Vendredi  9
avril
Le point hebdo de l'investisseur
intro A l'approche de la saison des résultats trimestriels, l'appétit pour le risque perdure sur les marchés actions, avec la très nette amélioration des perspectives économiques à l'échelle mondiale et le maintien des politiques monétaires ultra-accommodantes. La volatilité a totalement disparu, preuve de la sérénité des intervenants.
Indices

Sur la semaine écoulée, le rouge domine en Asie. Le Nikkei a perdu 0.3%, le Shanghai composite 0.4% et le Hang Seng 0.8%.

En Europe, le CAC40 s'est hissé sur des niveaux inédits depuis la fin des années 2000, avec une performance hebdomadaire de 1.1%. Le Dax a gagné 0.6% et le Footsie 2.8%. Concernant les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne grappille 0.3%, le Portugal progresse de 1% alors que l'Italie cède 0.6%.

Outre-Atlantique, après des records historiques lundi, le Dow Jones a globalement fait du surplace, enregistrant ainsi un gain de 1.2% sur les cinq derniers jours. Le S&P500 est lui aussi à son zénith, engrangeant 2% tandis que le Nasdaq100 revient à proximité de ses points hauts du début d'année.


Rebond dynamique du Nasdaq100

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Matières premières

Les membres de l'OPEP+ se sont accordés pour augmenter « doucement » leur production pétrolière dans les prochains mois. Il n'en fallait pas plus pour voir les cours du brut décrocher en début de semaine, les opérateurs étant certainement trop habitués à se reposer sur la politique accommodante du cartel élargi. Le Brent se négocie par conséquent autour de 63 USD tandis que le WTI est repassé sous la barre des 60 USD le baril.

L'or et l'argent reprennent enfin des couleurs. La pression diminue sur les métaux précieux, jusqu'à présent lestés par la hausse des rendements obligataires, l'appétit des investisseurs pour les actions et la hausse du billet vert. L'or a testé une nouvelle fois la ligne des 1750 USD, l'argent gagne du terrain à un peu plus de 25 USD l'once.

Le cuivre rebondit au delà des 9000 USD la tonne métrique. Plus largement, le segment des métaux de base reste favorablement orienté, en témoignent les nouvelles avancées du nickel (16770 USD) et du plomb (1970 USD).
Marchés actions

Nous partons pour Hong Kong pour découvrir le titre Cosco Shipping Holding (code 1919) qui signe une envolée spectaculaire de 30%, après l'annonce d'une révision bénéficiaire positive. En effet, la société asiatique de transport maritime à vu son cours décoller après avoir annoncé que le bénéfice net pour le premier trimestre de 2021 serait de 2,3 milliards de dollars. Il y a un an, la "bottom line" ne représentait que 44 millions.

La société, qui pèse 27 milliards de dollars, a pu bénéficier de plusieurs facteurs favorables. Effectivement, l'entreprise cotée à Hong Kong a profité à la fois de l'augmentation du taux de fret, du fait d'une réduction d'offre dans le secteur causée par la pénurie de conteneurs, et du dynamisme de la demande. Sur un an glissant, les cours ont connu une trajectoire exponentielle en passant de 2 à 12 HKD, soit une augmentation de plus de 450%.

Ascension du titre Cosco Shipping Holding

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Marché obligataire

L'optimisme concernant la tendance économique gagne du terrain dans la zone euro. Ces données favorables n'ont pourtant exercé aucune influence décisive sur la trajectoire des rendements du Bund tout au long de cette séquence hebdomadaire. La référence obligataire allemande se cristallise sur le niveau de -0.33% et cette stabilisation se vérifie également sur l'OAT française qui se maintient sous le zéro symbiotique (-0.07%).

L'équilibre domine les autres emprunts souverains comme en Espagne (0.38%), en Italie (0.66%) ou encore au Portugal (0.24%). Les participants au marché semblent considérer ces niveaux de rendement à dix ans comme zones de confort.

Outre-Atlantique, les plans de relance, injectant des centaines de milliards de dollars, se superposent sans trop rajouter de pression sur les taux longs. Le Tbond voit même sa référence légèrement baisser aux alentours des 1.65%.
Marché des changes

Vedette lors des dernières semaines, le dollar se replie à 1.19 USD face à l'euro malgré d'excellentes statistiques sur le marché de l'emploi. La monnaie unique se ressaisit contre ses autres principales contreparties à l'image de la parité EUR/GBP qui rebondit à 0.864 GBP, soit une hausse de 150 points de base. Cette relance se duplique contre le yen à 130.40 JPY dans un climat davantage enclin aux risques.
Toujours sur le plan continental, le franc suisse reste recherché contre le dollar à 0.93 CHF (+130 points).

Il faut aller en Asie pour décrire le mouvement majeur de ces dernières séances sur le marché des devises et plus précisément en Inde, avec la roupie qui cède plus de 200 points de base face au billet vert à 74.40 INR (voir graphique). Un plus bas de quatre mois suite à l'annonce de la banque centrale d'acheter 14 milliards de dollars d'obligations sur le marché secondaire de plus par rapport à ces opérations récurrentes. Cela pourrait impliquer une croissance monétaire excessive mettant la pression sur la monnaie locale.


Chute de la roupie face au dollar

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Statistiques économiques

Les statistiques chinoises ont toutes dépassé les attentes. L'indice Caixin PMI services bondit à 54.3, l'indice PPI progresse de 4.4% et l'indice CPI 0.4%.

En zone euro, la semaine a été écourtée par le lundi de Pâques. Les chiffres étaient par ailleurs mitigés. Le taux de chômage remonte à 8.3%, l'indice PPI est inférieur aux attentes (0.5% contre 0.6% anticipé) et la production industrielle recule de 4.7% en France et de 1.6% en Allemagne.
Concernant les bonnes nouvelles, les indices PMI services ont agréablement surpris (49.6 en zone euro, 48.2 en France et 51.5 en Allemagne).

Pour les Etats-Unis, l'ISM services s'envole à 63.7, l'indice PPI remonte à +1% (consensus 0.5%). En revanche, les commandes industrielles ont déçu (-0.8%), tout comme les inscriptions hebdomadaires au chômage à 744K.
Pour quelques mille milliards de dollars de plus

Sergio Leone, réalisateur de la fameuse trilogie cinématographique, n'aurait pas désapprouvé ce commentaire sur les immenses plans de relance planétaires et surtout américains.

En plus d'appliquer un nationalisme vaccinal efficace, les Etats-Unis vont profiter des colossales dépenses d'investissements proposées par Joe Biden, ce qui a pour conséquence directe de doper l'ensemble des marchés actions, en écrasant au passage la volatilité.

Contrepartie de cette générosité, une révolution fiscale pourrait se mettre en place à la fois outre-Atlantique, avec le relèvement des impôts payés par les entreprises, et au niveau mondial, avec une imposition minimale des sociétés. Il faudra alors, à ces mêmes acteurs économiques, accroître les marges afin de conserver leur rentabilité. Pas évident que cela se fasse avec la même sérénité actuelle.