Vendredi 22
mars
Le point hebdo de l'investisseur
intro Rattrapées par les craintes de ralentissement économique, avec la baisse des prévisions de croissance américaine par la Fed et le maintien des taux inchangés au moins jusqu'en 2020, les places financières ont terminé en ordre dispersé cette semaine. Le point d'orgue aura été vendredi, avec des indices PMI nettement sous les attentes en zone euro, laissant apparaître une contraction de l'activité du secteur manufacturier mais aussi des services. Ces mauvaises statistiques, ajoutées aux incertitudes autour du Brexit ont engendré quelques prises de bénéfices légitimes en Europe.
Indices

Sur la semaine écoulée, seule l'Europe a réellement perdu du terrain. Le CAC40 cède 2.5%, le Dax 2.7% et le Footsie 0.3%.
Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal recule de 1.2%, l'Espagne abandonne 1.4%, et l'Italie s'adjuge 0.2%.

Aux Etats-Unis, le Dow Jones enregistre, à l'heure actuelle, une perte hebdomadaire de 1%, le S&P500 cède 0.3% alors que le Nasdaq100 performe de 1%, avec les technologiques et les semi-conducteurs.
En Asie, le Nikkei s'adjuge 0.8% et le Shanghai Composite 2.6%. Le Hang Seng grappille 0.1%.
Matières premières

Le prix du WTI a dépassé au cours de la semaine la barre symbolique des 60 USD, porté par la publication du rapport hebdomadaire de l'EIA, qui a fait état d'un net recul des stocks de brut. En parallèle, les exportations US bondissent de nouveau, pour s'établir proches de leur record à 3.6 mbj. Néanmoins, les craintes sur la croissance mondiale resurgissent en cette fin de semaine, ayant pour effet de bloquer partiellement les pulsions acheteuses. De ce fait, le WTI se négocie autour de 59.2 USD, contre 66.8 USD pour la référence européenne.
Les métaux précieux enregistrent une séquence hebdomadaire nettement positive, soutenus à la fois par le changement de ton de la Fed, qui s'est présentée une nouvelle fois très accommodante et par la baisse du dollar américain qui en découle. L'or progresse à 1312 USD l'once, tandis que l'argent se stabilise à 15.42 USD. En parallèle, le palladium franchit un nouveau palier dans son ascension graphique (1565 USD).
Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange progressent sur la séquence hebdomadaire, dans un marché incertain qui surveille de près les statistiques macroéconomiques. Seul le plomb cède du terrain à 2035 USD la tonne métrique.


Comparaison des cours de l'or et du palladium

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Le prix du palladium dépasse désormais celui de l'or
Marchés actions

Une britannique qui possède la techno efficiente de l'e-commerce

Ocado Group fait partie du secteur « retail » dans le Stoxx Europe 600. Le distributeur anglais par internet caracole en tête dans les classements des performances en 2019, avec 55% de hausse sur la période de référence. En plus des bonnes publications, le groupe basé proche de Londres vient de signer avec Mark & Spencer pour la création d'une coentreprise qui va permettre à ce dernier de proposer l'intégralité des produits alimentaires, et à Ocado d'intensifier sa technologie de prestation logistique sur le continent britannique.
Créée en 2000 par trois anciens banquiers de Goldman Sachs, Ocado s'est développée sur le Royaume-Uni mais aussi à l'international avec des partenaires de qualité tel Casino, Monoprix ou l'américain Kroger. Dans le commerce il y a trois étapes : le site, la préparation de commandes et la livraison. Ocado est spécialiste de la seconde étape, en abaissant le temps de préparation des commandes, il peut augmenter la rentabilité du process.


Graphique d'Ocado Group

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Marché obligataire

Dans un environnement "dovish", pas étonnant de voir les taux de marché à la baisse. Pour certains pays, les rendements reviennent sur des niveaux historiques. En Europe, le Bund se situe proche de zéro alors que l'OAT française recule à 0.37%. Même au Royaume-Uni, aidé par le report du Brexit, le taux à dix ans tombe à un plus bas de deux ans à 1.06%. L'Italie et l'Espagne profitent des mêmes conditions pour leurs dettes longues, avec des rendements respectifs à 2.44% et 1.07%. Profitant de cet environnement original, la Suisse (-0.43%) et le Japon (-0.08%) accentuent leurs rendements négatifs.
Aux Etats-Unis, le Tbond se négocie sur une base de 2.5%, dans le climat rendu accommodant par la Fed.
Marché des changes

L'euro se trouve en difficultés avec la publication des PMI manufacturiers européens en berne. La monnaie unique se négocie à 1.13 USD face au billet vert, soit une baisse de 130 points de base depuis l'ouverture. Les cambistes ont également pris leurs bénéfices sur la livre sterling. Les replis de la monnaie britannique sont significatifs contre le dollar (-100 points de base) et face au franc suisse (-300 points).
De son côté, le billet vert cède du terrain face au yen, à 110.5 JPY. Une phase de consolidation sur les marchés à risques pourrait profiter à la devise japonaise, peu volatile depuis plusieurs mois.
Statistiques économiques

La zone euro a enregistré un excédent commercial de 17 milliards d'euros en janvier (contre 16 milliards en décembre 2018). L'indice ZEW s'est redressé, passant de -13.4 en février à -3.6 en mars. Seule ombre au tableau, les indices PMI qui reculent plus que prévu, et plus particulièrement au niveau manufacturier (47.6 en zone euro, 48.7 en France et 44.7 en Allemagne, au plus bas depuis 2012).
La semaine prochaine nous prendrons connaissance de l'indice Ifo du climat des affaires, ainsi que de l'indice des prix à la consommation (1ère estimation pour le mois de mars).

Aux Etats-Unis, l'indice PhillyFed est ressorti en nette hausse, à 13.7 contre -4.1 précédemment. Les inscriptions hebdomadaires au chômage, également, ont agréablement surpris (221K contre 226K attendu et 230K la semaine dernière). A contrario, les commandes industrielles n'ont progressé que de 0.1% en janvier (consensus 0.3%). Les stocks de pétrole ont reculé de 9.6 millions de barils (+0.5M attendu). Enfin, la Fed a décidé de laisser inchangé le niveau de ses taux (taux refi <2.50%) et ne prévoit finalement aucune hausse cette année.
Seront publiés la semaine prochaine, les permis de construire, l'indice de confiance des consommateurs de la Conference Board et la dernière estimation de la croissance du PIB au T4 2018. Puis, pour clôturer la semaine, l'indice PMI de Chicago, les dépenses des ménages et l'indice du Michigan concentreront l'attention des opérateurs.

Evolution de l'indice PMI manufacturier allemand

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(Source Forexfactory.com)
Le marché entre dans une étape d'attentisme

Les récentes interventions des banquiers centraux mettent en exergue un ton nettement plus docile sur les anticipations de leur politique monétaire. La Fed a notamment posé ses outils de normalisation pour revenir dans un état de patience, exigé par l'incertitude des perspectives d'activités. Les taux resteront bas car l'environnement économique le nécessite (les récents PMI manufacturiers européens le confirment) mais aussi, et c'est le cas depuis des années par le gonflement des dettes souveraines qui ne supporteraient plus une remontée, même graduelle, des taux. La courbe des taux conservera, par conséquent, son aplatissement pour une longue durée.
Tout au long de ce rallye de début d'année sur les actions, le marché s'est montré optimiste sur les sorties de crises (Brexit et conflit commercial), en plus des apaisements dans le champ monétaire. Il entre désormais dans une étape plus attentiste.