Vendredi  5
février
Le point hebdo de l'investisseur
intro Après avoir signé la semaine dernière leur pire semaine depuis fin octobre, les places financières ont violemment rebondi sur cette séquence hebdomadaire, rassurées par de bonnes statistiques, des publications trimestrielles qualitatives et les espoirs de l'adoption imminente du plan massif de soutien américain, lequel pourrait être approuvé sans l'aval des républicains. Les craintes sanitaires se sont par ailleurs quelque peu estompées, avec la perspective d'une accélération des campagnes de vaccination dans les prochaines semaines, ravivant l'appétit pour le risque des intervenants.
Indices

Sur les cinq dernières séances, tous les grands indices ont repris de la hauteur. En Asie, le Nikkei, le Hang Seng et le Shanghai composite ont engrangé respectivement 4%, 3.3% et 0.4%.

En Europe, le CAC40 a progressé de 4.7%, repassant ainsi en hausse de 1.9% depuis le début de l'année tandis que son homologue allemand le Dax a gagné 4.6%, inscrivant ainsi un nouveau record absolu (+2.5% depuis le 1er janvier). Le Footsie s'est pour sa part adjugé 1.5%.
Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne performe de 5.5%, l'Italie de 7.1% alors que le Portugal reste à la traîne, ce dernier gagnant 0.8% sur la semaine.

Outre-Atlantique, les valeurs technologiques ont mené le bal, permettant au Nasdaq100 d'inscrire un nouveau point haut avec une performance hebdomadaire de 4.8%. Le S&P500 est aussi à son zénith, engrangeant 4.6% tandis que le Dow Jones s'adjuge 4% à l'heure de ce point hebdomadaire.
Matières premières

En enchaînant cinq séances de hausse, les marchés pétroliers ont réalisé un sans-faute cette semaine. L'OPEP+ a entretenu l'optimisme ambiant puisque le cartel élargi se montre optimiste sur la reprise de la demande de pétrole cette année et voit par conséquent "une accélération du processus de rééquilibrage" de l'offre et de la demande. Le Brent tutoie ainsi les 60 USD le baril tandis que le WTI se négocie autour de 56 USD.

L'or perd du terrain, lesté par la montée du billet vert. Le métal doré revient ainsi s'échanger autour des 1800 USD, soit son plus bas niveau depuis novembre 2020. De son côté, l'argent a atteint les 30 USD, boosté par les traders de Reddit, qui ne sont toutefois pas parvenus à maintenir l'argent sur ces niveaux puisqu'il se traite aujourd'hui autour de 27 USD.

Enfin, l'heure est à la stabilisation des cours sur le compartiment des métaux de base. Le cuivre consolide autour de 7830 USD la tonne métrique, le nickel s'enfonce à 17500 USD, tandis que l'étain avance prudemment à 24030 USD.

Nouvelle accélération du Brent

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Marchés actions

Cette semaine, nous traversons l'Atlantique avec T. Rowe Price Group Inc, un gestionnaire d'actifs américain basé à Baltimore. Au 31 décembre 2020, la société possédait plus de 1 470 milliards de dollars d'actifs sous gestion. L'entreprise propose à ses clients un large éventail de fonds communs de placement, de services de conseils tant pour les investisseurs privés que pour les institutionnels.

La société affiche en 2020 des revenus de 6.2 milliards de dollars, soit une croissance de 10% par rapport à son chiffre d'affaires de 2019. Selon les prévisions des analystes, il devrait également augmenter en 2021 de plus de 17%. L'entreprise génère par ailleurs des marges d'exploitation supérieures aux standards de son secteur. Avec une trésorerie nette de plus de 2 milliards de dollars, le groupe a su faire preuve de résilience durant la crise. Enfin, T. Rowe Price se paye un peu plus de 13 fois ses bénéfices de 2021, des multiples abordables compte tenu de la qualité des fondamentaux de l'entreprise.

Depuis le 25 mars et son plus bas annuel de 2020 à 85.42 USD, le titre a repris plus de 87%. Il suit désormais une tendance de fond haussière long terme.

