Vendredi 22
mai
Le point hebdo de l'investisseur
intro Après un début de semaine très positif, sur fond d'espoirs d'un remède au Covid-19 et d'un redémarrage progressif de l'activité économique, les places financières ont légèrement rechuté. Les opérateurs ont procédé à quelques dégagements, rattrapés par les craintes d'une seconde vague de contaminations et la montée des tensions entre Pékin et Washington. Les nouvelles mesures protectionnistes laissent craindre de futures sanctions douanières.
Indices

Sur la semaine écoulée, les indices ont pour la plupart progressé.
En Asie, le Nikkei a gagné 1.7% tandis que le Shanghai composite a perdu 1.9% et le Hang Seng 3.7%, la Chine souhaitant imposer de nouvelles lois de sécurité nationale à Hong Kong.

En Europe, le CAC40 enregistre une performance hebdomadaire de 4.3%, le Dax s'adjuge 5.9% et le Footsie de 3.1%. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal engrange 6%, l'Espagne 3.3% et l'Italie 2.4%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones s'adjuge 2.9%, récupérant ses pertes de la semaine passée. Le S&P500 progresse de 2.8% et le Nasdaq100 de 2.5%.
Matières premières

Le brut s'est stabilisé cette semaine sur son plus haut niveau depuis le 10 mars, continuant de profiter des espoirs de baisse de la production et d'amélioration de la demande mondiale. La nouvelle baisse des stocks US a aussi rassuré le marché, soucieux de voir le déséquilibre offre/demande se résorber. Le Brent se négocie ainsi autour de 34 USD le baril tandis que le WTI évolue à proximité de 32 USD.

Après avoir inscrit un nouveau record annuel à 1765 USD, l'once d'or se stabilise autour de 1730 USD. L'argent quant à lui réalise une performance hebdomadaire quasi-nulle en terminant la semaine proche de 17 USD.

Le compartiment des métaux industriels enregistre des gains importants sur les cinq derniers jours, en partie soutenu par de bonnes données provenant de Chine. Le cuivre progresse à 5387 USD la tonne métrique, tout comme l'aluminium et le nickel à respectivement 1487 et 12762 USD.
Marchés actions

L'action Mercadolibre réalise un parcours boursier exceptionnel. Les statistiques sont pharaoniques en termes de performance, 44% en 2020, cumulant ainsi 1680% sur dix ans. La société créée en Argentine, héberge le plus grand écosystème de l'e-commerce (ventes aux enchères) et de paiements en ligne d'Amérique latine. La compagnie est présente dans 18 pays, dont le Brésil (60%), l'Argentine (20%), le Mexique, la Colombie, le Chili, le Venezuela et le Pérou et se positionne en leader du marché dans chacun de ces pays.

Les résultats du premier trimestre sont robustes: chiffre d'affaires de 652 millions de dollars en hausse de 70% par rapport à la même période même si la bottom-line reste négative. Le président reste très optimiste sur les perspectives. Il précise : « Bien que moins affectée que d'autres, notre entreprise a enregistré cet impact, principalement au cours des premières semaines des blocages imposés, avec un rebond tout au long du mois d'avril. Nous restons déterminés à faire notre part, en donnant à nos commerçants les moyens de poursuivre leurs activités et en assurant la livraison des biens dont les ménages ont besoin. Nous pensons que MercadoLibre a la possibilité de sortir de cette situation plus fort et avec un sens encore plus aigu de ses objectifs ».

Parcours exceptionnel du titre Mercadolibre

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Marché obligataire

Les taux à 10 ans étaient relativement stables cette semaine, marqués par un déconfinement progressif des économies et les espoirs d'un vaccin. Une légère baisse a ainsi pu être constatée dans de nombreux pays. Les acteurs du marché semblent partagés entre les signaux positifs émanant de la levée progressive des mesures de quarantaine et les craintes d'une seconde vague d'infections.

En Europe, les perspectives d'une mutualisation de la dette ont profité aux pays les plus touchés. Le BTP italien abandonne ainsi 24 points de base à 1,62%. En Espagne (0.63%) et au Portugal (0,73%), le bilan est sensiblement le même, avec des taux à 10 ans qui se contractent de manière plus minime. L'OAT se traite sur un rendement de -0.052%. La décision n'a néanmoins pas été vue du même oeil en Allemagne, où le Bund remonte à -0.502% (contre -0.528%). En marge, la Suisse profite toujours de conditions exceptionnelles de financement avec un rendement de -0.56%

Outre-Atlantique, le retour des tensions sino-américaines avait provoqué un léger rebond sur le 10 ans américain en début de semaine. Cependant, le discours de Jerome Powell, ainsi que les avancées dans le développement d'un vaccin ont permis de calmer les marchés, laissant le T-Note revenir presque à l'équilibre, à 0.649%.

