(Actualisé avec Obama)

WASHINGTON, 25 septembre (Reuters) - John Boehner, le président républicain de la Chambre américaine des représentants, a confirmé vendredi qu'il renoncerait à son mandat et quitterait le Congrès le 30 octobre, expliquant dans un communiqué vouloir éviter une "crise de leadership prolongée".

"Mon projet initial était de ne rester président (de la chambre basse du Congrès) que jusqu'à la fin de l'année dernière, mais je suis resté pour apporter de la continuité à la conférence républicaine et à la Chambre", explique l'élu de l'Ohio.

"Je considère cependant qu'une crise de leadership prolongée causerait des dommages irréparables à cette institution", poursuit-il.

Sa démission, d'abord annoncé par le New York Times, intervient alors que Boehner, "speaker" de la Chambre basse depuis les élections intermédiaires de 2010, était aux prises avec des frondes répétées de l'aile conservatrice de sa majorité. Les républicains les plus à droite lui reprochaient d'être trop enclin au compromis avec l'administration démocrate.

Barack Obama, qui l'a appelé, s'est dit surpris de sa démission. "John Boehner est quelqu'un de bien. C'est un patriote. Il est très attaché à la Chambre, institution qu'il sert depuis longtemps. Il est très attaché à ses électeurs et à l'Amérique", a déclaré le président, s'adressant à la presse.

"Nous avons évidemment eu beaucoup de désaccords et nous sommes de bords politiques différents, mais (...) il s'est toujours montré courtois et affable avec moi", a-t-il ajouté.

Le nouveau bras de fer budgétaire autour de la question du financement fédéral de l'organisme de planification familiale Planned Parenthood semble avoir marqué John Boehner.

ÉPUISÉ

"Je l'ai vu récemment et il m'a semblé épuisé. C'est compréhensible. Parfois, nous oublions de prendre en compte que nous sommes des êtres humains, avec des émotions humaines et des vies à mener", a confié à la presse le sénateur républicain John McCain.

L'opposition résolue entre l'aile conservatrice et la Maison blanche fait planer le spectre d'un nouveau "shutdown", ou fermeture de certaines administrations fédérales, à partir du 1er octobre, début de l'exercice budgétaire 2016 (voir )

Paradoxalement, notent des observateurs, son départ annoncé pourrait éloigner cette perspective en donnant à Boehner la liberté de négocier avec la Maison blanche sans avoir à craindre désormais les représailles de la part du bloc conservateur.

Dans le camp démocrate, Nancy Pelosi, qui a précédé Boehner au poste de "speaker", a jugé que sa démission était une "distraction" en plein débat budgétaire et a parlé d'une décision "sismique pour la Chambre".

De source parlementaire, on indique que Kevin McCarthy, élu de Californie et numéro deux du groupe républicain à la Chambre, est le favori pour succéder à Boehner.

Né dans une famille catholique de douze enfants, John Boehner, 65 ans, annonce son départ au lendemain du discours historique du pape François au Congrès.

Jamais avant lui un souverain pontife n'avait pris la parole dans ce cénacle. C'est un John Boehner ému aux larmes qui l'a accompagné pour saluer la foule masser devant le Capitole. Selon Politico, l'élu républicain, quittant jeudi dans la soirée le Congrès, a indiqué à un journaliste du site d'information et à un autre travaillant pour le Washington Post qu'il n'avait plus rien à accomplir à présent que le pape François était venu au Capitole. (Patricia Zengerle et Richard Cowan; Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)