Vendredi 26
février
Le point hebdo de l'investisseur
intro Tiraillées entre de bonnes publications de sociétés et les craintes inflationnistes, matérialisées par la poussée des taux longs américains, les places boursières ont fait preuve de nervosité cette semaine et terminent sur une note baissière. Les valeurs financières, les pétrolières et les cycliques ont notamment regagné du terrain, tandis que les valeurs technologiques ont subi de lourds dégagements, dans le sillage de leurs homologues américaines.
Indices

Sur la semaine écoulée, les grands indices ont pour la plupart cédé du terrain.
En Asie, le Nikkei recule de 3.5% sur les cinq derniers jours, avec de lourds dégagements ce vendredi (-3.99%). Le Hang Seng a décroché de 5.3% et le Shanghai Composite a perdu 5.1%.

En Europe, les pertes sont à cette heure moins significatives, à l'image du CAC40 qui enregistre une baisse hebdomadaire de 0.9%, après avoir inscrit un nouveau record annuel ce jeudi à 5834 points. Le Dax cède 1.2% et le Footsie 1.3%. Dans les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne se démarque très nettement, en s'adjugeant 1.3% (avec notamment le secteur bancaire et les valeurs liées aux voyages). Le Portugal perd, quant à lui, 2.3% et l'Italie 0.8%.

Aux Etats-Unis, le Dow Jones résiste, avec une perte hebdomadaire de seulement 0.35% mais le S&P500 recule de 1.6% et le Nasdaq100 signe la plus mauvaise performance (-4.6%).
Matières premières

Un record mais une fin de semaine morose. On peut résumer ainsi la semaine pour les marchés pétroliers. Portés par la faiblesse de la production américaine, les prix ont atteint leur niveau de janvier 2020, à 63.5 USD pour le WTI et 67.7 USD pour le Brent. La séance du jour tranche ainsi avec l'optimisme affiché en début de semaine. Les opérateurs devront attendre la prochaine réunion de l'OPEP+, qui se déroulera le 3 et 4 mars prochain, pour trouver de nouveaux catalyseurs.

Hausse des rendements obligataires et hausse de l'or ne font pas bon ménage. La relique barbare termine ainsi la semaine au plus bas à 1760 USD (voir graphique). Ce n'est pas mieux du côté de l'argent, qui perd également du terrain à 26.8 USD.

Le rallye des métaux de base s'est poursuivi cette semaine, le cuivre atteignant un nouveau sommet annuel à 9600 USD la tonne métrique.


L'or dans un canal baissier

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Marchés actions

Covestro est l'un des leaders mondiaux de la fabrication de polymères de haute technologie. La société allemande a fait parler d'elle ces dernières semaines en affichant la meilleure performance du DAX depuis le début de l'année avec une hausse de 22,5%.

Covestro se concentre principalement sur le développement de solutions innovantes de produits de notre vie quotidienne. Ainsi, l'entreprise est présente dans des secteurs très variés allant de l'industrie automobile à la construction en passant par l'électronique ou le secteur de l'ameublement. Plus concrètement, les recherches sur les polymères permettent de réduire la consommation en carburant des véhicules en les rendant plus légers mais aussi d'améliorer l'isolation des bâtiments pour réduire notre consommation quotidienne d'énergie.

Cette entreprise se fixe un objectif de croissance durable tout en limitant au maximum les émissions de carbone, comme le prouve son dernier projet éolien offshore basé en Norvège, qui devrait être inauguré en 2025.

Financièrement, la société a souffert de la crise sanitaire mondiale avec un EBITDA en baisse de 8% par rapport à 2019 à 1,473 milliard d'euros. De plus, les ventes ont chuté de 13%, du fait d'une baisse des volumes et des prix. Toutefois, l'année 2021 démarre sous le signe de l'optimisme avec des prévisions de nette remontée de l'EBITDA par rapport à 2020. Covestro devrait ainsi dépasser ses niveaux pré-pandémiques d'ici la fin de l'année.

