* Telecom Italia confirme le départ de Marco Patuano

* Le marché y voit la montée en puissance de Vivendi

* L'action Telecom Italia monte

* La Repubblica évoque un rapprochement Vivendi-Mediaset (Actualisé avec annonce officielle de la démission, analystes, sources et cours)

par Agnieszka Flak et Pamela Barbaglia

MILAN/LONDRES, 21 mars (Reuters) - Telecom Italia a confirmé lundi que son administrateur délégué, Marco Patuano, avait remis sa démission, un départ considéré par la plupart des observateurs comme la conséquence de l'influence croissante de Vivendi, premier actionnaire de l'opérateur télécoms italien.

Le titre Telecom Italia a gagné 3,1% à 1,04 euro à la Bourse de Milan, le marché pariant sur une refonte radicale du groupe lourdement endetté sous la houlette de son actionnaire français.

Des sources avaient indiqué à Reuters samedi que Marco Patuano, âgé de 51 ans, avait remis une lettre de démission après des semaines de spéculations sur son avenir au sein du groupe alors que Vivendi a récemment porté sa participation à 24,9% et obtenu quatre des 17 sièges du conseil d'administration.

"Vivendi essaie de créer un empire médiatique en Europe du Sud", dit le banquier spécialiste du secteur, ajoutant que le groupe français discute aussi avec l'espagnol Telefonica de leurs activités dans les médias. "L'objectif de (Vincent) Bolloré, c'est d'unir France, Italie et Espagne."

Les conjectures sur les ambitions italiennes de Vincent Bolloré, le président du conseil de surveillance de Vivendi, ont aussi été alimentées lundi par un article du journal La Repubblica évoquant un "accord de principe" sur un échange de participations entre Vivendi et le groupe de télévision Mediaset . Mediaset et Vivendi ont refusé de commenter ces informations.

Des sources ont déclaré à Reuters ces dernières semaines que Mediaset, contrôlé par la famille de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, était sur le point de vendre sa filiale de télévision payante à Vivendi, ce dernier cherchant à créer un géant européen des médias capable de rivaliser avec le britannique Sky et l'américain Netflix.

Vivendi, qui dispose d'un trésor de guerre de 6,4 milliards d'euros, pourrait chercher à terme à prendre le contrôle de Mediaset, voire de le fusionner avec Telecom Italia, selon des banquiers et des analystes.

RESTRUCTURATIONS DÉLICATES EN ITALIE COMME AU BRÉSIL

Selon une source, Telecom Italia pourrait réunir dès mardi son conseil d'administration pour demander à son président, Giuseppe Recchi, d'assumer les fonctions d'administrateur général jusqu'à la nomination du successeur de Marco Patuano.

Des sources avaient indiqué précédemment que Flavio Cattaneo, actuellement à la tête du groupe ferroviaire italien NTV, était pressenti pour le poste.

Flavio Cattaneo siège au conseil de Telecom Italia et aussi à celui de l'assureur Generali, où Vincent Bolloré est également influent.

Il a en outre une longue expérience de la direction d'entreprise à capitaux publics, comme la Rai, le groupe de télévision publique italienne, ou l'opérateur de réseaux de gaz Terna.

Marco Patuano avait des relations tendues avec Vivendi depuis l'arrivée du groupe de médias français au capital de Telecom Italia en juin dernier.

Patuano et son actionnaire s'opposaient notamment, selon des sources, sur l'ampleur des réductions de coûts et sur le sort de la filiale brésilienne de Telecom Italia, TIM Participações , que Vivendi aimerait voir mise en vente alors que l'administrateur délégué la considérait comme un actif stratégique.

Une source a précisé que Vivendi souhaitait des réductions de coûts d'un milliard d'euros environ sur la période 2016-2018, alors que le plan stratégique présenté récemment par Patuano n'en prévoit que 600 millions.

Certains analystes s'interrogent toutefois sur le temps nécessaire pour atteindre ces objectifs, notamment s'ils impliquent des milliers de suppressions de postes, un sujet sensible en Italie.

Parallèlement, obtenir un prix satisfaisant pour des cessions d'actifs au Brésil serait délicat alors que le pays est en récession et fragilisé par une crise politique, d'autant qu'Oi, un acquéreur potentiel, s'est lui-même engagé dans un vaste plan de restructuration.

"Nous pensons que le redressement des activités italiennes, qui est en cours, prendra de toute façon du temps et on peut difficilement imaginer une sortie rapide du Brésil dans des conditions attractives", résume Mathieu Robilliard, analyste de Barclays.

(avec Valentina Za, Danilo Masoni, Silvia Aloisi et Giancarlo Navach à Milan, Mathieu Rosemain à Paris; Véronique Tison et Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)