Vendredi 19
mars
Le point hebdo de l'investisseur
intro Malgré la volonté des banques centrales de rassurer, en maintenant les taux et leurs achats d'actifs inchangés, évoquant par ailleurs un sursaut provisoire de l'inflation, les places financières sont en proie à quelques prises de bénéfices cette semaine. Les rendements obligataires continuent de se tendre, poussant de nouveau les opérateurs à réduire leur exposition sur les valeurs technologiques fortement valorisées, d'autant que les indices se maintiennent pour le moment proches de leurs records.
Indices

Sur la semaine écoulée, les indices asiatiques ont bien résisté. Le Nikkei grappille 0.25%, le Hang Seng 0.7% alors que le Shanghai composite perd 1.4%.

En Europe, le CAC40 enregistre une perte hebdomadaire de 0.6%, le Footsie de 1.1% tandis que le Dax s'adjuge 1%. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal cède 0.1%, l'Espagne 1.7% mais l'Italie gagne 0.2%.

A l'heure de ce point, le Dow Jones perd 0.1% sur les cinq dernières séances, le S&P500 s'enfonce de 0.5%, tout comme le Nasdaq100, au profit des "values" (voir graphique).


MSCI World Value

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Matières premières

Mouvement sur le marché pétrolier ce jeudi, le baril de WTI et celui du Brent ont perdu 7% à la clôture. Sentiment négatif dû au doute sur le déploiement du vaccin AstraZeneca en Europe, aux réserves commerciales de pétrole ainsi qu'à la montée des tensions entre les Etats-Unis et la Russie. En début de semaine, le baril de Londres frôlait les 70$, il cote aujourd'hui à 64$.

Information à souligner : la flambée du cours du palladium, qui gagne 12% sur les 5 derniers jours, pour atteindre 2604 dollars. En effet, suite à l'engorgement de deux mines sibériennes, Nornickel annonce une baisse de la production sur le platine, le cuivre, le nickel et le palladium, dont il est le plus gros producteur.

Du côté du métal jaune, la récente augmentation des rendements obligataires américains et la tendance optimiste de la FED, fait augmenter le coût de détention du lingot d'or. Ceci pouvant impliquer un prolongement de la tendance à la baisse du prix du métal refuge. Il avait pourtant atteint son plus haut niveau depuis le 1er Mars. L'or se négocie aujourd'hui à 1735$ l'once.


L'indice mondial des matières premières casse une oblique de soutien

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Marchés actions

Gan Limited est une société spécialisée dans la conception, le développement et la distribution de jeux de hasard pour des applications de jeux de casino et de paris sportifs en ligne aux États-Unis. L'entreprise entrée en bourse en mai 2020 à vu sa valeur doubler à ce jour, et a augmenté de plus de 30% depuis le début de l'année. Elle pèse aujourd'hui un peu plus de 1 milliard de dollars.

Le distributeur de logiciel de jeux a pu bénéficier, fin 2019, d'un coup d'accélérateur de la législation américaine. En effet, le gouvernement du Michigan a signé un projet de loi concernant la légalisation des jeux de hasard en ligne. Au New Jersey, légalisés depuis 2013, les paris sportifs et casinos en ligne ont récemment généré un revenu de près d'1 milliard de dollars par mois. Une somme qui pourrait donner des idées aux autres États, offrant ainsi de nouvelles opportunités à Gan Limited et autres acteurs du secteur.

Selon les prévisions d'analystes, le chiffre d'affaires de l'entreprise devrait fortement augmenter en 2021, passant de 30 millions de dollars en 2019 à un peu plus de 100 millions de dollars. Toujours selon les prévisions des analystes, l'EBITDA de la société pourrait augmenter de plus de 40% par année en moyenne. Les résultats de 2020 seront publiés le 25 mars.
Marché obligataire

La croissance s'annonce performante en 2021 aux Etats-Unis. Malgré cet optimisme, la Fed reste fidèle à sa ligne de conduite prudente ne voulant pas de réduction rapide des achats d'obligations. La banque centrale américaine doit au préalable vérifier les réels niveaux de croissance et d'inflation avant de débuter son « tapering ». Les prévisions de ces deux agrégats par les autorités monétaires sont plus élevées, mais la majorité de ses membres ne voit pas de hausse des taux d'intérêt directeurs avant 2024.

