Vendredi 23
octobre
Le point hebdo de l'investisseur
intro Tiraillées entre les nouvelles mesures de restriction en Europe contre la propagation de la Covid-19, des résultats trimestriels contrastés et les espoirs d'un compromis sur le plan de relance américain, les places financières ont fait preuve de nervosité cette semaine. L'optimisme affiché ce vendredi permet néanmoins aux grands indices de limiter leurs pertes pour revenir à proximité de l'équilibre, signe de l'indécision des intervenants.
Indices

Sur la semaine écoulée, les grands indices ont évolué en ordre dispersé, malgré le sursaut de cette fin de semaine. En Asie, le Nikkei enregistre une performance hebdomadaire de 0.45% et le Hang Seng progresse de 2.1% alors que le Shanghai Composite recule de 1.7%.

En Europe, à l'heure de ce point hebdomadaire, le CAC40 perd finalement 0.6% sur la semaine, le Dax 2.1% et le Footsie se replie de 1.1%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne grappille 0.3% tandis que le Portugal cède 2.3% et l'Italie 0.7%.

Aux Etats-Unis, le Dow Jones enregistre une perte hebdomadaire de 0.9% tout comme le S&P500, alors que le Nasdaq100 se dégrade de 2.2%.
Matières premières

La semaine se termine mieux qu'elle n'avait débuté pour les marchés pétroliers. Toujours crispés par une demande mondiale atone, les cours ont repris des couleurs, grâce à l'intervention de Vladimir Poutine, prêt à reporter l'augmentation de la production de son pays si nécessaire. Un consensus semble ainsi prendre forme avec l'Arabie Saoudite, où des voix se sont déjà élevées à ce sujet. Le Brent se traite toujours à proximité de 43 USD, contre 40.7 USD pour le baril de WTI.

L'or et l'argent ont fait du surplace cette semaine. Cette évolution à plat tranche avec les prévisions de Goldman Sachs, qui se montre particulièrement optimiste pour ces métaux précieux l'année prochaine. La banque américaine vise effectivement des prix moyens de 2300 USD pour l'or et 30 USD pour l'argent. En attendant, il faudra se contenter d'une once d'or à 1910 USD et d'une once d'argent à 24.7 USD.

Le cuivre tutoie la barre des 7000 USD la tonne métrique et progresse par conséquent de près de 50% depuis son creux du mois de mars. Rupture d'approvisionnement au Chili et forte demande émanant de Chine, tels sont les facteurs qui tirent les prix à la hausse.
Marchés actions

Snap est connu notamment chez les jeunes pour son réseau social phare, Snapchat, qui permet de partager des photos et vidéos de manière éphémère avec son entourage. L'entreprise propose aussi des mini-jeux, des outils créatifs pour personnaliser ses contenus, la possibilité de communiquer par chat, de passer des appels vocaux et vidéos ou encore de suivre l'actualité.

Dernièrement, le titre Snap a progressé de 39% en l'espace de deux séances, suite à la publication de ses résultats du troisième trimestre créant la surprise des analystes. En effet, les revenus de Snap ont augmenté de 52% à 679 millions de dollars alors que le consensus s'attendait à 557 millions de dollars, ce qui lui permet d'engranger un léger bénéfice ajusté de 0.01$ par action. En données annuelles, Snap reste néanmoins déficitaire.

L'un des principaux problèmes de Snap se situe au niveau de la monétisation de ses utilisateurs. A ce jour, la société se rémunère grâce à la publicité sur son canal Discover ainsi qu'aux achats in-app. Ses futurs cash-flow et donc sa viabilité dépendent fortement du nombre d'utilisateurs et de leur temps passé sur l'application. Au dernier trimestre, l'entreprise a enregistré une croissance de 18% du nombre d'utilisateurs actifs quotidiennement, à 249 millions contre 243 millions attendus. C'est un signe prometteur même s'il reste encore du chemin à parcourir. Le revenu moyen par utilisateur est passé de 0.59$ en 2015 à 8.29$ en 2019, soit une croissance annualisée de 251%. Cette tendance devrait continuer à mesure que Snap développe ses contenus et diversifie son offre de fonctionnalités.

Sur un plan boursier, les investisseurs saluent la stratégie globale de Snap. L'action progresse de plus de 123% sur l'année.

