Vendredi 15
mai
Le point hebdo de l'investisseur
intro Malgré le début du déconfinement dans plusieurs pays, lequel laisse espérer une reprise progressive de l'activité économique, les places financières ont été chahutées cette semaine, subissant pour la plupart de lourds dégagements. Les opérateurs ont, en effet, réduit leur exposition aux actifs risqués, sur fond de craintes d'une nouvelle vague de contaminations au Covid-19. La dégradation des perspectives économiques ainsi que le regain de tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis constituent deux autres motifs pour justifier cette désaffection provisoire pour les actions.
Indices

Sur la semaine écoulée, toutes les zones géographiques ont cédé du terrain.
En Asie, le Nikkei a perdu 0.7%, le Shanghai composite 0.9% et le Hang Seng 1.8%.

En Europe, malgré le rebond de la fin de semaine, les pertes sont plus significatives. Le CAC40 enregistre une perte hebdomadaire de 5.1%, le Dax recule de 3.5% et le Footsie de 1.8%. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal décroche de 4.8%, l'Espagne cède 2.5% et l'Italie 2%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, les indices limitent la casse. Le Dow Jones perd 2.9%, le S&P500 2.6% et le Nasdaq100 confirme sa résilience, avec un repli de seulement 1.4%. L'indice des valeurs technologiques conserve un gain de plus de 4% depuis le 1er janvier.
Matières premières

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) s'est montrée un peu moins pessimiste dans ses prévisions de baisse de la demande de pétrole pour 2020, à la faveur des premières mesures de déconfinement. La demande devrait diminuer de 8.6 millions de barils par jour (bpj) selon le rapport mensuel de l'organisation internationale, un chiffre relevé de 690.000 par rapport au mois dernier. Ces perspectives moins pessimistes viennent s'ajouter à la baisse surprise des stocks US (le premier recul depuis le mois de janvier), permettant aux marchés pétroliers de gagner un peu de terrain. Le Brent se négocie ainsi à près de 32 USD, tandis que le WTI s'échange autour de 28 USD le baril.

L'or reste vivement recherché et évolue vers ses plus hauts annuels à 1736 USD l'once. L'argent s'offre une sortie de congestion et avance à 16.22 USD.

Les cours des métaux industriels restent au contraire sous pression, minés par les tensions commerciales entre Pékin et Washington. A ce titre, le cuivre recule à 5155 USD, tout comme l'aluminium et le nickel à respectivement 1433 USD et 12084 USD.
Marchés actions

Le Nasdaq100 hyper résilient

La performance du Nasdaq 100 depuis le point bas du 23 mars restera dans les annales. 2600 points de hausse pour aller rejoindre les 9300 points. Toutes les résistances psychologiques des retracements de Fibonacci n'ont pu s'opposer à la puissance du mouvement ascensionnel. Ce dernier se caractérise par son dynamisme avec une moyenne positive de 80 points par jour sur la trentaine de séances qui sépare le creux du zénith.

En effet, les GAFAM ont continué de participer activement à la remontée de l'indice technologique. Sociétés gagnantes en situation ordinaire mais aussi en temps de crise, ces dernières (Apple, Alphabet, Microsoft, Amazon et Facebook) représentent près de 50% de la composition totale de l'indice diffusé à Times Square. A elles seules, c'est près de 6 200 milliards de dollars, soit 50% de la totalité des capitalisations des 100 plus grosses valeurs technologiques. Le PER du » club des 5 » se situe à 42 fois les BNA contre une moyenne indicielle de 30, représentant une prime à la qualité et à la croissance.

Le violent rebond du Nasdaq100

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Marché obligataire

Si les taux se négocient globalement sur des points bas hebdomadaires, les marchés obligataires sont dans une tendance latérale. Ni les taureaux, ni les ours n'ont réussi réellement à prendre le dessus ces derniers temps. En Europe, les principales références restent recherchées par les investisseurs, le Bund se traite sur une base de -0.54% alors que l'OAT conserve de peu son rendement négatif à -0.04%.
En Italie, la pression se dégonfle sur l'emprunt à dix ans (1.80%), ce qui profite également à l'Espagne (0.20%). Suite aux diverses publications pessimistes sur les projections du PIB britannique, la demande pour les obligations gouvernementales à 2 ans a fortement augmenté poussant ainsi le rendement de cette échéance dans le négatif. L'obligation d'Etat concernée est passée de 0.35% début mars, à -0.03% de rendement, alors que la référence à 10 ans produit un taux de 0.20%.

