L'institut a parallèlement confirmé la croissance du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2017, à 0,7%.

Au 31 mars, l'acquis de croissance pour l'ensemble de 2018, à savoir l'évolution du PIB si l'activité stagnait complètement au cours des trois derniers trimestres de l'année, s'établit à 1,2%, comme dans les deux précédentes estimations fournies par l'institut statistique.

Au cours du premier trimestre, la croissance a principalement été alimentée par la demande intérieure finale (avec une contribution confirmée de +0,2 point après +0,4 point fin 2017). L'Insee a confirmé la contribution nulle de la variation des stocks des entreprises et a revu en légère baisse celle du commerce extérieur (-0,1 point après +0,6 point au quatrième trimestre, alors qu'elle avait été annoncée nulle dans la précédente estimation).

La consommation des ménages est restée atone en début d'année, avec une progression limitée à 0,1%, contre une hausse à peine supérieure, de 0,2%, au quatrième trimestre 2017.

L'investissement global a perdu de l'élan, augmentant de 0,2% après avoir progressé de 0,9% au quatrième trimestre 2017, principalement alimenté par le coup de frein de celui des entreprises (+0,1% après +1,2%). L'investissement des ménages, essentiellement en logements neufs, a lui aussi marqué le pas (+0,2% après +0,6%) tandis que celui des administrations n'a pas changé de cadence (+0,4%).

Sur les trois premiers mois de l'année, le pouvoir d'achat des Français s'est nettement érodé (-0,6% après +0,1% fin 2017), "l'augmentation des impôts sur le revenu et le patrimoine (+9,4% après +1,2%), principalement en raison de la hausse du taux de la contribution sociale généralisée (CSG), n'(étant) que partiellement compensée, au niveau global, par la baisse des cotisations sociales à la charge des ménages (−7,4% après +0,6%)".

Il a également été pénalisé par une progression toujours dynamique des prix à la consommation des ménages, "en raison notamment de la hausse des prix de l'énergie liée aux mesures fiscales relatives à la transition énergétique", souligne l'Insee.

Les anticipations de l'Insee sur la baisse du pouvoir d'achat des ménages en début d'année avaient fait l'objet d'une passe d'armes avec le gouvernement fin 2017.

Parallèlement, le taux d'épargne des ménages s'est replié à 13,6%, contre 14,2% au quatrième trimestre 2017.

Par ailleurs, le déficit des administrations publiques a légèrement augmenté au premier trimestre, à 2,5% du PIB après 2,3% en fin d'année dernière.

L'Insee a indiqué dans une note de conjoncture publiée la semaine dernière tabler sur une croissance de 0,3% au deuxième trimestre, puis de 0,4% au troisième et quatrième trimestres, ce qui porterait la croissance annuelle à 1,7%.

De son côté, la Banque de France vient de revoir en baisse, à 1,8%, sa prévision de progression du produit intérieur brut (PIB) en 2018, même si elle estime que le ralentissement du début de l'année ne constitue qu'un "contrecoup" temporaire au rythme très élevé atteint fin 2017.

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, ainsi que son collègue de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, se sont déclarés confiants ces derniers jours sur la solidité de la croissance française.

Assurant que "le gouvernement ne révisera pas ses prévisions de croissance", ils ont cependant cité une prévision de croissance de 1,7% - l'hypothèse retenue lors de l'établissement du budget 2018 à l'automne dernier - alors que cette prévision a depuis été relevée à 2,0% dans le programme de stabilité transmis fin avril à la Commission européenne.

Avec la remontée de l'euro et des cours du pétrole, le ralentissement de la croissance dans la zone euro en début d'année, les incertitudes croissantes liées aux tensions protectionnistes et à la situation politique italienne, quelques nuages sont depuis venus assombrir les perspectives de croissance de l'économie française.

(Myriam Rivet, édité par Elizabeth Pineau)