Forte poussée du titre Snap

image
Marché obligataire

Le sentiment sur les marchés des obligations d'État s'est légèrement retourné contre le risque, même si les chiffres sur la confiance des consommateurs étaient nettement négatifs, se maintenant en dessous de leurs niveaux du mois précédent. Le bund allemand se traite sur une rémunération négative de -0.58%, en légère hausse, tout comme l'OAT française qui remonte à -0.3%.
La chasse au rendement a même permis au rendement du BTP italien 10 ans d'atteindre un nouveau plancher à 0.63%. Niveau historique touché également pour les taux associés aux dettes portugaise et espagnole, proches du zéro symbolique.
Les nouvelles concernant une augmentation exponentielle du nombre de nouvelles infections ou de confinement pourraient, à tout moment, revigorer spontanément le camp haussier sur le front des revenus fixes.

La Suisse voit son emprunt majeur à dix ans toujours recherché par les investisseurs, stabilisant ainsi son rendement à -0.55%.
Quant aux Etats-Unis, c'est la hausse qui caractérise le parcours des taux sur le TBond, avec une référence à 0.85%, un plus haut de plusieurs mois (voir graphique), alors que les opérateurs gardent un oeil sur la saga des négociations sur le plan de relance américain.

Nouvelle progression du TBond

image
Marché des changes

Nouvelle et énième volte-face dans la série du Brexit. Les négociations commerciales entre le Royaume-Uni et l'Union européenne sont sur le point de reprendre. Dans cette ambiance à rebondissements, la livre sterling se paie le luxe d'un rebond face à ses contreparties. Le câble se traite à 1.31 USD (+100 points de base), tout comme le couple GBP/CHF à 1.19. La spéculation reste donc intensive sur toutes les paires avec la monnaie britannique.

L'euro se maintient dans son couloir de consolidation horizontal, malgré les risques de récession au dernier trimestre en Europe. La monnaie unique se négocie à l'intérieur de son corridor technique à 1.185 USD alors que de son coté, le billet vert subit les vents contraires, avec les incertitudes qui règnent au sujet du plan de relance américain.

Parmi les devises émergentes, la livre turque pourrait prolonger ses pertes, suite à la décision surprise de la banque centrale de laisser son taux d'intérêt de référence inchangé, malgré une inflation élevée. La parité USD/TRY se traite sur un plus haut historique à 7.97 TRY (voir graphique).

Nouveau record historique pour la livre turque

image
Statistiques économiques

Outre une croissance "robuste" mais légèrement sous les attentes (PIB à 4.9% contre 5.5% attendu), les données macroéconomiques chinoises ont rassuré cette semaine. La production industrielle progresse de 6.9%, les ventes au détail de 3.3% et le taux de chômage retombe à 5.4% (5.6% précédemment).

Peu de statistiques étaient au programme en zone euro. L'activité manufacturière accélère (indice PMI à 58 contre 56.4 le mois dernier) tandis que l'activité des services se contracte davantage, avec un indice PMI à 46.5 contre 47.5 précédemment.

Outre-Atlantique, les données concernant le logement étaient mitigées. Les permis de construire et les ventes de logements existants ont dépassé les attentes, à respectivement 1.55M et 6.54M, mais les mises en chantier ont déçu, ressortant à 1.42M. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont agréablement surpris (787K) tandis que les indices Flash PMI sont à contre courant de l'Europe. L'indice Flash PMI manufacturier stagne à 53.3 et c'est l'indice Flash PMI services qui se distingue, en progressant à 56 (54.6 le mois dernier).
L'Economie suit les vents du Sanitaire

Elle arrive sur nous... cette fameuse deuxième vague qui se distinguait au loin. Pour éviter les débordements sanitaires, l'Europe se remet en mode confinement plus ou moins total selon les régions. En résumé, on laisse les populations travailler mais on freine la pratique des loisirs, sources de contagion.

A ce stade des perspectives, il se profile un dernier trimestre 2020 sous le signe de la récession "administrative" (les récents PMI restent par ailleurs décevants), pour laisser place à un rebond potentiel sur 2021.

En tout cas, la résilience des marchés actions démontre que les investisseurs privilégient ce scénario. Les bons résultats déjà publiés ajoutent à cet optimisme, ces derniers étant moins mauvais que prévu. Les prochaines publications des GAFAM, capables à eux seuls de faire la tendance, devraient servir de catalyseurs pour animer les trajectoires indicielles.