Vendredi 31
juillet
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les parcours indiciels ont évolué en dents de scie lors de cette séquence hebdomadaire. Les espoirs d'un plan de relance aux Etats-Unis sont venus se télescoper avec des publications plus heureuses outre-Atlantique (merci les GAFAM) qu'en Europe. Dans ce contexte avec une crise sanitaire qui se prolonge, la prudence s'impose en ce milieu d'été, au moment où les opérateurs seront moins présents devant leurs écrans.
Indices

Sur la semaine écoulée, on peut noter d'importantes disparités en Asie. Avec un effet miroir, le Nikkei accuse une perte de 4,58% alors que le CSI 300 (bourse de Shanghai) signe une performance de 4,20%. Le Hang Seng est quant à lui quasi à l'équilibre sur la période avec -0,45%.

Dans le sillage de la semaine précédente, les indices européens continuent de céder du terrain. L'Espagne connaît la plus forte baisse (-5.3%) suivie par l'Italie (-4.4%). Les deux pays latins sous-performent ainsi l'Euro Stoxx 50 (-3.7%). Le Footsie (-3.4%) et le DAX (-3.9%) suivent de près les variations de l'indice européen. Le CAC fait office de "bon élève" sur la période (-3%). Mais la palme de la plus forte résilience revient à l'OMX Stockholm 30 qui ne cède que 2.4%.

Outre-Atlantique, les indices ne semblent pas prendre la même direction que l'Europe, sauf peut-être le Dow Jones (-1.1%). A l'heure où nous écrivons ces lignes, le S&P est en légère hausse (+0,5%). Seul le NASDAQ brille cette semaine, comme à son habitude, avec une accélération haussière de plus de 2.7%.


Cassure d'un support oblique sur l'Euro Stoxx 50.

image
Matières premières

Si la volatilité est montée d'un cran cette semaine en raison des éternelles interrogations entourant l'état de la demande de brut, les prix pétroliers se sont finalement stabilisés. Le WTI se négocie effectivement à 40.3 USD, tandis que le Brent se maintient au-dessus de 43 USD le baril.

Nouveau record pour l'or, qui s'est échangé aujourd'hui à 1984 USD et se rapproche davantage de la barre des 2000 USD l'once. Le métal doré est toujours aussi convoité, et ce, malgré l'effondrement de la demande de bijouterie, compensé par l'accélération des achats d'ETF spécialisés. Si l'argent n'a pas réalisé un plus haut historique cette semaine, il a le mérite d'avoir inscrit un plus haut annuel à 26.19 USD.

Aidés par la faiblesse du dollar, les métaux industriels inscrivent une séquence hebdomadaire positive, à l'image du plomb et de l'aluminium qui progressent de respectivement 1.9% et 1.6% à 1841 USD et 1681 USD la tonne métrique.
Marchés actions

Après avoir connu un boom lors de la légalisation du cannabis au Canada en 2018, le secteur a vite dégonflé et a été malmené jusqu'à très récemment. Néanmoins, la tendance est à la libéralisation et la légalisation devrait s'étendre à d'autres économies et même s'accélérer avec la crise du COVID-19.

Curaleaf Holdings, coté au Canada, n'opère qu'aux Etats-Unis. A ce jour, une trentaine d'États américains autorisent le cannabis à but médical et douze ont légalisé la vente de marijuana à usage récréatif.
Avec une présence dans 23 États, et un réseau de distribution de 88 magasins, l'opérateur de cannabis sert aujourd'hui plus de 350 000 patients. Curaleaf privilégie une croissance externe (rachat de Grassroots et de Select) ce qui lui confère une intégration verticale pour contrôler toutes les étapes de la chaîne de valeur, de la culture à la distribution.

La société a réalisé un chiffre d'affaires de 221 M$ en 2019 soit une croissance exponentielle de 1045% par rapport à 2017. Mais l'entreprise continue de perdre de l'argent avec un cash flow libre négatif de 120 M$, expliqué par sa stratégie de rachats de concurrents.

En bourse, le titre Curaleaf a perdu près de 74% entre son plus haut de 2019 et son plus bas de mars 2020. Mais l'action s'est très vite reprise avec une accélération haussière de 188%. Dans le cadre de son portefeuille USA réel, Zonebourse a acheté le titre avec un gain latent de 40 % à ce jour.


