PARIS (Reuters) - Wall Street devrait poursuivre son repli et les Bourses européennes reculent dans le calme à mi-séance jeudi, le changement de ton inattendu de la Réserve fédérale sur l'évolution de sa politique monétaire ayant eu pour effet une nette remontée des rendements obligataires, au détriment des actions, tout en profitant au dollar.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 0,33% pour le Dow Jones, de 0,29% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,41% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 perd 0,15% à 6.642,44 points vers 11h00 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,56% et à Francfort, le Dax recule de 0,14%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,26% et le FTSEurofirst 300 de 0,37% tandis que le Stoxx 600, qui venait d'enchaîner neuf séances de hausse d'affilée, une série sans précédent depuis 2017, abandonne 0,4%.

En laissant entendre qu'elle commençait à envisager une diminution de ses achats d'obligations sur les marchés et qu'elle pourrait relever ses taux dès 2023 et non plus en 2024, la Fed a jeté un froid à Wall Street mercredi, tout en favorisant une nette augmentation des rendements des bons du Trésor comme du dollar.

Pour autant, les fondamentaux qui ont porté la hausse des actions ces derniers mois (le Stoxx 600 a gagné près de 15% depuis le 1er janvier, le CAC 40 près de 20%) ne sont pas remis en cause.

"Avec des actions proches de leurs plus hauts historiques et des rendements des Treasuries à dix ans en hausse ces derniers jours, nous estimons qu'il y a de place pour la volatilité pendant que les investisseurs évaluent les retombées de la réunion d'hier", commentent les responsables de la stratégie européenne d'UBS Global Wealth Management dans un communiqué.

"Mais au-delà, nous pensons que l'amplification de la reprise et de la réouverture de l'économie devrait continuer de soutenir le rally des actions."

Les investisseurs surveilleront notamment à 12h30 GMT les chiffres hebdomadaires des inscriptions au chômage aux Etats-Unis.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, la plus forte baisse sectorielle est pour le compartiment des services aux collectivités ("utilities"), qui souffre de la concurrence des emprunts d'Etat avec la remontée des rendements: son indice Stoxx cède 1,57%.

Les matières premières (-1,31%) sont quant à elles pénalisées par l'appréciation du dollar, utilisé pour la cotation de la plupart d'entre elles (les cours du cuivre, du nickel et de l'aluminium baissent de plus de 1%).

A l'opposé, les bancaires profitent de la hausse des rendements obligataires, favorable à leurs marges de crédit. Le secteur prend 1,99% et à Paris, Société générale (+3,12%), BNP Paribas (+2,87%) et Crédit agricole (+2,38%) affichent les trois meilleures performances du CAC 40.

La baisse la plus spectaculaire du jour est pour le laboratoire pharmaceutique allemand CureVac, dont l'action dégringole de 48,72% après l'annonce d'une efficacité limitée à 47% de son vaccin contre le COVID-19.

TAUX Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans recule légèrement mais, à 1,5566%, il reste proche du pic atteint mercredi et affiche encore une hausse de près de sept points de base par rapport au niveau auquel il évoluait avant les annonces de la Fed.

Le marché obligataire européen suit le mouvement: le rendement du Bund allemand à dix ans remonte à -0,171%, au plus haut depuis 15 jours.

Il a à peine réagi à la confirmation par Eurostat de l'accélération de l'inflation en zone euro à 2% en rythme annuel en mai.

CHANGES

Le dollar reste le principal bénéficiaire du nouveau discours de la Fed: il s'apprécie de 0,79% par rapport aux autres grandes devises après avoir déjà pris 0,66% mercredi, et il évolue au plus haut depuis deux mois.

L'euro retombe ainsi à 1,1931 dollar, son plus bas niveau depuis le 13 avril.

Ailleurs en Europe, le franc suisse souffre de la volonté affichée de la Banque nationale suisse de maintenir une politique accommodante en dépit du relèvement de ses prévisions d'inflation et la couronne norvégienne évolue au plus bas depuis deux mois malgré l'évocation par la Norges Bank de deux hausses de taux d'ici la fin de l'année, un scénario anticipé par les marchés.

PÉTROLE

La vigueur du dollar favorise un repli des cours du pétrole après les plus hauts de plus de deux ans atteints mercredi en réaction à la forte baisse des stocks de brut aux Etats-Unis, même si la vigueur de la demande limite la baisse.

Le Brent abandonne 0,34% à 74,14 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,3% à 71,93 dollars.

(édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand