Vendredi  5
juin
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont réalisé une semaine quasi parfaite, avec un bilan hebdomadaire largement positif, à la faveur de données encourageantes au niveau macroéconomique et des espoirs d'un redémarrage rapide de l'activité à travers la planète. Les nouvelles mesures de soutien annoncées par la BCE ont également entretenu l'appétit pour le risque des opérateurs, reléguant au second plan les tensions persistantes entre la Chine et les Etats-Unis.
Indices

Sur la semaine écoulée, tous les grands indices ont progressé.
En Asie, le Nikkei s'adjuge 4.5%, le Hang Seng récupère 7.88% et le Shanghai composite 2.7%.

En Europe, le CAC40 réalise une belle avancée de 10%, le Dax performe de 8.5% et le Footsie de 10.3%. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal gagne 6.2%, l'Espagne 10.4% et l'Italie 10.2%.

A l'heure de la rédaction de ce point, outre-Atlantique, le Dow Jones grimpe de 4.7%, le S&P500 progresse de 2.8% et le Nasdaq100 gagne seulement 1.3% mais inscrit un nouveau record historique à 9785 points.

Rattrapage du CAC40 sur le S&P500

image
Matières premières

La production du cartel a atteint son plus bas niveau en vingt ans. Celle-ci est tombée à 24.77 mbj (millions de barils par jour) sur le mois de mai, soit une baisse de 5.91 mbj par rapport au mois d'avril. Initialement prévu le 9 et 10 juin, le sommet de l'OPEP+ a été avancé à ce week-end. Les membres de l'Organisation élargie se concentreront sur l'amélioration du taux de conformité des quotas, visant particulièrement l'Irak qui a promis de compenser ses écarts d'ici le mois de juillet. Force est de constater que le marché salue ces résultats, le Brent s'installe ainsi au-delà des 40 USD le baril, tandis que le WTI se négocie à 38 USD.

Le rallye haussier des marchés actions commence à peser sur les cours de la relique barbare. Les gains XXL enregistrés depuis trois semaines sur la plupart des places financières incitent les opérateurs à se détourner de l'or. Il convient néanmoins de nuancer ce mouvement de consolidation puisque l'or fait preuve d'une relative résilience en ne cédant « que » 3% depuis ses sommets et en progressant de 12.80% depuis le 1er janvier. L'argent emprunte le même chemin en cédant du terrain sur la semaine à 17.68 USD.

Le ciel s'éclaircit sur le compartiment des hard commodities. Bénéficiant de l'amélioration des données économiques provenant de Chine, du retour de l'appétit pour le risque et de la faiblesse du billet vert, les prix des métaux de base se redressent. Le cuivre gagne 2.2% à 5452 USD la tonne métrique.



Depuis 20 ans le WTI affiche une volatilité exacerbée (graphique en données trimestrielles)

image
Marchés actions

Parmi les gagnants de la crise sanitaire, TeamViewer se positionne en bonne place. La société allemande a profité de la demande supplémentaire de solutions d'accès à distance et de l'explosion du télétravail. La compagnie s'est transformée en compagnon de fortune pour traverser cette période de confinement et il parait légitime d'imaginer que ses solutions technologiques bénéficieront de cet engouement dans le futur.

A fin mars, cela s'est traduit dans les chiffres avec une augmentation de 75% des ventes à 120 M€ contre 68.6 M€ un an auparavant. En parallèle, la marge d'exploitation a suivi la même tendance, progressant jusqu'à 62%. La société anticipe une facturation globale sur l'exercice en cours de 450 millions d'euros et 56% de marge.

De son côté, la direction affiche clairement ses intentions : rechercher des opportunités d'acquisition de technologies intéressantes, tout en investissant de manière significative en R&D. Ces qualités fondamentales ont permis un parcours boursier époustouflant depuis son IPO de Septembre 2019.
Après un retour rapide sur son prix d'introduction, suite à la première vague baissière des indices, le titre est vite revenu dans les radars des investisseurs pour bondir de 90%, passant de 25 à 45€. Un tel parcours place l'action sur le podium de l'indice TecDAX, devancée seulement par Sartorius AG.