Le titre Curaleaf vient d'accomplir une relance de qualité

image
Marché obligataire

Les acteurs du marché sont en proie à une certaine perplexité comme le prouve la baisse complémentaire des rendements des emprunts souverains. Le bund allemand s'enfonce dans le négatif à -0.55% et se rapproche du taux suisse à dix ans (-0.58%). L'OAT française duplique ce parcours sous le zéro avec une rémunération de -0.22%.

Profitant de cet engouement sur les titres d'Etats européens (ce qui participe à la hausse de la monnaie unique), l'Italie voit le rendement de sa dette à 10 ans tombé sous les 1% et l'Espagne payer 0.3% d'intérêt sur son obligation à échéance équivalente. Même la Grèce voit ses conditions d'emprunt avantagées avec un taux de 1.05%.
De l'autre coté de l'Atlantique, les investisseurs privilégient aussi le marché de la dette publique avec une forte demande sur le Tbond qui voit sa rémunération tombée à -0.55%
Marché des changes

Les « bearishs » sur le dollar pourront se réjouir du dernier tweet du président Donald Trump, évoquant l'idée de reporter les élections de novembre. Même s'il a démenti par la suite, cette annonce a, en effet, accéléré la chute du billet vert, entamée il y a 4 mois.
Le dollar se traite sur les bases de 1.1830 USD, contre la monnaie unique, un plus bas depuis mai 2018 et validant une baisse d'environ 9,5% depuis son sommet de 2020 atteint en mars au milieu de la crise sanitaire en Europe.
De son côté, le câble (GBP/USD) a progressé sensiblement à 1.63 USD (+300 points de base).

Fitch vient de notifier le rating actuel de triple "A" du Japon, mais avec un préavis négatif pour le futur. L'agence s'attend à une contraction de 5% de l'économie nippone en 2020 avant un rebond de 3.2% l'année prochaine. Sur la nouvelle, Le yen s'est affaibli contre l'euro (124.20 JPY) mais a encore gagné du terrain contre le dollar (104.60 JPY), soit 300 points de base sur la semaine.



Forte dégradation du dollar qui retrouve ses niveaux de mai 2018

image
Statistiques économiques

Cette semaine les statistiques étaient focalisées sur les PIB des principales économies pour le deuxième trimestre. Aux États-Unis, nous avons pu assister à une chute record de 32.9% en glissement trimestriel. Au sein de la Zone euro, la baisse n'était "que" de 12.1%, avec -13.8% pour la France, -18.5% pour l'Espagne et -12.4% pour l'Italie.

Les publications concernant le chômage avaient également lieu cette semaine. L'Espagne a publié les données du T2, à 15.33%. Allemagne, l'Italie et la Zone euro ont pour leur part, communiqué les chiffres du mois de juin, à respectivement 6.4%, 8.8% et 7.8%. Outre-Atlantique, on constate une deuxième semaine de hausse des inscriptions hebdomadaires au chômage, à 1434K, contre 1422K la semaine passée.

Toujours aux États-Unis, nous avons pu assister à une belle hausse des commandes de biens durables au mois de juin, à 7.3%, marquée par une progression de 85.7% du secteur automobile. Sur place, la confiance des consommateurs s'est quelque peu détériorée, à 92.6, contre 98.3, rythmée par un accroissement des tensions sino-américaines et une accélération du virus.

En Allemagne, l'Indice IFO du climat des affaires a bondi au mois de juillet, à 90.5, contre 86.3 au mois de juin.

Enfin concernant l'Asie, les PMI chinois du mois de juillet sont ressorties à 51.1 pour l'industrie manufacturière et à 54.2, pour l'industrie non manufacturière.

Chute vertigineuse du PIB américain sur le T2

image
Un mois d'août parfois très chaud

Les données macroéconomiques montrent que la plus grande économie du monde s'est contractée sévèrement de 32,9% au deuxième trimestre, même après des niveaux sans précédent de mesures de relance monétaire et budgétaire de la part des diverses institutions.

De quoi renforcer la prudence des investisseurs qui concentrent leurs achats sur les stars de la technologie, au zénith de leur histoire, alors que tout un pan de l'économie (industrie, tourisme, automobiles,..) souffre dangereusement. La divergence s'intensifie avec le bal des publications qui met en relief les dégâts du confinement.

Le mois d'août s'ouvre donc avec le stress d'autant qu'historiquement cette période de l'été nous a souvent réservé des surprises. Les sujets ne manquent pas entre la guerre commerciale sino-américaine, la configuration de la reprise et les avancées thérapeutiques.