Suite aux risques inflationnistes même temporaires, les investisseurs vendent le marché obligataire créant ainsi une tension sur les taux longs à dix ans. Le Tbond se négocie désormais sur un rendement de 1.75%.

En Europe, la tension se veut plus modérée avec un bund allemand qui perd quelques points de base à -0.30% et une OAT française toujours proche de zéro symbolique (-0.08%). Au sud du vieux-continent, les conditions d'emprunt demeurent particulièrement avantageuses pour les pays comme l'Italie (0.66%) ou encore l'Espagne (0.30%).
Marché des changes

L'euro reste sous pression avec la dégradation de la situation sanitaire, particulièrement en Italie. La majeure partie de la troisième économie de la zone euro est de nouveau mise sous cloche pour plusieurs semaines. Les suspensions en cascade, notamment en Allemagne, en France et au Portugal, du vaccin de la firme suédo-britannique AstraZeneca, instillent le doute chez les opérateurs de marchés, créant une pression supplémentaire sur l'euro. La vaccination a toutefois repris vendredi dans ces pays.

La parité EUR/USD décroche à nouveau pour casser les 1.19 USD. A contrario, les bonnes nouvelles économiques en provenance des Etats-Unis dopent le dollar qui connaît une phase de hausse contre pratiquement toutes ses parités. Le billet vert s'envole face au yen à 109 JPY, soit une avancée de 600 points de base sur 2021 ( voir graphique).

Outre-Manche, la livre sterling grignote à nouveau du terrain face aux devises refuges, à l'image du couple GBP/JPY qui établit un record de 3 ans à 152 JPY.

Les cambistes ont porté leurs intérêts également sur le dollar canadien. Le loonie caracole en tête des devises du G10 sur la séquence hebdomadaire avec des gains substantiels notamment face au dollar à 0.805 USD et contre l'euro à 0.674 EUR (+200 points de base).

Appréciation du dollar face au yen

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Statistiques économiques

En Chine, la production industrielle a bondi de 35.1%, les ventes au détail de 33.8% tandis que le chômage remonte légèrement à 5.5%.

Pour la zone euro, les statistiques étaient peu nombreuses cette semaine. L'indice CPI ressort conforme aux attentes à +0.9% (+1.1% hors alimentation et énergie). La balance commerciale a fait état d'un excédent de 24.2B contre 28.8B attendu.

Aux Etats-Unis, la plupart des chiffres ont déçu. Les ventes au détail reculent de 2.7%, la production industrielle de 2.2%, les indicateurs avancés progressent de seulement 0.2% et les inscriptions hebdomadaires au chômage remontent à 770K. En revanche, l'activité manufacturière tire son épingle du jeu, à l'image de l'indice Empire State à 17.4 ou de l'indice PhillyFed (51.8 VS 22.5).
Les arbitrages favorisent les indices européens

L'abrupte rotation sectorielle des derniers mois se poursuit inexorablement, laissant un doute de plus en plus palpable dans la tête des opérateurs sur la solidité de leur position "growth" (de croissance). Fort heureusement pour nous autres européens, les indices comme le CAC40 ou même le STOXX 600 sont davantage pondérés en valeurs cycliques dites "value" (ou décotées) que leurs homologues américains.
Ce n'est pas la fin du monde pour autant sur les valeurs de croissance, mais certains niveaux de valorisation deviennent de plus en plus inadaptés au-fur-et-à-mesure que la situation sanitaire s'améliore et que l'économie réouvre.