Vendredi  2
août
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont été lourdement chahutées cette semaine, dans un contexte de retour des tensions commerciales sino-américaines. Les opérateurs avaient dans un premier temps effectué quelques prises de bénéfices, déçus par la baisse de seulement 25 points de base des taux directeurs par la Fed et un discours moins accommodant de J. Powell. Les dégagements se sont ensuite intensifiés, après l'annonce par D. Trump de l'entrée en vigueur le 1er septembre d'une taxe de 10% sur les importations chinoises pas encore taxées.
Indices

Sur la semaine écoulée, le rouge domine pour les différentes zones géographiques.
En Asie, Le Nikkei a perdu 2.6% tout comme le Shanghai Composite alors que le Hang Seng décroche de 5.2%.
En Europe, le CAC40 cède 4.6% tout comme le Dax et le Foostie perd 1.8%.
Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal abandonne 4.6%, l'Espagne recule de 3.6% et l'Italie de 3.3%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones enregistre une perte hebdomadaire de 3.2%. Le S&500 recule de 3.6%, signe d'un retour de l'aversion au risque (voir graphique du VIX). Le Nasdaq100 cède quant à lui 4.5%.

Graphique du VIX

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Le VIX retrouve une zone plus stressante mais encore loin des pics historiques.
Matières premières

Les prix pétroliers terminent la semaine en baisse, lestés par le regain de tensions commerciales et ses conséquences sur la demande de brut. Le pétrole a, par ailleurs, connu l'une de ses pires séances en 5 ans, en abandonnant jusqu'à 7.9% sur une seule journée. Le Brent se négocie ainsi à proximité de 61.6 USD tandis que le WTI se traite autour de 54.8 USD.

L'or et l'argent divergent sur la séquence hebdomadaire. Le métal gris reprend son souffle suite à sa forte appréciation sur le mois de juillet et consolide ainsi à proximité des 16 USD. Du côté de l'or, le métal roi demeure soutenu par l'assouplissement de la politique monétaire de la Fed ainsi que par le retour de l'aversion au risque sur les marchés actions. L'or poursuit donc naturellement sa trajectoire haussière à 1440 USD l'once.

Le compartiment des métaux industriels s'inscrit en net baisse sur la semaine, handicapé en plus par la montée du dollar américain. Le cuivre perd du terrain à 5876 USD, tout comme l'aluminium et l'étain, à respectivement 1757 et 17275 USD.
Marchés actions

Une japonaise à l'honneur.

Elle s'appelle Advantest Corporation et cote depuis 1983 sur la bourse de Tokyo. La compagnie est créée par M. Takeda en 1954, avec le premier nom de Takeda Riken industries pour commercialiser le micro-ampèremètre. En 1977, la compagnie contribue au lancement d'un satellite japonais en fournissant des instruments de mesure haut de gamme. Dans les années 80, la société change de nom pour devenir Advantest Corporation. Elle devient le premier fournisseur mondial d'équipement de test de semi-conducteur. Pour accroître sa notoriété, le groupe s'introduit également au NYSE.

Le titre accomplit des exploits sur 2019, avec la plus forte hausse du Nikkei et ses 91% de performance, dont 30% sur la dernière semaine, au lendemain de ses résultats. Sa capitalisation, malgré le parcours haussier, se monte à peine au-delà des 7 milliards de dollars, ce qui la positionne dans la moyenne des capitalisations de l'indice nippon, un niveau inférieur à la plus petite valeur du CAC40 (Atos et ses 9 milliards de dollars de capitalisation).


