Vendredi  3
avril
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont mis un terme à leur mouvement de reprise cette semaine, rattrapées par la propagation du Coronavirus. Les opérateurs ont ainsi opté pour de nouveaux dégagements, alors que les récentes statistiques confirment le ralentissement de l'activité sur la planète et les entreprises revoient drastiquement à la baisse leurs perspectives, ravivant ainsi l'aversion pour les actifs risqués.
Indices

Sur la semaine écoulée, tous les indices ont subi des prises de bénéfices.
En Asie, le Nikkei a perdu 8.1%, le Hang Seng et le Shanghai composite, respectivement 0.8% et 0.3%.

En Europe, alors que les grands indices avaient repris plus de 20% depuis leurs récents points bas, le CAC40 a enregistré une perte hebdomadaire de 4.4% et le Dax a perdu 1.2%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne cède 3% et l'Italie 1.7%. Seul le Portugal engrange 1.1%.

A l'heure de la rédaction de ce point, aux Etats-Unis, le Dow Jones recule de 2.5% sur les 5 dernières séances, le S&P500 perd 1.6% tandis que le Nasdaq100 cède 0.4%.
Matières premières

Les prix pétroliers ont flambé sur la semaine. Le tweet de Donald Trump a fait l'effet d'une bombe en annonçant un prochain accord russo-saoudien sur une prochaine coupe de 10 mbj de l'offre pétrolière, une coupe pouvant grimper jusqu'à 15 mbj.
La position des officiels est beaucoup plus mesurée, en appelant à une réunion d'urgence de l'OPEP+ mais aussi d'autres pays producteurs du G20 (Etats-Unis, Canada, Brésil?) invités à discuter d'une coopération mondiale pour limiter l'offre mondiale. Le Brent gagne 24% et repasse au-dessus de 30 USD (voir graphique).

La volatilité reste importante sur les cours de l'once d'or, qui termine finalement la semaine autour de l'équilibre à 1611 USD. L'argent se stabilise aussi à 14.36 USD.

Le mouvement de consolidation perdure sur le compartiment des métaux de base. Le cuivre s'offre même le luxe de gagner un peu de terrain à 4821 USD.

Le baril de Brent repasse au-dessus de 30 USD

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Marchés actions

"RoNeNo" comme les GAFA

Trois valeurs pour le prix d'une cette semaine, avec le trio Roche, Novartis, Nestlé, qui explique en partie pourquoi l'indice phare de la Bourse de Zurich fait quasiment deux fois mieux que le Stoxx Europe 600 en 2020. L'indice suisse n'a en effet perdu qu'un peu plus de 12% depuis le 1er janvier, soit deux fois moins que l'indice large européen. Il le doit en partie aux performances hors normes de Roche (+2,7%) et de Nestlé (-2,5%) depuis le début de l'année. Novartis est moins fringant mais limite son recul à 11%.
Les trois géants suisses pèsent ensemble 56% du SMI et disposent des vertus appréciées des investisseurs en période troublée : généreusement capitalisés, bien gérés et présents sur des marchés porteurs et défensifs. Le trio permet au SMI de se payer le luxe d'être au coude-à-coude avec le Nasdaq 100, l'indice phare des places occidentales depuis plusieurs années.

Comparaison des "RoNeNo" avec le Stoxx Europe 600

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Marché obligataire

Le marché obligataire n'a que peu évolué cette semaine.
L'OAT française termine à 0.06%, le BTP (rendement italien) à 1.5% et le Bund demeure en territoire négatif à -0.48%. La référence espagnole s'affiche quant à elle à 0.77%.

Aux Etats-Unis, le rendement du 10 ans américain s'inscrit en légère baisse à 0.59%, tout comme le 5 ans est à 0.4%.

La référence suisse se stabilise aux alentours de -0.347%.
Marché des changes

L'appétit des cambistes pour le dollar américain est resté intact tout au long de la semaine, malgré l'explosion du chômage aux Etats-Unis. Triomphant en tant que valeur refuge, le billet vert a gagné du terrain face à toutes ses contreparties, EUR, JPY ou AUD.

La paire EUR/USD s'enfonce ainsi à 1.08 USD et s'approche de ses plus bas du mois de mars. Le yen s'incline face au dollar, à l'image de la hausse du couple USD/JPY à 108 JPY.

La monnaie unique est au contraire en nette perte de vitesse, souffrant d'une Europe fragmentée dans sa lutte contre le Covid-19. L'euro perd ainsi du terrain face au franc suisse à 1.05 CHF mais aussi face au yen (117 JPY) et à la livre (0.88 GPB).
Statistiques économiques

La semaine a été marquée par une curieuse mais néanmoins logique divergence des indicateurs PMI, qui mesurent le moral des directeurs d'achats et constituent donc les meilleurs indicateurs macroéconomiques avancés dont disposent les investisseurs. Quand l'indicateur dépasse 50, il signale une phase d'expansion économique. En dessous, c'est l'inverse.
Les graphiques ForexFactory ci-dessous illustrent le décalage entre la Chine et l'Occident. En Chine (graphique de gauche), le PMI Manufacturier officiel de mars s'est établi à 52 points après s'être effondré sous les 36 points en février (du jamais vu). Dans la zone euro (graphique de droite), il a plongé à 44,5 points en mars après 49,2 points un mois avant. Le décalage s'explique par la reprise de l'activité en Chine avec les mesures de déconfinement progressif. En Europe, nous sommes encore calfeutrés chez nous.

Concernant les autres statistiques, elles ont globalement déçu. Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont bondi à 6648K et ce vendredi, le taux de chômage remonte à 4.4%. 701K emplois ont été détruits sur la période (consensus -100K).

Indices PMI manufacturier chinois et européen

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L'expérience américaine sous le feu des projecteurs

Après les continent asiatique et européen, l'expansion du Covid-19 frappe désormais de plein fouet les Etats-Unis, contraints d'appliquer et de renforcer les mêmes mesures de confinement en vigueur ailleurs, préjudiciables à leur économie.
Le pays de l'oncle Sam, devenu le premier foyer de Covid-19 au monde, a dévoilé le pire bilan quotidien depuis le début de l'épisode pandémique, avec un tragique bilan de plus de 1000 décès liés au coronavirus en 24h.

Si on doit d'abord craindre une aggravation de ce tragique décompte dans les prochains jours, il convient de noter que les indicateurs macroéconomiques ont déjà commencé à flancher, dans des proportions historiques. Destruction de centaines de milliers d'emplois, explosion du chômage, chute du moral des directeurs d'achats, évaporation de la confiance des investisseurs, la récession est inévitable. La question demeure maintenant de savoir combien de temps celle-ci durera, afin de pouvoir projeter quelle forme prendra la reprise économique : rapide en V, lente en J ou bien en U en cas de reprise de l'activité qu'au quatrième trimestre.

Cette réponse dépendra évidemment de la capacité des Etats-Unis à endiguer plus ou moins rapidement la propagation du virus sur leur territoire. L'expérience américaine sera donc scrutée de très près par les financiers.