TEMUCO, Chili, 17 janvier (Reuters) - Le pape François a conseillé mercredi aux indiens Mapuche du Chili d'éviter la violence face aux attaques menées contre leur culture autochtone et leurs terres ancestrales et de lui préférer l'unité de tous les Chiliens.

Le souverain pontife, qui effectue depuis lundi une visite au Chili avant d'aller au Pérou, a utilisé l'expression "déforestation de l'espoir" pour décrire ce que les indigènes Mapuche peuvent éprouver envers les compagnies forestières privées qu'ils accusent de piller leurs terres.

"Mais la violence au final transforme une cause juste en mensonge", a-t-il dit lors d'une messe célébrée devant 150.000 personnes, en majorité des Mapuche vêtus de costumes traditionnels, sur un aérodrome militaire de la ville de Temuco.

Avant la visite du pape, plusieurs églises ont été la cible d'incendies criminels ou d'attentats à l'explosif au Chili, en particulier dans la région boisée et montagneuse d'Araucania, où vivent la majorité des quelque 600.000 Mapuche du pays.

Ces actions ont été imputées à une minorité radicalisée. Aucun signe de tension n'était visible mercredi durant la messe que le pape argentin a entamée avec un "Bonjour" et un "Que la paix soit avec vous" prononcés en langue autochtone.

Les Mapuche occupaient un vaste territoire à l'arrivée des conquistadors espagnols au XVIe siècle. Près de 500 ans plus tard, ils accusent les descendants de ces colons européens de les chasser de leurs terres et de piller leurs ressources.

La présidente sortante du Chili, Michelle Bachelet, a en juin dernier présenté des excuses officielles aux indiens Mapuche pour les injustices commises à leurs dépens et a promis de leur accorder davantage de droits et de ressources.

Face à ces difficultés, le pape a préconisé l'adoption "d'une culture d'estime mutuelle, ne reposant pas sur des actes de violence (...) qui se soldent par des pertes en vies humaines".

"La solidarité (...) est la seule arme à notre disposition contre la 'déforestation de l'espoir'", a-t-il ajouté.

Un des chefs Mapuche de Temuco, Isolde Reuque, a dit espérer que la visite du pape dans cette région reculée du sud du Chili, la plus pauvre du pays, "donne l'occasion de faire connaître notre sort au monde".

"Mais c'est au gouvernement chilien de résoudre nos problèmes, pas au pape", a-t-il souligné. (Philip Pullella et Rodrigo Charme, Gilles Trequesser pour le service français)