Advantest Corporation

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Marché obligataire

Les investisseurs n'ont pas été surpris par la baisse de 0.25% du taux de la Fed. Ces derniers attendaient de connaitre l'évaluation par J. Powell des perspectives économiques. Résultats, les rendements baissent de nouveau pour l'ensemble des dettes souveraines. Le stress sur les échanges internationaux amplifie le mouvement de « flight to quality ».
En Europe, le Bund ne négocie sur une base de -0.48% et l'OAT française sur un nouveau record à -0.21%. Les taux négatifs se propagent. La Suède (-0.19%), les Pays-Bas (-0.37%) génèrent des rendements sous le zéro symbolique. La Suisse affiche également une référence historique à -0.85%. Même comportement des emprunts européens, le taux italien à 10 ans tombe à 1.58% et celui de l'Espagne à 0.27%, alors que les investisseurs obligataires peuvent investir sur des titres souverains grecs à 2%.
Outre-Atlantique, le taux d'intérêt sur la dette américaine à 10 ans a chuté à son plus bas niveau depuis novembre 2016 à 1.89%.
Marché des changes

La volatilité réapparaît de manière ostentatoire sur le marché des devises. La semaine a donc vu les cambistes oeuvrer nerveusement sur différentes paires. Les écarts sont patents sur la livre sterling. Pénalisée par les craintes grandissantes d'un Brexit sans accord, la monnaie britannique a perdu plus de 2% contre ses principales contreparties, soit 1.21 USD (voir graphique) et 1.20 CHF. Un Brexit sans accord est vu comme une catastrophe par le milieu des affaires, qui redoute des turbulences économiques.

De son côté, l'euro cède à nouveau du terrain face au billet vert en se traitant sous les 1.11 USD. Les intervenants ont privilégié le yen qui s'est raffermi contre un panier de devises. En effet, le statu quo de la BoJ sur son taux de base à -0,10% et le maintien de son objectif de 0% pour les obligations de l'Etat à 10 ans ont dopé la monnaie nippone. Le yen progresse ainsi contre le dollar à 108.55 JPY et à 118.5 JPY face à la monnaie unique.
Il convient de surveiller sur les prochaines séances le comportement des monnaies émergentes qui se replient fortement face au billet vert comme le real brésilien, le peso argentin, le renminbi, la roupie ainsi que le rouble.


Evolution du GBP/USD

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La parité se rapproche de ses plus bas historiques de 1984.
Statistiques économiques

Les différentes statistiques macroéconomiques montrent une certaine divergence. Tout d'abord concernant les prix, les chiffres de l'inflation aux Etats-Unis sont ressortis en ligne avec le « core PCE » qui est tombé à 0.2%, soit 1.6% sur un an.
En Allemagne, l'indice des prix pour les consommateurs allemands a progressé de 1.7% sur un an en juillet, après +1.6% en juin.

Sur le plan de la confiance, l'indice calculé par le Conference Board s'est inscrit en hausse de plus de 10 points pour s'établir à 135.7 points en juillet contre 124.3 en juin.

Ça se complique pour les indices d'activité industrielle. En effet, Pour le 3ème mois consécutif, l'activité du secteur manufacturier chinois s'est contractée. En juillet, le PMI s'est établi à 49.7 points, inférieur à 50 et témoignant d'une contraction. Aux Etats-Unis, elle ralentie aussi. L'ISM manufacturier a perdu 0.5 point à 51,2 en juillet contre 51.7 en juin.

Du coté de la Fed, cette dernière a baissé son taux directeur, pour la première fois en 10 ans, de 0.25% à 2.25%, geste largement attendu par la communauté financière.
Quant au chômage, il ressort à 3.7% aux Etats-Unis, avec 164K créations d'emplois hors agricoles et un salaire horaire en hausse de 0.3%.
Coup de tonnerre sur les marchés

Le rendez-vous de la Fed devait être le catalyseur pour accéder à une phase estivale sereine mais les propos imprévisibles de Donald Trump, sur un renforcement du protectionnisme orientent les marchés dans un tout autre niveau de stress peu rassurant.
La majorité des indices battait des records historiques et l'annonce américaine est tombée dans un contexte de sur-achat marqué, générant ainsi une puissante réaction négative. Le dossier commercial avait été relégué au second plan par les publications semestrielles et les discours de banquiers centraux. Dorénavant, il constitue plus que jamais une menace pour l'économie mondiale, malgré les tentatives d'accord entre les pays concernés.
Favorisé par une ère sans fin de rendement nul sur les obligations, le compartiment actions constitue le seul terrain où la performance peut se matérialiser (le qualitatif premier semestre 2019 le confirme) mais il faut en accepter le risque, celui d'un environnement perturbé qui prône de plus en plus le protectionnisme.