Progression régulière du titre Rowe Price Group

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Marché obligataire

Les écarts de rendement du Bund sur les instruments de dette de la périphérie se sont resserrés. Cette évolution est principalement due au climat plus optimiste sur les marchés financiers. La référence allemande se négocie sur une base de -0.35%, l'OAT française remonte aussi à -0.25% alors que les emprunts souverains à 10 ans émis par les pays du sud de l'Europe se stabilisent, comme en Italie (0.52%), qui vient de placer M. Draghi aux manettes gouvernementales. Le Portugal et l'Espagne voient leurs emprunts d'Etats se rémunérer juste au-delà du zéro symbolique. Cette embellie sur les titres secondaires s'intensifie malgré les incertitudes économiques. Les investisseurs viennent chercher de la performance sur les taux positifs.

Les gestionnaires des dettes étatiques profitent donc de ces conditions exceptionnelles de taux. Si les déficits explosent (120% du PIB en France), la charge financière des intérêts se réduit considérablement, jusqu'à 50% de moins pour la France.

Aux Etats-Unis, le rendement du Tbond poursuit sa tendance ascendante et génère un taux rémunérateur de 1.13%. Les espoirs sur le plan de relance ne sont pas étrangers à ce mouvement.
Marché des changes

Le dollar a progressé contre la plupart de ses pairs du Groupe des 10. En quatre jours, le billet vert a repris environ 200 points de base, pour se négocier vers 1.20 contre l'euro. La monnaie américaine évolue, par conséquent, à proximité de ses plus hauts depuis un mois, soutenue par des données prometteuses sur l'emploi. En contrepartie, les retards de livraison de vaccins en Europe semblent peser sur la monnaie unique.

Outre-manche, la livre continue son chemin et grimpe à 1.37 contre le dollar, un plus haut de douze mois. Cette avancée se vérifie face au yen à 143.30 JPY, soit 800 points de base récupérés depuis trois mois. Même le franc suisse s'affaiblit contre la devise britannique, pour se négocier à 1.23 CHF (-500 points de base sur la même période de référence).

Du côté de l'hémisphère sud, la banque centrale australienne a décidé de maintenir son taux directeur à 0.1% mais a signifié sa volonté de continuer à supporter l'économie par une politique monétaire accommodante en augmentant ses rachats d'actifs d'AUD à 100 milliards. Cette annonce surprise a immédiatement mis l'AUD sous pression à 0.76 USD, contre un récent plus haut à 0.7820.

Progression de la livre face au dollar

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Statistiques économiques

En Chine, la croissance de l'activité a ralenti, à l'image des indices PMI manufacturier et services Caixin ressortis respectivement à 51.5 et 52 (contre 53 et 56.3 le mois dernier).

En zone euro, ces mêmes indices étaient légèrement meilleurs que prévu, ressortant à 54.8 et 45.4, traduisant toujours une contraction de l'activité des services. Le taux de chômage était stable à 8.3% et le PIB ressort en baisse de 0.7% au T4, une donnée un peu moins mauvaise qu'anticipé. L'indice CPI progresse de 0.9%, l'indice PPI de 0.8% mais les ventes au détail de seulement 2% (consensus 2.4%).

Pour la région américaine, outre l'ISM manufacturier légèrement sous les attentes (58.7 contre 60.7 le mois dernier), toutes les données macroéconomiques ont agréablement surpris. Les dépenses de construction grimpent de 1%, les commandes industrielles de 1.1% et l'ISM services ressort à 58.7.
Au niveau de l'emploi, l'ADP a fait état de 174K créations de postes dans le privé et le rapport mensuel sur l'emploi était contrasté, avec un taux de chômage à 6.3% mais seulement 49K créations d'emplois et un salaire horaire en hausse de 0.2%.
Les publications confirment les trajectoires divergentes

Les marchés ont traversé rapidement une zone de turbulence mais la trajectoire des indices semble retrouver une relative accalmie, avec les publications des résultats annuels. Pourtant cette phase cruciale pour les entreprises, qui présentent à la fois leurs données réalisées et leurs perspectives, met en lumière des forces divergentes. D'un côté les groupes technologiques, qui affichent des résultats stratosphériques malgré le contexte, ou plutôt grâce au contexte, devrait-on dire. L'acronyme francisé GAFAM pourrait même se substituer en Géants Acteurs aux Fructueuses Activités Mondiales. Ces sociétés profitent de leur pléthorique trésorerie pour élargir leurs terrains de prédilection sur de nouveaux secteurs comme l'automobile, la médecine, voire le sport.

De l'autre côté, on retrouve les valeurs cycliques, à l'image des compagnies évoluant dans le tourisme ainsi que les pétrolières, qui affichent les pires pertes de leur histoire. Le monde économique connaît donc bien une réelle scission.