Progression linéaire du titre Coversto

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Marché obligataire

La pression sur les rendements a marqué la semaine sur les marchés des emprunts souverains, les intervenants craignant une surchauffe des économies. En Europe, le redressement se veut brutal, avec une OAT française qui franchit symboliquement le zéro et un bund allemand qui grimpe de 20 points de base à -0.25%. Le sud du continent n'échappe pas à ce mouvement, l'Italie (0.80%), l'Espagne (0.45%) et la Grèce (1.12%) voient leur dette générer des rémunérations plus attrayantes.

Outre-Atlantique, le Tbond progresse vers 1.5%, un niveau psychologique important pour les marchés actions. Une vague de ventes a donc déferlé sur les obligations d'État US, poussant les rendements à la hausse. Cette panique a fait suite aux remarques du président du FOMC, M. Powell, qui considère la hausse des rendements comme une "déclaration de confiance" de la part des marchés, qui renforce le scénario d'une solide reprise.

En revanche, la BCE s'est clairement positionnée, "en surveillant de près" son influence sur les conditions de financement dans la zone euro. Le bras de fer entre le marché et les institutions monétaires bat son plein.

Plusieurs taux à leur plus haut depuis un an

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Marché des changes

La volatilité caractérise le parcours des différentes devises. D'une séance à l'autre, les mouvements se contredisent, accompagnant la nervosité sur les taux des emprunts souverains à long terme. Ainsi, le dollar reprend des couleurs grâce à la remontée des rendements US. La parité majeure EUR/USD a perdu, par conséquent, 100 points de base en quelques heures à 1.212 USD.

Les monnaies liées aux matières premières telles que l'AUD, le CAD ou encore le NZD refluent massivement après des gains substantiels, jusqu'à 2% dans la journée. La livre sterling subit également des prises de bénéfices et cède 80 points de base face à l'euro à 0.8650 GBP. Les fortes anticipations de reprise économique globale stimulée par des plans de relance massifs font perdre de l'attrait aux devises défensives telles que le CHF et le JPY, qui reculent face à leurs principales contreparties, à l'image de la devise helvétique qui s'échange à 1.10 CHF contre la monnaie unique.
Statistiques économiques

Peu de statistiques au programme en zone euro. L'indice CPI était conforme aux attentes à +0.9%. En Allemagne, l'IFO (confiance des milieux d'affaires) a agréablement surpris (92.4 contre 90.3 le mois dernier), le PIB progresse plus que prévu au T4 (+0.3%) et les prix à l'importation ont rebondi de 1.9%. En France, les dépenses de consommation ont reculé de 4.6% (contre -3.5% attendu) et le PIB recule de 1.4% (consensus -1.3%).

Les données américaines étaient quant à elles encourageantes. Le PIB progresse de 4.3% au T4, les commandes de biens durables grimpent de 3.4% et les inscriptions hebdomadaires au chômage retombent à 730K (841K la semaine passée). Les revenus des ménages bondissent de 10% mais les dépenses de seulement 2.4%. L'indice Core PCE a par ailleurs progressé de 0.3%,
Entre croissance et surchauffe

Les investisseurs aperçoivent la lumière au bout du tunnel et peuvent donc se projeter sur les prochains trimestres qui devraient marquer, tel un effet catapulte, une forte reprise économique. Les marchés valorisent, par conséquent, un retour à la normalisation. C'est-à-dire agir plus librement et se porter davantage sur une consommation moins digitale, ce qui devrait profiter aux secteurs délaissés en 2020 car plus cycliques.
La contrepartie d'un tel emballement conjoncturel réside dans les risques de surchauffe.

Il faudra donc garder un oeil attentif sur la pentification de la courbe des taux, conséquence directe des convictions fortes des opérateurs, qui testent jusqu'où les banques centrales sont prêtes à aller.