Vendredi 16
août
Le point hebdo de l'investisseur
intro Le tweet du premier août de Donald Trump, tel un tremblement de terre, fait encore ressentir des secousses au marché. La semaine écoulée aura été marquée par une recrudescence de la volatilité. Les fortes baisses étant partiellement comblées par des rebonds purement techniques, les inquiétudes sur les conséquences du conflit commercial, principalement sur l'économie chinoise, et les risques de récession constituent les fondements de ces mouvements erratiques et de la montée du stress.
Indices

Malgré la tentative de rebond en cette journée de compensation des options et des futures, les indices clôturent la séquence hebdomadaire dans le rouge.

Pénalisé par le regain d'inquiétudes concernant la santé de l'économie américaine, l'indice phare de Wall Street, le S&P500, a connu jeudi une séance de forte baisse, la seconde plus importante depuis le début d'année. A l'heure de la rédaction de ce point, il recule de 1.2% sur les cinq dernières séances, le Dow Jones, de 1.7% et le Nasdaq 100, de 0.7%.

En Europe, les indices élargis, le Stoxx Europe 600 et l'Euro Stoxx 50 cèdent respectivement 0.6% et 0.2%. Le Mib italien et l'indice grec demeurent à l'équilibre. L'Ibex 35, en Espagne, se replie de 1.1%, le DAX allemand de 1.2% et le CAC 40 de 0.5% à 5300 points. Le FTSE 100 a davantage souffert, perdant 1.9%.
En Asie, le Nikkei recule de 1.3% et le Hang Seng, de 0.8%. En revanche, le Shanghai Composite s'est adjugé 1.8%.
 
Matières premières

Les cours pétroliers reprennent le chemin de la hausse. Le marché demeure toujours à la merci des différents rebondissements liés de près ou de loin à la guerre commerciale sino-américaine, commandant indirectement les prévisions de croissance de la demande de pétrole pour les prochaines années. Le Brent se négocie ainsi à proximité de 58.7 USD tandis que le WTI se traite autour de 54.8 USD.
L'or et l'argent ont établi des plus hauts annuels sur cette séquence hebdomadaire, portés par la montée de l'aversion au risque sur les marchés des actifs dits risqués. Le métal doré a ainsi fait une excursion au-delà des 1530 USD l'once, tandis que l'argent a momentanément dépassé les 17.4 USD.
Peu de changements sur le compartiment des métaux de base, qui reste dans son ensemble sous pression du fait de l'intensification des conflits commerciaux. Le cuivre, l'aluminium et le zinc font du surplace tandis que le nickel poursuit sa marche en avant à près de 16 000 USD.


L'explosion du prix du Nickel

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Marchés actions

Direction l'Amérique du Sud pour évoquer les turbulences sur l'indice Merval. La bourse de Buenos Aires vient de décrocher tel un trou d'air de 30% au lendemain des primaires présidentielles argentines. Les investisseurs craignent de revoir aux commandes du pays le Parti péroniste du duo vainqueur (Fernandez-Kirchner), imposant une politique protectionniste. Dans ce type de pays, souvent marqué par l'instabilité, les capitaux se déplacent très vite. C'est le cas depuis plus d'un an car le peso national perd constamment de la valeur contre le dollar, réduisant ainsi son pouvoir d'achat. Les gens de la rue qui ne peuvent se payer du billet vert, achètent massivement des biens de consommations courantes pour se protéger contre l'inflation galopante (actuellement proche des 60%).

Certains des 20 titres de l'indice ont perdu plus de 50%. C'est le cas d'Emprosa (EDF national), qui pourrait voir la mise en place d'une politique interventionniste sur ses prix de vente. Un analyste n'hésite pas à expliquer que les actions vont pendant un long moment "moins se négocier sur leur valeurs intrinsèques ou leurs fondamentaux mais plus au gré des développements macro-politiques à court terme", entraînant, par conséquent, beaucoup de volatilité.
Marché obligataire

Nouvelle semaine historique pour les rendements obligataires. L'assombrissement des perspectives macro-économiques incitent les investisseurs à intensifier leurs positions sur les taux, entraînant, de ce fait, les obligations étatiques sur des bases de rémunération jamais vues. Le rendement des obligations américaines, à 2 ans, a même été dépassé succinctement par celui à 10 ans (1.54%), un signe précurseur d'une récession.