Puissant rebond du titre TeamViewer

image
Marché obligataire

La réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE a été un véritable événement. En effet, les dépositaires monétaires de la zone euro ont décidé d'augmenter le volume du Programme d'achat d'urgence en cas de pandémie (ou PEPP, en abrégé) d'un total de 600 milliards d'euros. Dans cet environnement cyclique toujours complexe, une nouvelle dose d'accommodement de la politique monétaire parait justifiée.
De manière instantanée, l'annonce a permis la réduction des écarts de taux sur les titres de créance émis par les pays périphériques.
Le rendement du Bund remonte à -0.29 (+20pb en une semaine) et l'OAT française repasse symboliquement dans le positif (0.03%).
A contrario, l'Italie bénéficie de ce plan de soutien massif et voit la rémunération de son emprunt principal reculer à 1.41% tout comme l'Espagne à 0.56% et surtout la Grèce à 1.31%.
De son coté, le 10 ans suisse connait une légère pression avec un taux de rendement qui progresse à -0.37%, soit le niveau de mi-mars.
La trajectoire haussière se vérifie également outre-Atlantique avec un Tbond à 0.83% (+18 points de base ) ainsi qu'au Japon dont la référence obligataire dégage un rendement positif, ce qui est loin d'être la norme depuis deux ans.
Marché des changes

En prenant la décision d'intervenir massivement et plus longtemps, la BCE a donné un coup de fouet à l'euro (1.1350 face au billet vert). Cette avancée se duplique contre toutes les devises. Elle se matérialise, en effet, de manière violente contre le yen à 123.7 JPY (+ 300 points) et face au franc suisse à 1.08 CHF, marquant ainsi un plus haut de 2020.

Le Japon a enregistré une chute record de la consommation des ménages en avril (-11%) inscrivant ainsi un septième mois consécutif sous le zéro. Il n'en fallait pas plus pour que, dans cet environnement euphorique des marchés, les cambistes vendent la devise nippone perdant momentanément son statut de valeur refuge. Elle se négocie actuellement à 109.2 JPY (-150 points de base).
Au Royaume-Uni, la livre sterling reprend des couleurs contre le billet et s'échange à 1.26 USD (+300 pb)
Le mouvement de la semaine se situe dans l'hémisphère sud où le dollar australien gagne du terrain sur toutes ses contreparties, à l'image de la parité AUD/USD 0.69 et de l'AUD /JPY à 76 yens.


Reprise de la monnaie unique face au yen

image
Statistiques économiques

Concernant la macroéconomie, les indices PMI Caixin manufacturier et services ont dépassé les attentes en Chine, à respectivement 50.7 et 55 (consensus 49.7 et 47.4). Les indices PMI "officiels" étaient quant à eux dans le consensus, au-delà de la barre des 50 qui traduit une légère hausse de l'activité.

En zone euro, les indices PMI manufacturier et services était également meilleurs que prévu (39.4 et 30.5), tout comme le taux de chômage à 7.3% et les ventes au détail en baisse de 11.7% (consensus -15%). L'indice PPI a, en revanche, reculé de 2% et les commandes industrielles allemandes chutent de 25.8%.

Aux Etats-Unis, l'ISM manufacturier rate de peu le consensus (43.1 contre 43.5 anticipé), tandis que l'ISM services a dépassé les anticipations à 45.4 (44.2 attendu et 41.8 le mois dernier). Les commandes industrielles ont chuté de 13% et le déficit commercial se creuse à -49.4B. Concernant l'emploi, l'enquête ADP dans le secteur privé était nettement meilleur que prévu, avec "seulement" 2.76 millions de destructions de postes (consensus -9 millions). Le taux de chômage recule de manière surprenante à 13.3.% avec la création de 2.5 millions d'emplois non agricoles (consensus -7750K).
Ces milliards qui génèrent de l'euphorie

Les marchés actions baignent dans l'euphorie. La récente intervention de la BCE d'augmenter son plan de soutien à coups de centaines de milliards (les chiffres n'étant pas calculé au laser) vient se rajouter au plan de relance germanique de 130 milliards. La course aux aides illimitées est ouverte et dope les initiatives acheteuses.

Soutien financier aux entreprises en difficulté, relance de la demande, resserrement des spreads de taux, dislocation évitée de la zone euro, réduction de la pandémie, les craintes se dissipent petit à petit dans le comportement tactique des investisseurs.

Tout va très vite dans la reprise des indices et les allocations sectorielles aident à la progression. Les achats se portent sur un pan de cote délaissé comme les valeurs industrielles sensibles aux cycles, les foncières ou encore les bancaires, secteurs très en retard.
Ce mouvement ascendant d'une rare violence succède donc à une chute vertigineuse des prix, pour former un grand V. Tiens, cela ne ressemblerait t'il pas à une configuration de la reprise économique espérée par le marché ?