Vendredi 29
mars
Le point hebdo de l'investisseur
intro Malgré les craintes sur la conjoncture mondiale, matérialisées par l'inversion de la courbe des taux aux Etats-Unis, cette dernière semaine du premier trimestre 2019 se solde par un bilan positif pour les places financières européennes et américaines. Ces dernières ont une fois de plus bénéficié des discours accommodants des banquiers centraux, mais aussi des espoirs d'un accord commercial, après la reprise des négociations entre la Chine et les Etats-Unis.
Indices

Sur la semaine écoulée, seules les places asiatiques ont perdu du terrain, à l'image du Nikkei qui recule de 1.95%. Le Shanghai Composite et le Hang Seng limitent la casse grâce à la séance de vendredi, et enregistrent des pertes hebdomadaires respectives de 0.4% et 0.15%.

En revanche, aux Etats-Unis, le Dow Jones progresse de 1.3%, le S&P500 s'adjuge 0.9% et le Nasdaq100, seulement 0.4%.
En Europe, les gains sont comparables, avec +1.2% pour le CAC40 et le Dax et +0.8% pour le Footsie, en dépit des incertitudes au sujet du Brexit. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal gagne 0.65%, l'Espagne 0.35%, et l'Italie 0.95%.

Graphique du CAC40

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Meilleurs parcours trimestriels, depuis la création du CAC40 (en pourcentage)
Matières premières

Coutumier des critiques envers la politique de l'OPEP, Trump a une nouvelle fois appelé le cartel à augmenter sa production pour mettre fin à une réduction organisée de l'offre mondiale. Ses critiques n'ont toutefois guère secoué les cours du brut, qui progressent de 1,6% sur la semaine. Le WTI se négocie ainsi proche de 60 USD le baril.
La lourde chute des cours du palladium emporte tous le compartiment des métaux précieux à la baisse. Le palladium perd effectivement près de 15% sur la séquence hebdomadaire suite à des prises de bénéfices auxquelles se greffent des inquiétudes sur la demande mondiale. L'or et l'argent cèdent aussi du terrain pour se traiter à respectivement 1290 et 15.07 USD l'once.
Les prix des métaux de base sont restés stables, à l'image du cuivre et de l'aluminium qui ont peu évolué sur la semaine à 6385 USD et 1896 USD la tonne métrique.
Marchés actions

ADYEN : la licorne hollandaise

La jeune société hollandaise s'affiche comme le performeur de l'AEX, avec une avancée de 43% sur 2019. Récemment introduite en bourse à 240 EUR (le 13 juin 2018), le titre s'était envolé de 100% le jour de son intro, avant de subir la vague de baisse des marchés fin 2018. Le titre a retrouvé depuis un large consensus acheteur pour se valoriser sur des plus hauts.

Adyen est une société offrant une plateforme pour les paiements. La compagnie d'Amsterdam se valorise à ce jour à plus de 20 milliards d'euros, la plaçant parmi les plus imposantes « licornes» européennes. Les perceptives de chiffre d'affaires net pour cette année constituent un atout attrayant (+38% en 2019) ainsi que les taux de marge hors des standards (40% de marge nette). Certes les PER restent astronomiques, mais c'est le prix pour investir dans une société dont l'obsession majeure du management se fixe sur le taux de croissance.

La notoriété de ses clients ne laisse aucun doute sur la qualité du service : Netflix, Uber, BlaBlaCar, Ebay, parmi les 4500 clients, participent à l'accélération de cette expansion.
L'action néerlandaise fait partie des composantes sélectionnées par le fonds EUROPA ONE, éligible au PEA.