Ce mouvement de fond touche toutes les références européennes. Le Bund se négocie avec un taux de -0.71%, tout comme l'OAT française à -0.43%. La dette ibérique profite aussi de la tendance pour générer une rémunération proche de zéro. En Italie, malgré les difficultés politiques, le 10 ans tombe de 20 points de base en une semaine, à 1.36%, bien loin des 3% il y a encore quelques mois. Une nouvelle fois, et conséquence de la force de sa monnaie, la Suisse voit le taux de sa dette à 10 ans glisser jusqu'à -1.2%.

Le rapprochement des rendements US 2 et 10 ans

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Marché des changes

La volatilité demeure intense sur le marché des devises et les parités touchées par ce regain de nervosité concernent tous les continents. Dans un contexte d'inquiétudes généralisées, les cambistes se portent sur les devises refuges. Le yen se négocie sur un plus bas de 30 mois face à l'euro (117.7 JPY) ou contre le billet vert (106 JPY). Le franc suisse conserve sa notoriété en étant une nouvelle fois privilégié. La devise helvétique accentue sa domination face à la monnaie unique, à 1.08 CHF, et face au dollar (0.97 CHF).

Du côté de l'Asie, le renminbi voit la pression se dégonfler légèrement, pour trouver un point d'équilibre au-dessus des 7 CNY pour un dollar. En Amérique latine, le peso argentin, qui a fait l'actualité de la semaine, a connu un mouvement violent à la baisse, passant de 45 ARS pour un dollar à 60, en quelques heures, pour se stabiliser à 58 ARS.

Sur le Vieux-Continent, la livre sterling ne montre toujours pas de signes positifs mais s'équilibre face au dollar à 1.21 USD, alors que la monnaie unique s'affaiblit face au billet vert à 1.108 USD revenant ainsi sur le support graphique pertinent des 1.107 USD.


Le parcours continuellement haussier du peso argentin

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Statistiques économiques

En Europe, le moral des investisseurs allemands (indice ZEW) a chuté en août, à -44.1 points contre -27.8 points anticipés, se retrouvant au plus bas depuis 8 ans. La production industrielle a reculé de 1.6% (consensus -1.4%) et, sans surprise, le PIB du second trimestre est ressorti à +0.2%.
Outre-Atlantique, de nombreuses statistiques ont été publiées. L'inflation a progressé en juillet, comme en atteste l'indice des prix à la consommation à +0.3%. Les ventes au détail (0.7%), les permis de construire (1.34M), l'indice manufacturier de la Fed de New York (4.8) et celui de Philadelphie (16.8) ont agréablement surpris. En revanche, les inscriptions hebdomadaires au chômage (220K), les taux d'utilisation des capacités de production (77.5%), la production industrielle (-0.2%) et les mises en chantier (1.19M) ont déçu.

La semaine prochaine, l'indice des prix à la consommation, les indices PMI (manufacturiers et des services), ainsi que la confiance des consommateurs, seront dévoilés en zone euro. Aux Etats-Unis, les ventes de logements existants et neufs, les stocks de pétrole brut et les inscriptions hebdomadaires au chômage sont attendus. Puis, aura lieu à la fin de la semaine, le grand rendez-vous traditionnel de la fin de l'été pour les banquiers centraux du monde entier, le symposium économique de Jackson Hole, à l'occasion duquel, Jerome Powell prononcera un discours.


L'indice Zew au plus bas depuis décembre 2011

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La ruée vers les valeurs refuges

Après un premier semestre marqué par la sérénité sur les places financières, la fin de l'exercice 2019 s'annonce beaucoup plus périlleux. En effet, depuis les dernières intentions américaines d'augmenter les taxes douanières sur les biens chinois, les investisseurs, redoutant l'émergence d'une récession, réorientent en partie leurs allocations vers des actifs refuges.
Si l'or brille toujours dans ce type d'environnement, le franc suisse et le yen restent également recherchés. Du coté des titres obligataires, les emprunts sans risque baignent dans une euphorie historique. La quête de la sécurité a conduit au repli continu des rendements des dettes souveraines occidentales, entraînant un aplatissement des courbes des taux. Ces arbitrages intensifs résultent des perspectives moroses pour l'économie mondiale que seules les banques centrales pourront adoucir. Mais en ont-elles encore les armes ?