Cela pourrait être un présage de l'évolution des taux aux États-Unis. Malgré le discours du président de la Réserve Fédérale Mr Powell, qui assure que son pays n'envisageait pas un tel scénario, le marché semble de plus en plus préoccupé par cette tendance et l'on peut déjà observer une détente à la fois sur la partie courte de la courbe des taux ainsi que sur le 10 ans US à 0.61%.

Moins impactée par le stress, la Suisse de son côté conserve de bonnes conditions pour emprunter, son rendement se stabilisant à -0.57%.
En parallèle aux marchés des emprunts souverains peu rémunérateurs, le crédit se porte bien car les titres « Investment Grade » et « High Yield » conservent des rendements attrayants malgré les risques sectoriels.

Tensions sur le taux à 10 ans brésilien

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Marché des changes

Le marché des devises conserve sa structure actuelle avec le renforcement des monnaies fortes, les trois valeurs concernées (dollar, yen et franc suisse) se neutralisant dans leurs échanges. Le couple USD/JPY s'équilibre sur 1.07 alors que la parité USD/CHF duplique le mouvement étale à 0.97.
Le différentiel de taux quasi inexistant entre l'euro et le franc pousse malgré tout les cambistes vers la devise helvétique plus robuste. La monnaie unique a donc touché un plus bas de 5 ans contre le franc suisse à 1.05 CHF. La dégradation se veut graduelle depuis deux ans (voir graphique).

Face au dollar, la léthargie continue. En effet, la parité majeure évolue entre deux bornes resserrées (1.098 et 1.077 USD). La peur d'un éclatement de la zone euro après le jugement de la Cour allemande la semaine passée n'a, en effet, pas eu d'impact sur le taux de conversion.

Outre-manche, la livre s'affaiblit contre les monnaies fortes : 1.22 face au dollar ou 1.19 contre le franc suisse, faisant perdre environ 200 points de bases à chacune des parités.

Du côté de la zone émergente, c'est la devise brésilienne qui subit encore la pression et cède du terrain face au billet a 5.90 BRL. Cette même parité se traitait sur une base de 4.1 BRL en début d'année.

Canal baissier de l'EUR/CHF depuis deux ans

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Statistiques économiques

La semaine a été peu fournie en termes de statistiques européennes.
Les indices CPI et PPI en Allemagne sont ressortis contrastés, à respectivement +0.4% et -0.7% (contre +0.3% et -0.6% attendu). Le PIB allemand était quant à lui conforme aux attentes à -2.2%, faisant entrer l'Allemagne en récession, en raison du coronavirus.
Pour la zone euro, la production industrielle chute de 11.3% (consensus -12.3%), le PIB recule de 3.8% tandis que la balance commerciale était meilleure que prévue (23.5B contre 17.2B anticipé).

En chine, les données étaient mitigées. Les ventes au détail chutent de 7.5%, le chômage remonte à 6% mais la production industrielle grimpe de 3.8% alors que le marché attendait +1.5%.

Outre-Atlantique, les inscriptions hebdomadaires au chômage ressortent à 2981K (2500K attendu).
Les ventes au détail ont chuté de 16.4% (consensus -12%), la production industrielle de 11.2% et l'indice Empire State manufacturier à -48.5 (-65 attendu).
L'élément marquant de la semaine concerne l'intervention de Jerome Powell, lequel a indiqué que la Fed n'envisageait pas le recours aux taux négatifs dans l'immédiat, confirmant néanmoins le maintien/renforcement des mesures de soutien.
Au son du violon

L'économie rouvre à petits pas et comme l'explique le fameux proverbe bien connu des opérateurs, le « son du violon » incite les prises de bénéfices à l'inverse du « son du canon ». Malgré cette récente alerte des indices, deux forces continuent de s'opposer avec d'un côté, la forte dégradation des conditions macroéconomiques, à l'image de la chute des PMI et de l'autre les interventions sans limite des banques centrales et des gouvernements.
Ces mesures de soutien favorisent une allocation plus risquée mais très ciblée chez les investisseurs, même si les escarmouches sino-américaines resurgissent et viennent rajouter de la volatilité au prix des actifs.

Concernant cette crise sanitaire qui impacte conjointement l'offre et la demande, les semaines prochaines permettront sans doute de répondre à la question de savoir si cette phase historique constitue une récession cyclique ou un choc sectoriel.