialistes de l'analyse technique. Et possiblement plus riches que moi. Je vous le demande : où sont donc les apprentis-journalistes sans le sou vaguement gauchistes ? me lamentais-je. Notre stagiaire, faisant preuve d'une étonnante faculté d'analyse du haut de ses 20 ans, me répondit en substance : "bah il faut les comprendre, ils ont passé deux ans à récupérer 50 fois leur mise en investissant sur des monnaies marrantes, des produits numériques torchés en 20 minutes ou des actions qu'ils ont fait décoller en partant d'une blague sur un forum de geekos". Tout en me notant de ne pas oublier de dégainer une proposition d'embauche de ce petit effronté à la première occasion, je répliquais faute de mieux, avec ma meilleure imitation de Perceval le Gallois "ouais, c'est pas faux". Avant d'ajouter à l'endroit de mon interlocuteur "ben oui, les petits malins comme toi, ,vous êtes trop rapides pour le vieux monde de la finance".

A un point tel que c'en est presque terrifiant. D'ailleurs, Bernard Madoff a préféré décéder plutôt que de continuer à assister à ça. A son époque, un Ponzi ancienne école, c'était 150 ans de prison. Ça avait de la gueule. Aujourd'hui, n'importe quelle personne un peu entreprenante peut convaincre des gens de toutes sortes, des plus sophistiqués aux plus bas de plafond, de les suivre avec des promesses de gains énormes en un temps record sans se fatiguer. Bien sûr, plein d'histoires se sont mal terminées. La plupart en fait, et m'est avis qu'on n'a encore vu que la partie émergée de l'iceberg.

Mais le plus grave, et c'est d'ailleurs la clef du succès, c'est que les autorités chargées d'éviter ça sont inutiles parce que leurs outils, leurs effectifs et leurs procédures sont devenues obsolètes et dérisoires en un temps record. Cette démission collective de la régulation est générale et valide de facto un monde à deux vitesses. On a d'un côté des métiers hyper-régulés et assez bien surveillés, comme la banque ou le conseil en investissement, qui sont enfermés dans un carcan réglementaire pour le moins étroit et qui ne fait plus vibrer grand monde. Et de l'autre un Far West intégral : influenceurs cryptos, magiciens de l'investissement, applis fintechs, SPAC, forums de manipulation, créateurs de jetons, plateformes de NFT. J'y ajoute ma petite touche personnelle avec le business des OCABSA et autres financements dilutifs en France, qui permet à des sociétés zombies d'enrichir des financeurs et des dirigeants sur le dos d'actionnaires crédules qui n'ont pas intérêt à compter sur les autorités pour les protéger, puisqu'il y a longtemps qu'elles ont détournée le regard de ces pratiques.

Le pire dans tout ça, c'est que l'exemple vient d'en haut. Des Elon Musk ou des Ryan Cohen font la pluie et le beau temps, trichent, manipulent et mentent et il ne leur arrive pas grand-chose. En plus ils sont sympas et parfois même rigolos (pour les illustrations de la façon dont les régulateurs ont laissé filer les choses, lire ces deux articles de Doomberg sur AMC Entertainment et sur Bed Bath & Beyond). Dans de telles conditions, pourquoi n'importe qui n'irait pas faire la même chose ? Je doute que la l'AMF ou a fortiori la SEC lisent mes délires matinaux, mais il faudrait quand même songer à se réveiller, ne serait-ce que pour m'aider à recruter.

Mais trêve de divagations. Les places boursières d'Asie Pacifique sont parties dans tous les sens ce matin. Au Japon, le Nikkei 225 gagne 0,9% pendant que le Hang Seng de Hong Kong fait une pause à -0,3% après son envolée de la veille. L'ASX200 australien stagne, le KOSPI coréen est en forme (+1,5%) et le Nifty indien aussi (+0,7%). La Chine continentale poursuit le cours de sa semaine fériée. Les indicateurs avancés européens ont l'air prêts pour reprendre leur ascension. Le CAC40 gagne 0,3% à 6004 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Cap sur l'emploi américain avec l'étude Challenger de septembre (13h30) et les données hebdomadaires de l'inscription au chômage (14h30). Tout l'agenda macro ici.

