Les marchés actions européens ont enchaîné hier une seconde séance modérément baissière, tandis que les indices boursiers américains ont péniblement rebondi après la grosse claque reçue mardi. Ainsi pourrait-on résumer la journée de la veille. Pour mémoire, le principal événement de la semaine est la publication mardi d'une inflation plus vigoureuse que prévu aux Etats-Unis en août, qui a plongé les investisseurs dans un profond désarroi et envoyé valdinguer le Nasdaq en baisse de plus de 5%. Cette statistique, qui est à contre-courant de ce que prévoyaient les économistes, montre que la banque centrale américaine a encore du pain sur la planche pour reprendre le contrôle des prix. Les financiers ont traduit ça par "davantage de hausse de taux et moins d'argent en circulation pendant plus longtemps".

L'indice FedWatch du CME, qui prédit l'évolution des taux lors de la prochaine réunion de la Fed prévue la semaine prochaine, montre une probabilité de 70% en faveur d'un tour de vis de 75 points de base et de 30% en faveur de 100 points de base. Avant la publication de mardi, l'éventualité d'une hausse de taux de 100 points était à zéro. L'ambiance s'est à nouveau alourdie et les investisseurs se demandent si l'on se dirige, comme je l'écrivais en début de semaine, sur une nouvelle séquence "deux pas en arrière" après avoir fait "un pas en avant". Personnellement je l'ignore et j'en ai assez de parler de taux et d'inflation, donc je change totalement de sujet ce matin.

Je lisais en début de semaine un article sur Ryan Cohen, le gars faiseur et défaiseur d'actions mèmes aux Etats-Unis, et ça m'a donné une idée. Je fais une parenthèse pour mes lecteurs qui ont choisi d'habiter dans une grotte ou qui ne s'intéressent qu'aux sujets réellement sérieux. Une action mème est un investissement décérébré qui ne doit en aucun cas reposer sur un motif valable ni sur une décision rationnelle. Il faut plusieurs ingrédients. D'abord, une action déclassée, au fond du trou ou pas loin. Ensuite, un élément un peu marquant qui permet de lancer une histoire, comme un joli logo, un magasin qui vous rappelle votre premier bisou avec la langue ou pourquoi pas une marque historique tombée en décrépitude. Il faut aussi quelques arguments financiers, réels ou fantasmés. Enfin, il est nécessaire d'avoir un chef d'orchestre charismatique et une armée de petits soldats prêts à le suivre. Et si un bon vieux fonds de vente à découvert est à l'autre bout du carnet d'ordres, c'est la cerise sur le gâteau. Aux Etats-Unis, la chaîne de jeux vidéo GameStop, le loueur de véhicules Hertz, les cinémas AMC Entertainment ou le détaillant Bed Bath & Beyond en sont des illustrations.

L'objectif est de créer un puissant courant acheteur pour faire sauter l'action comme un bouchon de champagne. Point négatif, c'est souvent n'importe quoi et c'est une technique de manipulation de cours comme une autre. Point positif, cela remet du pouvoir aux mains des investisseurs particuliers. Sans compter, il faut bien le dire le côté jouissif et vaguement sadique de culbuter des fonds spéculatifs en les prenant à leur propre jeu. Mais je m'égare, puisque je disais bien plus haut que lire un papier sur Ryan Cohen m'avait donné une idée. Et cette idée, la voilà : quels seraient les meilleurs clients pour une mème offensive en France ? Je suis désolé de me cantonner à la France mais c'est surtout par méconnaissance des bas-fonds des autres bourses européennes. Vos idées sont les bienvenues. J'en propose trois ce matin.

Le dossier qui me semble remplir les principaux critères de base est Casino. Le parcours des dernières années a été sulfureux, le management est pointé du doigt, la valorisation est au plancher et l'entreprise se débat depuis un bail avec un bilan qu'elle a l'air incapable de pouvoir alléger. Ses marques sont ultra-connues et parfois centenaires. Ajoutons à cela que Casino a été la première victime française du fonds Muddy Waters et que le cours n'est pas loin de ses plus bas. S'il existait une puissante communauté WallStreetBets en France, je crois qu'elle pourrait s'intéresser au distributeur.