Graphique d'Adyen

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Marché obligataire

La baisse des rendements perdure sur les marchés des taux. La situation découle de la volonté des banques centrales de garder un ton dovish pour empêcher tout blocage dans l'économie. De ce fait, le Tbond retombe sur 2.33%.
En Europe, la tendance se duplique, à l'image du Bund allemand qui se maintient sous le zéro symbolique. L'OAT française affiche également un rendement bas de 0.30%. L'Italie bénéficie de cet environnement, avec une référence à 2.48%, ainsi que l'Espagne qui rémunère sa dette à 1.08%.
Dans le cercle restreint des emprunts à rendements négatifs, le 10 ans suisse garde la première place, avec un taux de -0,44% suivi du titre souverain japonais, avec -0.1%.
Marché des changes

L'interminable feuilleton anglais pèse sur la livre sterling, la devise a dévissé face à un panier de monnaies majeures, à l'image du billet vert (-200 points de base à 1.31 USD).
En Turquie, la Banque centrale tente de rassurer le marché, après la chute de la livre turque (-5%) liée aux problèmes géopolitiques (voir graphique).
Le yen se trouve recherché dans ce climat de révisions baissières de la croissance mondiale, la devise nippone s'échange à 124 JPY face à l'euro et à 110 contre le dollar.

De son côté, la monnaie européenne produit toujours des oscillations graphiques face au billet vert (entre 1.12 et 1.14 USD) sans réel sens directionnel. Malgré un marché de taux majoritairement négatif, le franc suisse reste fort contre le reste des devises principales notamment sur la parité EUR/CHF à 1.12.


Chute de la livre turque

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La volatilité revient de manière récurrente sur la devise turque.
Statistiques économiques

L'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne est ressorti en hausse par rapport au mois de février (à 99.6). Mercredi, Mario Draghi a déclaré que la BCE était prête à reporter le prochain relèvement de ses taux si cela est nécessaire et à alléger le coût des liquidités excédentaires pour les établissements financiers.
La semaine prochaine, les indices PMI, les prix à la consommation et à la production, le taux de chômage, ainsi que les ventes au détail seront publiés.

Aux Etats-Unis, les statistiques ont, dans l'ensemble, déçu. La croissance du PIB au T4 2018 a été révisée à la baisse, à 2.2%, contre 2.6% lors de la précédente estimation. Le marché immobilier a ralenti (permis de construire, mises en chantier, indice Case Shiller en repli). Le moral des consommateurs n'était également pas au beau fixe (baisse de l'indice du Conference Board et de l'indice PMI de Chicago). L'activité manufacturière a reculé en mars (comme en témoigne l'indice de la Fed de Richmond). Les dépenses et revenus des ménages ont également baissé. Seules bonnes nouvelles, les demandes d'allocations chômage étaient moins importantes que la semaine précédente, l'indice du Michigan et les ventes de logements neufs ont dépassé les attentes.
Seront dévoilés la semaine prochaine les ventes au détail, les indices ISM, les commandes de biens durables et les créations d'emplois ADP. Pour clôturer la séquence hebdomadaire, nous prendrons connaissance du rapport sur l'emploi (salaire horaire moyen, taux de chômage et créations d'emplois).
Un trimestre tout feu tout flamme

Le trimestre se termine avec des scores flatteurs sur les différentes places boursières. Bien loin du stress de la fin 2018, les trois premiers mois de 2019 furent marqués par le retour des investisseurs vers des stratégies à risques. Ces derniers ont profité d'une pause dans la normalisation monétaire des banques centrales, pour intensifier leurs interventions sur les actions qui s'étaient fortement dépréciées dans les dégradations indicielles.
Sur le CAC40, c'est plus de 13% de gains acquis sur 2019, classant le trimestre parmi les dix meilleurs de l'histoire de l'indice, le record appartenant toujours au deuxième trimestre 1988 (+29.9%).

Après le rattrapage effectué sur l'ensemble des indices, le marché se situe dorénavant à la croisée des chemins, partagé entre l'envie de prolonger le rebond et les craintes d'un ralentissement économique mondial. Les investisseurs adoptent, par conséquent, une posture d'observateurs, ayant les pires difficultés à analyser la saga anglaise, lorgnant, en parallèle, les statistiques macroéconomiques européennes et chinoises, tout en intégrant le ton dovish des banquiers centraux.
Dans un tel scénario la recherche des titres de qualité englobant des bonnes notations Surperformance sur la croissance, sur les révisions de BNA et sur la situation financière, s'avère un gage de réussite.