L'euro est ferme à 0,9913 USD. L'once d'or grappille quelques cents à 1719 USD. Le pétrole a bondi hier à l'annonce d'une réduction des quotas de production de l'Opep+, sans s'envoler non plus, avec un Brent de Mer du Nord à 93,46 USD le baril et un brut léger américain WTI à 87,87 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté à 3,74%. Le bitcoin évolue autour de 20 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 21 EUR.
  • Adecco : UBS reste à l'achat avec un objectif réduit de 45 à 35 CHF.
  • Anglo American : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 3000 GBp.
  • ArcelorMittal : UBS passe d'achat à neutre en visant 23 EUR.
  • Arkema : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 131 à 100 EUR.
  • Boliden : Berenberg restes à conserver avec un objectif de cours réduit de 360 A340 SEK.
  • Crédit Suisse : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 6 CHF.
  • Datagroup : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 81 EUR.
  • EDP Renováveis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 24,50 à 27 EUR.
  • Embracer : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 150 à 115 SEK.
  • Givaudan : Kepler Cheuvreux passe de conserver à acheter en visant 3600 CHF.
  • GN Store : Jefferies démarre le suivi à sous performance en visant 115 DKK.
  • Johnson Matthey : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2400 à 2300 GBp.
  • Kardex : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 175 CHF.
  • Mediobanca : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 9,40 EUR.
  • Metso Outotec : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 9,70 EUR.
  • Nemetschek : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif réduit de 70 à 57 EUR.
  • Petra Diamonds : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 200 GBp.
  • Segro : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 900 GBp.
  • Spire Healthcare : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 251 à 240 GBp.
  • TeamViewer : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif réduit de 15 à 11 EUR.
  • Verbund : Citigroup passe de vendre à neutre en visant 85 EUR.
  • Vestas : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 167 à 151 DKK.
  • Yellow Cake : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 500 à 600 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • STMicroelectronics investit pour produire des composants d'électrification.
  • Engie lance un programme de rachat d'actions.
  • Electricité de France pourrait vendre l'italien Edison alors que le processus de nationalisation s'enclenche.
  • Carrefour émet 500 M€ d'obligations "vertes" 2028 à 4,125%.
  • Rio Tinto et Voltalia signent un contrat d'achat d'électricité d'origine solaire de 148 MW en Afrique du Sud.
  • Antin Infrastructure Partners réalise le premier closing de son Fonds V avec une levée de plus de 5 Mds€.
  • Colas a finalisé l'acquisition du groupe Hasselmann.
  • Une OPR / RO à 44,20 EUR l'action vise Groupe IRD.
  • Lhyfe va développer une usine de 200 MW à Delfzijl (Pays-Bas).
  • Aramis boucle l'acquisition d'Onlinecars.
  • Wallix lance une offre de cybersécurité industrielle.
  • Cellectis présentera des données précliniques sur des cellules “smart” CAR T lors de la réunion annuelle de la Society for Immunotherapy of Cancer.
  • Gaussin signe un partenariat avec Symbio.
  • Esker et SEIITRA s'allient pour accélérer la dématérialisation des documents.
  • Osmozis, Audacia, Bilendi, Foncière Inea, Safe Group, Quantum Genomics, Electricité et Eaux de Madagascar ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • General Electric licencie 20% de ses effectifs dans le secteur de l'éolien terrestre aux Etats-Unis.
  • Twitter et Elon Musk en pourparlers pour mettre fin au litige et permettre la clôture de la fusion.
  • Sacyr songe à des cessions pour accélérer en direction de ses objectifs de moyen terme.
  • Nexans signe le contrat Empire Wind pour alimenter New York en énergie renouvelable.
  • La Norvège augmente la taxe sur l'industrie pétrolière de 2 MdsNOK en 2023.
  • Imperial Brands va racheter 1 Md£ d'actions.
  • Holcim achète un groupe britannique de recyclage de matériaux.
  • Principales publications du jour : Constellation Brands, Seven & I, Conagra, Levi Strauss, McCormick… Tout l'agenda ici.

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