Le second nom est plus exotique. J'ai pensé au Groupe Flo. Pour les investisseurs, cette entreprise est une tannée. Il est probablement plus agréable de marcher sur du verre pilé que de détenir des actions de la société. D’ailleurs, les dernières personnes qui ont vu Flo gagner de l'argent ne sont peut-être plus en vie. Et manifestement, le webmaster de la société est porté disparu. Flo est bien connu à travers ses restaurants, notamment l'enseigne Hippopotamus et quelques grandes brasseries parisiennes. C'est ce portefeuille qui pourrait faire de l'entreprise un monument en péril que des valeureux investisseurs pourraient vouloir sauver.

Pour varier les plaisirs sectoriels, je termine avec Atari. La marque est mythique dans l'univers du jeu vidéo, même si rien de bien enthousiasmant n'est sorti de son chapeau depuis des années. Atari, c'était le rêve américain d'Infogrames, le développeur français qui fut un temps le numéro un devant l'outsider Ubisoft, avant d'agoniser et de disparaître. Après la débâcle Infogrames, il y a eu autant que je me souvienne une grosse bagarre juridique entre la France et les Etats-Unis pour soutirer aux créanciers les actifs américains d'Atari. Bataille gagnée, qui a permis à un ancien de la maison Infogrames, Frédéric Chesnais, de relancer la marque avant de repartir sous d'autres cieux. Boursièrement, Atari n'est pas un cadeau. Le groupe multiplie les expériences pas toujours réussies dans l'univers du jeu et de la blockchain. Mais sa structure légère lui permet de s'en sortir bon an, mal an. Sa marque encore relativement connue des vieux comme moi et son histoire aux Etats-Unis pourraient en faire un dossier mème tout à fait crédible, pourquoi pas un dossier même transatlantique.

Pour revenir à une actualité plus sérieuse, il y aura pas mal de nouvelles statistiques macro aujourd'hui aux Etats-Unis. C'est aussi ce jeudi que Vladimir Poutine et Xi Jinping se rencontrent à Samarcande en Ouzbékistan. Un choix fort du leader chinois pour sa première rencontre physique hors de ses frontières depuis l'arrivée du coronavirus. En Europe, pendant que la France reconduit un bouclier tarifaire pour 2022, l'UE planche toujours sur son arsenal réglementaire pour amortir le choc de la crise énergétique plus en amont. En Suède, la première ministre Magdalena Andersson va démissionner après le succès de l'opposition de droite dans les urnes.

En Asie, les performances sont légèrement haussières après le net reflux de la veille. Le Japon et l'Australie gagnent environ 0,2% tandis que Hong Kong reprend 0,5%. La Chine continentale perd en revanche du terrain. Le CAC40 perd 0,12% à 6212 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

On attend une bordée de statistiques aux Etats-Unis : Philly Fed, ventes de détail et Empire Manufacturing à 14h30, puis production industrielle à 15h15 et stocks des entreprises à 16h00. Tout l'agenda macro ici.

