Jeudi  9
avril
Le point hebdo de l'investisseur
intro Au terme d'une semaine écourtée, avec la coupure de Pâques, les places financières ont repris des couleurs à la faveur d'un regain d'optimisme au sujet de la pandémie. Malgré un bilan qui continue pour le moment de s'alourdir, les opérateurs espèrent que le pic de l'épidémie est pour bientôt, ce qui devrait permettre un redémarrage progressif de l'activité. Les actifs risqués ont ainsi été particulièrement prisés.
Indices

Sur la semaine écoulée, toutes les zones géographiques ont repris de la hauteur.
En Asie, le Nikkei a gagné 8.5%, soutenu par la baisse du yen et le plan de soutien à l'économie adopté par le gouvernement. Le Hang Seng s'est adjugé 4.7% et le Shanghai Composite 2.2%.

En Europe, le CAC40 a enregistré une performance hebdomadaire de 8.2% et le Dax progresse de 11% (voir graphique). Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal engrange 5.4%, l'Espagne 7%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, les gains sont à 2 chiffres. Le Dow Jones s'adjuge 13.2%, le S&P500 12.2% et le Nasdaq100 9.2%.


Fort rebond de l'indice allemand DAX

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Matières premières

Tous les yeux sont rivés sur l'OPEP+ qui tiendra une réunion en fin de journée. Les opérateurs espèrent une solution pour réduire les déséquilibres offre/demande qui se sont significativement accentués depuis le début de la crise pandémique. Les pays producteurs d'or noir doivent donc s'accorder sur des baisses de production, dont le marché ne connaît ni l'ampleur, ni les pays y participant. Dans ce contexte, les cours du brut sont restés volatils avec un baril de Brent à 34 USD, s'écartant du prix du WTI à 26.4 USD.

Les métaux précieux ont été recherchés sur la séquence hebdomadaire. L'or progresse de 2.5% à 1655 USD tandis que l'argent s'offre une poussée de 5% à 15.10 USD.

Toutes les composantes du segment des métaux industriels gagnent du terrain cette semaine. Seul l'aluminium reste sous pression à 1420 USD la tonne métrique.
Marchés actions

ASOS remonte en flèche

Sans doute moins connu qu'Amazon.com, Cdiscount ou Zalando, ASOS est l'un des principaux vendeurs en ligne européen, spécialisé dans l'habillement. Entre lundi et jeudi, son cours a quasiment doublé, passant de 1060 à 2106 GBp, grâce notamment à deux séances mémorables clôturées à +34% et +28%. Il faut dire que l'action a connu un début 2020 apocalyptique et qu'elle perd toujours 40% par rapport au 1er janvier.

La flambée s'est appuyée sur l'annonce de performances solides sur le 1er semestre de l'exercice clos fin août prochain, accompagnées d'une levée de fonds express de 247 M£ et d'une extension du plafond de son crédit revolving. ASOS ne sortira pas indemne de la crise, mais dispose des ressources nécessaires pour faire le dos ronds plusieurs trimestres s'il le faut.

ASOS est l'acronyme de "AsSeenOnScreen" ("Comme vous l'avez vu à l'écran"), le nom initial de la société créée il y a 20 ans à Camden Town, à Londres, par deux entrepreneurs qui voulaient commercialiser sur internet les copies de vêtements portés par des célébrités.

Fort rebond du titre Asos

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Marché obligataire

La tendance est à l'augmentation des taux sur les principales références européennes. L'OAT française, après avoir tutoyé les 0.17%, termine la semaine proche de 0.11%, en nette progression depuis ses niveaux de début mars (-0.4%). Le 10 ans allemand évolue toujours en territoire négatif à -0.34%, tout comme la signature helvétique à -0.28%. Toujours en Europe, le BTP italien se stabilise à 1.6%.

Outre-Atlantique, le 10 ans américain fait preuve d'une remarquable stabilité alors que les statistiques économiques du pays vacillent. Le T-bond affiche ainsi un rendement de 0.73%.
Marché des changes

Fragilisée par l'échec des négociations des ministres européens pour apporter une réponse commune à la crise sanitaire à l'échelle européenne, l'euro s'est tout de même offert le luxe de gagner du terrain face au billet vert. Le dollar américain s'est ainsi affaissé, les cambistes retrouvant petit à petit de l'appétit pour le risque. Le couple EUR/USD progresse ainsi pour s'approcher des 1.09 USD. L'euro perd en revanche un peu de terrain face au franc suisse à 1.055 CHF et face à la livre à 0.876 GBP.

Les investisseurs se détournent aussi du yen. Le calme règne donc sur la paire USD/JPY, qui n'a pas pratiquement pas évolué à 109 JPY.
Statistiques économiques

Peu de statistiques étaient au programme en zone euro cette semaine.
En Allemagne, les commandes industrielles ont baissé moins que prévu (-1.4% contre -2.7% attendu) et la balance commerciale a également dépassé les attentes à 21.6B.
En France, le PIB aurait chuté de 6% au premier trimestre selon la Banque de France, plombé par l'épidémie de Covid-19.
La semaine prochaine sera encore peu chargée, avec la production industrielle en zone euro et l'indice CPI.

Aux Etats-Unis, les stocks pétroliers ont bondi à 15.2M, les inscriptions hebdomadaires au chômage ressortent à 6606K contre 5000k anticipé (6867K la semaine passée). L'indice PPI recule de 0.2% et l'indice du Michigan à 71.
Les opérateurs prendront connaissance mardi et mercredi prochain, des ventes au détail, de l'indice Empire State manufacturier, de la production industrielle, de l'indice Phillyfed et des données concernant le logement, ainsi que du Livre Beige de la Fed.






Comparaison entre le nombre de contaminés en Europe et aux USA

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Les marchés optent pour l'optimisme

On ne sait plus s'il faut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Cette indécision se reflète dans le parcours des indices boursiers cette semaine, tantôt en hausse, tantôt en baisse avec des risques de contre-pied significatifs. Toutefois, force est de constater que dans ce mouvement d'accordéon, les avancées se font avec entrain et que les cours des principales places du globe demeurent plus élevés que leur niveau de la semaine dernière.

Il est bien évidemment beaucoup trop tôt pour crier victoire puisque les inconnues restent nombreuses. Dans les plus brèves échéances, les investisseurs resteront extrêmement attentifs à la dynamique des courbes de contaminations dans le monde, à la capacité de l'Europe à formuler une réponse commune à son échelle, mais aussi aux propositions apportées par l'OPEP+ pour sortir de la crise pétrolière. Espérons que le long week-end de Pâques puisse apporter certains éléments de réponse.