À Hong-Kong en revanche, les chiffres du chômage avaient provoqué une légère tension sur les taux. La décision de la Chine concernant la loi de sécurité nationale n'a rien fait pour améliorer la situation, laissant ces derniers atteindre 0.687% (contre 0.497% lundi).
Marché des changes

Les cambistes ont délaissé momentanément les devises refuges, ce qui a profité à la monnaie unique. L'euro a, en effet, retrouvé un élan acheteur suite à l'annonce commune franco-allemande pour la constitution d'un fonds de 500 milliards d'euros. La monnaie unique grimpe contre le yen à 118 JPY (+300 points de base) et face au franc suisse (+100 points) à 1.06 CHF. Cette configuration se duplique versus le billet vert, même si la parité se trouve enfermée entre deux bornes bien identifiée (voir graphique).
Les récents mouvements techniques ressortent haussier sur la livre sterling. Malgré la faiblesse des chiffres de l'emploi, la devise utilisée au Royaume-Uni se traite sur une base de 1.22 face au billet vert et 0.895 contre l'euro.

Le retour des turbulences à Hong Kong a interféré sur le comportement du dollar australien, valeur très sensible à l'actualité économique chinoise. L'Aussie cède 80 points de base face au dollar à 0.652 USD ce qui peut être considéré comme un repli légitime face à la hausse de ces dernières semaines, initiée depuis le point bas à 0.574 USD.

Du coté des émergents, le peso argentin continue sa chute libre pour se négocier à 68 contre le billet vert. En début d'année, il fallait 60 unités monétaires pour acquérir un dollar. Le gouvernement argentin a prolongé pour la seconde fois le délai qu'il avait fixé pour la restructuration de sa dette de 66 milliards de dollars.



Evolution de la parité EUR/USD

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Statistiques économiques

Sur la semaine écoulée, peu de statistiques étaient au programme, mais elles ont globalement dépassé les attentes.
En Allemagne, l'indice Zew est ressorti à 51 contre 30 attendu, tandis que les indices PMI étaient mitigés. L'indice manufacturier a déçu (36.8 contre 39.3 anticipé) alors que l'indice PMI services a progressé à 31.4 (consensus 26.3).
En zone euro, l'indice CPI rate de peu le consensus (0.3% contre 0.4% attendu) et les indices PMI ont agréablement surpris, à respectivement 39.5 et 28.7 alors que le marché tablait sur 38 et 25.
Ces données demeurent néanmoins largement sous la barre des 50, traduisant une destruction de l'activité.

Aux Etats-Unis, les chiffres étaient plus contrastés, à l'image des permis de construire à 1.07M (consensus 1.0M) alors que les mises en chantier reculent à 0.89M (consensus 0.95M). Les ventes de logements existants sont ressorties comme prévu, à 4.33M. Concernant l'activité, les indices Flash PMI ont dépassé les attentes, à respectivement 39.8 et 36.9.

La semaine prochaine, seront dévoilés outre-Atlantique, les commandes de biens durables, le PIB, les dépenses et revenus des ménages, ainsi que l'indice de confiance du Michigan.
En Europe, les statisiques seront peu nombreuses : en Allemagne, IFO, indice CPI et prix à l'importation. Le PIB français est attendu en baisse de 5.8% et l'indice CPI de la zone euro sera dévoilé vendredi prochain.

Légère amélioration des indices Flash PMI américain et allemand

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Stress réduit malgré l'incertitude

Au gré des paris pris par les investisseurs, les indices forment des configurations en forme de zig zag. Néanmoins, force est de constater que les différents éléments d'inquiétude demeurent plutôt digestes pour les marchés, situation confirmée par la forte baisse des indicateurs de volatilité.

En effet, les fondamentaux apparaissent profondément détériorés avec des PMI, même si les derniers affichent une maigre hausse, qui se situent encore à des niveaux très bas. En parallèle, la résurgence de la dégradation des relations politiques entre les deux plus grandes puissances mondiales ne pourra durablement exister avec la préservation des liens commerciaux. Dans un tel contexte d'incertitude, la difficulté à baliser le chemin économique reste flagrante. Les politiques monétaires et les relances budgétaires doivent donc en faire toujours plus.