(Actualisé avec nouvelles réactions, vidéo)

GENEVE/LONDRES, 20 juillet (Reuters) - Londres a qualifié samedi d'"acte hostile" la saisie par l'Iran d'un pétrolier britannique, rejetant les explications de Téhéran selon lesquelles le navire aurait été impliqué dans un incident avec un bateau de pêche.

L'arraisonnement du Stena Impero a été effectué vendredi par les gardiens de la Révolution dans le détroit d'Ormuz, la plus importante route maritime du trafic pétrolier mondial.

Il est intervenu plus de deux semaines après la saisie, le 4 juillet, d'un pétrolier iranien, le Grace 1, au large de Gibraltar par les autorités britanniques, qui l'accusaient d'acheminer clandestinement des hydrocarbures vers la Syrie.

Téhéran dément que ce pétrolier transportait du pétrole destiné à la Syrie, en violation des sanctions internationales. Il a demandé à maintes reprises que son navire puisse reprendre la mer et menacé Londres de représailles.

Le corps d'élite de la République islamique a diffusé sur internet une vidéo où l'on peut voir des vedettes rapides aborder le Stena Impero et des soldats cagoulés armés de fusils automatiques à bord d'un hélicoptère descendre en rappel sur le pont du pétrolier, la même technique que celle employée par les Royal Marines britanniques pour immobiliser le Grace 1.

L'équipage, composé de 23 marins, se trouve désormais au port de Bandar Abbas et restera à bord du pétrolier jusqu'à la fin de l'enquête, rapportent les médias iraniens.

"Il a été impliqué dans un incident avec un bateau de pêche iranien (...) Lorsque le bateau a lancé un appel de détresse, le navire battant pavillon britannique l'a ignoré", a déclaré le chef de l'Organisation des ports et de la marine de la province d'Hormozgan, située dans le sud du pays.

Un porte-parole des gardiens de la Révolution, le général Ramezan Sharif, a déclaré que le pétrolier britannique avait été saisi malgré "la résistance et l'interférence" d'un bâtiment de la Royal Navy qui l'escortait. Aucun navire de guerre n'est visible sur la vidéo diffusée par les pasdaran.

PARIS ET BERLIN SOUTIENNENT LONDRES

La ministre britannique à la Défense, Penny Mordaunt, a dénoncé un "acte hostile" de l'Iran. Le chargé d'affaires iranien à Londres a été convoqué au Foreign Office.

Le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt a fait part au téléphone de "son extrême déception" à son homologue iranien Mohammad Javad Zarif. Ce dernier a répondu que le navire ne serait pas relâché tant que la procédure légale n'aurait pas été menée à terme.

Sur Twitter samedi matin, Jeremy Hunt a estimé que la saisie du Stena Impero dans le Golfe montrait que Téhéran était vraisemblablement en train d'opter pour un comportement illégal visant à déstabiliser la situation.

"L'acte commis hier dans le Golfe laisse penser, de façon inquiétante, que l'Iran est sans doute en train de choisir la voie d'un comportement illégal et déstabilisateur, après la saisie LÉGALE de pétrole destiné à la Syrie", a dit Hunt sur Twitter.

Dans le sillage de Londres, la France a fait part samedi matin de sa "grande préoccupation" après la saisie du pétrolier britannique par les forces iraniennes, et a appelé Téhéran à libérer le bâtiment "dans les meilleurs délais".

Berlin également a condamné samedi la saison "injustifiable" du Stena Impero et réclamé la libération de son équipage.

Les trois puissances européennes sont signataires de l'accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en 2015, dont l'avenir est remis en cause depuis que Washington l'a récusé en mai 2018 et a rétabli de lourdes sanctions contre Téhéran. (Babak Dehghanpisheh et William Schomberg, avec Elizabeth Pineau à Paris; Arthur Connan, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)