L'euro reste sous pression à 0,9973 USD. L'once d'or recule à 1692 USD. Le pétrole se maintient, avec un Brent de Mer du Nord à 93,90 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88,45 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est ferme à 3,42%. Le bitcoin s'est stabilisé autour de 20 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • About You : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 13 à 15 EUR.
  • Accor : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 32 à 34 EUR.
  • AstraZeneca : Credit Suisse passe de surperformance à neutre en visant 11 000 GBp.
  • BNP Paribas : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne.
  • BT Group : HSBC passe de conserver à acheter en visant 185 GBp.
  • Capgemini : AlphaValue reste à alléger avec relevé de 168 à 172 EUR.
  • D'Ieteren : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 210 EUR.
  • Ericsson : Credit Suisse passe de surperformance à sousperformance en visant 69 SEK.
  • GSK : Credit Suisse passe de sousperformance à neutre en visant 1430 GBp.
  • Inditex : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 30 à 31,50 EUR.
  • JDE Peet's : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 29 EUR.
  • Kone : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 52 EUR.
  • Nokia : Credit Suisse passe de neutre à surperformance.
  • Novartis : Credit Suisse passe de neutre à sousperformance en visant 78 CHF.
  • Qiagen : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 53,91 EUR.
  • Roche : Credit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 375 CHF.
  • Schindler : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 205 CHF.
  • Snam : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 5,50 EUR.
  • Swisscom : UBS passe de vendre à neutre en visant 490 CHF.
  • Tate & Lyle : Citigroup passe de neutre à achat en visant 850 GBp.
  • Technoprobe : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 7,90 EUR.
  • Telecom Italia : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 0,20 EUR.
  • Terna : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 8,10 EUR.
  • UCB : Credit Suisse passe de neutre à sousperformance en visant 68 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • EssilorLuxottica confirme ses objectifs 2026.
  • TotalEnergies vend sa participation dans le champ de Sarsang en Irak.
  • Stellantis envisage des investissements "significatifs" pour produire de l'énergie pour ses installations européennes.
  • Publicis a reconduit pour quatre ans le mandat d'Arthur Sadoun en qualité de président du directoire et directeur général.
  • LCL (Crédit Agricole) a annoncé un gel de ses tarifs bancaires pour ses clients particuliers jusqu'au 1er septembre 2023. BNP Paribas gèle aussi ses tarifs.
  • Le trafic des aéroports Vinci remonte en août mais reste inférieur à 2019.
  • Elis émet 375 M€ d'OCEANE 2029.
  • Amundi et CACEIS accélèrent la croissance de Fund Channel.
  • KKR va lancer le retrait obligatoire des actions Albioma.
  • Pierre & Vacances a mis en œuvre sa restructuration financière.
  • Carmat se prépare à reprendre les implantations de son coeur artificiel Aeson en octobre, sous réserve de l'obtention des autorisations nécessaires.
  • AB Science poursuit l'étude de phase II avec masitinib dans le COVID-19 à la suite de la recommandation formulée par le comité indépendant de revue des données.
  • DBT renforce significativement son carnet de commandes.
  • Dekuple prend le contrôle de Brainsonic.
  • Mirova renforce ses positions dans Hydrogen Refueling Solutions.
  • SIGMA-ALDRICH et genOway élargissent leur alliance stratégique.
  • Esker, Assystem, Esso, Prodways, Drone Volt, Arcure, LNA Santé, Valbiotis, Novacyt, Aubay, Sidetrade ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Danaher va scinder son activité Environnemental & Applied Solutions.
  • L'accord d'acquisition d'Activision par Microsoft sera soumis à une enquête antitrust approfondie au Royaume-Uni.
  • Tesla modifie sa stratégie en matière de batteries afin de bénéficier d'avantages fiscaux aux États-Unis, selon le WSJ.
  • La Californie dépose une plainte antitrust contre Amazon, accusé de maintenir des prix élevés artificiellement.
  • Shell nomme Wael Sawan directeur général en remplacement de Ben van Beurden.
  • United Airlines et Emirates annoncent un accord de partage de codes.
  • En réponse à Walt Disney, Comcast signale que Hulu ne sera pas bon marché.
  • Novartis fait l'objet d'une enquête sur la concurrence en Suisse.
  • Compagnie Financière Richemont et Gübelin s'associent dans la distribution de montres.
  • Tencent Music opte pour une cotation à Hong Kong par introduction, et fera ses débuts la semaine prochaine.
  • Principales publications du jour : Adobe, Hennes & Mauritz, IG Group, Virbac, Vétoquinol… Tout l'agenda ici.

Lectures